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La mixité est l’avenir du sport

 

L’époque de Pierre de Coubertin où le rôle des femmes dans le sport se limitait à couronner les vainqueurs est révolue. Le palmarès des athlètes féminines et de nos championnes tricolores aux derniers Jeux de Tokyo suffit à en attester.

 

Elisabeth Moreno, @1ElisaMoreno

Ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l »Égalité des chances.

 

 

 

Crédit : Alexandra Lebon – Matignon

 

« UN LABEL POUR LES ORGANISATEURS DE GRANDS ÉVÉNEMENTS SPORTIFS »

Le ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes contribue à donner aux femmes la place et la visibilité qu’elles méritent dans toutes les sphères de notre société. Le sport amateur ou professionnel, omniprésent dans nos vies quotidiennes, n’y échappe pas. Il s’agit d’un formidable levier de transformation durable qui permet de répondre à des enjeux majeurs de société. Au-delà de la santé et du bien-être, il touche aussi à la cohésion sociale, à l’éducation, à l’insertion professionnelle et l’emploi. Je suis dès lors résolument engagée pour promouvoir une égalité réelle et effective entre les femmes et les hommes en ce domaine.

Dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 à Paris, je travaille, en collaboration avec la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, à l’élaboration d’un label spécifique visant à promouvoir l’égalité femmes/hommes et à lutter contre les discriminations. Les Jeux de Paris 2024, qui seront les plus inclusifs de l’histoire olympique, auront vocation à s’engager dans ce processus de labellisation. La création de ce label s’inscrit dans le cadre du plan « Héritage » de l’État annoncé en 2019 par le Premier ministre. En effet, au-delà des équipements olympiques et paralympiques notamment, les Jeux olympiques laisseront un héritage immatériel prenant la forme de bonnes pratiques pérennes. Le label permettra de fournir un outil méthodologique clé en main, utilisable par les organisateurs de grands événements sportifs internationaux se déroulant sur le territoire national.

Par ailleurs, mon ministère collabore activement avec les acteurs institutionnels et associatifs du monde sportif en faveur de la mixité. A ce jour, les femmes restent encore trop peu représentées dans les différentes filières de formation aux métiers du sport, que ce soit au niveau des diplômes d’État (BPJEPS par exemple) ou au niveau de la filière STAPS (28,7% de filles seulement).

Les femmes accèdent peu aux postes d’entraîneurs nationaux et de directeurs techniques nationaux (11%) ou encore de conseillers techniques nationaux (26%) et régionaux (16%). Ainsi, pour pallier cette lacune, mon ministère a décidé, en 2021, de financer la Fédération Nationale Profession Sport & Loisirs (FNPSL) qui œuvre à développer la mixité dans les métiers du sport, en accompagnant les filles et les femmes vers ces métiers. Il s’agit de travailler en amont sur l’attractivité de ces métiers en accordant une attention toute particulière aux structures et aux filières de formation.

Par ailleurs, en partenariat avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel, mon ministère soutient depuis plusieurs années l’édition de « Sport féminin toujours ». Il s’agit d’un rendez-vous annuel qui donne un nouvel élan à la féminisation du sport, ancre le sport féminin dans les usages et encourage la diversité des sports retransmis sur es antennes. Depuis cette opération et au gré des compétitions, la part consacrée au sport féminin à la télévision a nettement progressé, à hauteur de plus de 10% du volume horaire total des retransmissions sportives. Cette initiative, parmi d’autres, a également vocation à diminuer des disparités salariales persistantes. Ces écarts découlent notamment de la faible valorisation des matchs et compétitions féminines dans les médias. Par ricochet, le sport féminin paraît moins attractif pour les sponsors. En 2021, seules deux athlètes féminines (Naomi Osaka et Serena Williams) figuraient au classement des 100 sportifs les mieux payés au monde. Nous pouvons néanmoins observer des progrès annonciateurs d’une nouvelle donne. Dans le sillage du tennis, leader en la matière, de nombreuses fédérations de football à travers le monde ont décidé d’une politique salariale égalitaire entre les joueurs et les joueuses. Si le chemin à accomplir vers l’égalité reste encore long, ces mesures vont dans la bonne direction.

 

« UN ACCÉLÉRATEUR DE MIXITÉ »

Enfin, une proposition de loi aspirant à rénover la gouvernance des fédérations sportives en imposant la parité dans les instances dirigeantes est en cours d’examen au Parlement et a déjà été votée en première lecture à l’Assemblée nationale. En effet, à ce jour, la représentativité des femmes dans ces instances demeure marginale. Seules deux fédérations olympiques (hockey sur gazon et sports de glace) sur 36 sont dirigées par des femmes. Des progrès restent à faire même si j’observe que 40% de femmes font déjà partie du comité directeur de certaines fédérations, à savoir la gymnastique, le patinage ou encore l’équitation.

Aujourd’hui, 14,5 millions de Françaises déclarent pratiquer régulièrement une activité physique ou sportive. Mais la ligne d’arrivée d’une égalité réelle dans le domaine du sport exige des efforts continus et sans relâche. C’est à la fois une course de fond et un combat auxquels je suis très attachée. Mais il n’y a pas de fatalité sur ce terrain, pas plus qu’en sciences, en entreprise ou en politique. Le sexe ne fait pas l’athlète ainsi que la création de disciplines mixtes dans les compétitions de haut niveau le démontrent. Le relais natation mixte des Jeux olympiques de Tokyo ou l’ultimate, sport de disque par équipe, ont permis de réinventer de nouvelles règles du jeu, ce dont nous pouvons tous nous réjouir. Une meilleure reconnaissance du sport féminin bénéficiera non seulement aux femmes mais à toute notre société. Le combat mené au siècle dernier par Alice Milliat, militante pionnière pour la valorisation du sport féminin, doit être poursuivi aujourd’hui.

S’il peut être un foyer des inégalités et des discriminations, à travers ses valeurs universelles intrinsèques, le sport constitue aussi un formidable vecteur de respect et d’égalité ainsi qu’un outil puissant d’inclusion. Continuons à œuvrer pour en faire un accélérateur de la mixité.



Sport et citoyenneté