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La diplomatie francophone au service du sport

Les enjeux de la « diplomatie du sport » ayant été posés dans cette revue, il ne me revient donc pas de définir à nouveau les vertus du soft power du sport mais plutôt de témoigner de tout son sens au quotidien.

 

Sylvie LE MAUX

Experte en politique publique et diplomatie du sport,

Conseil stratégique en événementiel sportif et relations publiques

Membre du Comité Scientifique du Think tank Sport et Citoyenneté

 

Le sport est un sujet populaire et un outil agile pour développer une politique publique nationale ; j’en prendrais pour exemple une récente mission commandée à Sport et Francophonie par le nouveau Gouverneur de la Province de Kinshasa. La République Démocratique du Congo (RDC) compte l’une des plus jeunes populations francophones au monde. C’est tout naturellement qu’elle a privilégié le réseau des grandes villes francophones (l’AIMF) auquel elle appartient pour solliciter un accompagnement en matière de politique publique. Parce que la France et la RDC partagent la même langue, les discussions sans interprète furent plus rapides, les nuances mieux cernées et l’étude promptement livrée. En aurait-il été autrement si la langue de chacun n’avait pas été la même ? Permettez-nous d’en douter.

« L’impact des Jeux de la Francophonie »

Prenons un autre exemple. Les Jeux de la Francophonie réunissent depuis plusieurs décennies la jeunesse francophone autour d’épreuves sportives et culturelles. Alors que le calendrier sportif est de plus en plus dense, pourquoi l’Organisation Internationale de la Francophonie s’évertue-t-elle à y préserver sa place ? Il serait crédule de penser que sa motivation première est d’offrir aux jeunes francophones l’occasion de se rencontrer. Reconnaissons surtout que ces Jeux ont su, au fil de leurs éditions, réunir tout le gratin diplomatique de l’Afrique francophone. L’événement devient alors un parfait prétexte au service de la diplomatie car ces moments partagés entre personnalités sont autant d’occasions d’aborder, de traiter et même de résoudre des sujets souvent bien éloignés du sport.

Ce fut le cas pour la France et le Rwanda, deux pays aux relations distendues par la lenteur des procès liés au génocide de 1994. En 2018, quelques mois avant la visite tant attendue du chef de l’État français Emmanuel Macron, la ministre des sports Laura Flessel s’était déplacée à Kigali pour assister au Tour du Rwanda. A cette occasion, les deux ministères des sports engagèrent une coopération autour du cyclisme et du triathlon, formant alors le vœu de retrouver plaisir et intérêt à construire de nouvelles relations entre les deux États. Une jolie manière d’introduire une nouvelle relation diplomatique que, probablement, dans ce contexte si fragile, seul le sport pouvait assurer.

Mais tout n’est pas si simple. La réconciliation des deux Corée quelques jours avant les Jeux Olympiques d’Hiver de Pyeongchang nous a tous profondément réjouis et peut-être naïvement apaisés. Deux ans après, les deux pays se divisent toujours plus violemment sur des terrains que même le sport n’a plus la capacité d’occuper.

Certes, le sport est utilisé à des fins diplomatiques. Bien sûr, par les valeurs qu’il incarne, par l’émotion qu’il génère, il rassemble. Mais le sport s’exprime aussi au travers de la compétition, avec des vainqueurs et des perdants… tout comme la diplomatie.



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