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Littératie physique : un concept mis en pratique en Europe

 

En 2018, près d’un Européen sur deux (46%) déclarait ne jamais faire d’activité physique ou de sport. Une tendance à la hausse depuis 2009 et en recrudescence depuis la crise sanitaire. Cette situation nous invite à questionner les modèles européens en matière d’incitation à la pratique et ouvre la réflexion sur les changements à y apporter, à l’image du concept émergent de littératie physique.

 

Eva jacomet, Chargée de mission, Think tank Sport et Citoyenneté

La baisse globale des niveaux d’activité physique en Europe interroge tant elle engendre des répercussions néfastes en matière de santé publique. De nombreux pays se sont emparés de cet enjeu et font de la promotion de l’activité physique et de la lutte contre la sédentarité des priorités en matière de politiques publiques. En Irlande comme en Lituanie, au Danemark ou en Slovaquie cette action passe par l’adoption et la mise en pratique du concept émergent de littératie physique, dont ils partagent une définition commune (voir à ce sujet l’article de Richard Way et Drew Mitchell p. 16).

 

« Petite enfance et compétences de base  »

À l’échelle européenne, l’Irlande apparaît comme un pays pionnier en matière de littératie physique et l’a formalisé comme un axe prioritaire de ses politiques sportives. Depuis plusieurs années, l’agence gouvernementale Sport Ireland a adopté le cadre LISPA (« Lifelong Involvement in Sport & Physical Activity »). Ce cadre établit l’enseignement dès le plus jeune âge d’une littératie physique par le biais de trois phases. La première, destinée aux très jeunes enfants (1-8 ans), concerne l’acquisition des compétences de base en matière de mouvement et de motricité. Elle est suivie d’une seconde phase d’acquisition de compétences spécifiques (8-12 ans), devant permettre à tous les enfants d’apprendre à jouer et à pratiquer différents sports et activités physiques. De ces deux phases découle la troisième, qui concerne les adolescents et les adultes. Elle est séparée en deux parcours : la pratique d’une activité physique et sportive à long terme centrée sur le loisir et un mode de vie actif ou bien la pratique d’une discipline sportive en compétition ou à haut niveau.
Si l’idée n’est pas forcément nouvelle, la littératie physique nous rappelle néanmoins la nécessité de mettre l’accent sur le développement des compétences dès la petite enfance. Si, dès le plus jeune âge, un enfant prend l’habitude de pratiquer une activité physique régulière, il lui sera plus facile de maintenir ce comportement tout au long de
la vie.

En Slovaquie, le Centre national des Sports et le ministère de l’Éducation, des Sciences, de la Recherche et des Sports ont initié récemment une réflexion sur cette problématique. Ici encore, l’acquisition des compétences de base en matière de mouvement et de motricité dès le plus jeune âge est posée comme condition préalable d’un mode de vie sain et actif à long terme. Une réflexion similaire est engagée en Lituanie ou au Danemark, où des actions incitant à l’activité physique et sportive des très jeunes enfants sont menées. Au Danemark, la Confédération des sports (DIF) a mis en place une certification « garderie/crèche active » pour les structures favorisant la motricité et l’activité physique des plus jeunes.

Souligné à plusieurs reprises lors des événements « Sport » de la Présidence française de l’Union européenne, le concept de littératie physique est appelé à se développer en Europe tant il apparaît précieux pour construire des actions visant à renforcer l’activité physique et prévenir les comportements sédentaires.

Informations issues du benchmark réalisé par Sport et Citoyenneté sur les priorités « Sport » des États membres de l’Union européenne (2022)


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« Sport et Objectifs de Developpement Durable »

Revue Sport et Citoyenneté 53



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