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Formation aux métiers du sport, un système à revoir en profondeur

1 mai 2012

Genet_Maixent

 

Maixent Genet

Président, ANESTAPS – Association Nationale des Étudiants en STAPS

 

 

Constatant l’absence de propositions touchant à la formation aux métiers du sport dans le cadre de la présidentielle 2012, il nous semble opportun de partager la réflexion de notre organisation quant à cette thématique.

 

Le champ des métiers de l’encadrement sportif

Avant d’aborder la question de la formation, il convient de délimiter le secteur concerné. Bien qu’il n’existe à ce jour aucune estimation fiable de la population totale des professionnels de l’encadrement des activités physiques et sportives (APS), l’emploi dans ce secteur ne semble pas subir la crise. En France, pour l’année 2010, le fichier de la statistique annuelle des établissements affiliés à Pôle-emploi recense 115 715 emplois contre 101 423 en 2005 (Ministère des sports, Les chiffres-clés du sport – Décembre 2011). Ce nombre est à relativiser car il comprend uniquement la catégorie des activités liées au sport (code NAF 93.1), à laquelle on adjoint l’enseignement de disciplines sportives et d’activités de loisir (code NAF 85.51z), mais délaisse notamment les travailleurs indépendants et les salariés employés au sein d’autres secteurs d’activités (tourisme, fonction publique hospitalière, etc.). Le secteur des métiers du sport est donc entendu ici au sens de l’ensemble des situations professionnelles relevant de l’encadrement des APS dont l’exercice est réglementé, avec face-à-face pédagogique.

Une offre de formation illisible et incohérente

Un jeune qui souhaite devenir professionnel de l’encadrement sportif se voit offrir un large choix de formations. L’article L212-1 du Code du sport , qui implique une obligation de qualification, fait état de trois types de qualifications. Prenons tout d’abord les diplômes délivrés par l’Etat, parmi lesquels il est possible de distinguer :

Les diplômes délivrés par le ministère de l’enseignement supérieur. Proposée au sein des universités, la formation en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) s’appuie sur des travaux de recherche en sciences des APS. Les diplômes sont classés au niveau III (DEUST), niveau II (licence et licence professionnelle), niveau I (master et doctorat) ;

Les diplômes délivrés par le ministère des sports. Proposés au sein des établissements relevant du contrôle du ministère, les BPJEPS, DEJEPS et DESJEPS sont respectivement classés au niveau IV, niveau III et niveau II.

Viennent ensuite les certificats de qualification professionnelle du sport (CQP) ; ces qualification sont élaborées par les fédérations sportives et délivrées par les branches professionnelles du sport. Enfin, de façon plus sporadique, il existe également les titres à finalité professionnelle (TFP), délivrés directement par les fédérations sportives.

A ce jour, il n’existe pas de logique d’articulation entre les différents systèmes, qui ont l’ensemble. Avec des formations qui se rapprochent de plus en plus, notamment en matière de débouchés, la différenciation entre les différents systèmes est devenue très mince. Or, les tentatives de rapprochement aboutissent à une simple reconnaissance mutuelle, et dans de rares cas à la mise en place de passerelles d’un milieu à l’autre. Qui plus est, cette superposition de filières de formation provoque une concurrence entre les qualifications sur le marché de l’emploi.

Le cas des activités s’exerçant en environnement spécifique

Les qualifications suscitées (diplômes délivrés par l’Etat, CQP et TFP) permettent donc d’encadrer une APS contre rémunération, à quelques exceptions près. En effet, l’article L212-2 du Code du sport  fait état de dix activités s’exerçant « dans un environnement spécifique impliquant le respect de mesures de sécurité particulières ». Seuls les établissements placés sous la tutelle du ministère des sports peuvent mettre en œuvre les formations en permettant l’encadrement (art. R212-8) . Cette disposition complique davantage l’accès aux métiers de l’encadrement des APS, en introduisant une distinction entre les établissements selon le ministère de tutelle. L’incohérence est d’autant plus frappante dans le cas des ressortissants de l’Union européenne pour qui le nombre d’activités s’exerçant en environnement spécifique est réduit à cinq (art. R212-91).

Vers un système unique de formation

Ainsi, un jeune souhaitant s’insérer dans le champ de l’encadrement sportif se trouve rapidement perdu dans le labyrinthe d’une offre de formation pléthorique. Il devra comprendre les logiques propres à chaque système afin d’identifier les débouchés possibles, tout en surmontant les préjugés entretenus par des années de défiance réciproque. L’architecture actuelle manque de lisibilité : elle empêche quiconque de construire un projet professionnel de façon éclairée.

L’ANESTAPS souhaite donc que les systèmes actuels se rapprochent pour à terme fusionner en un système unique plaçant l’étudiant au cœur de la formation. Sous cotutelle du ministère des sports et du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, il délivrera des qualifications correspondant aux niveaux V à I dans l’ensemble des APS. Afin de garantir l’adéquation avec les besoins en matière d’emploi, la formation sera co-construite avec le milieu professionnel et irriguée par la recherche.

L’ANESTAPS appelle le prochain président de la République à favoriser la concertation entre les parties prenantes de la formation aux métiers du sport. Ainsi, les travaux du centre d’analyse des formations, des emplois et des métiers de l’animation et du sport (CAFEMAS) devront être soutenus afin de produire des données fiables et exhaustives quant à la population de professionnels du champ, leur insertion et leur parcours professionnel.





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