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« Le regard et la pédagogie des femmes sont des atouts pour la richesse de l’encadrement sportif »

 

De nombreuses politiques publiques visant à favoriser la pratique sportive féminine et l’insertion sociale et professionnelle des femmes par le sport ont été déployées ces dernières années. Le projet « Des Métiers Pluri’Elles » s’inscrit pleinement dans cette voie, en accompagnant plusieurs femmes dans l’accès aux métiers du sport, partout en France. Un volet sur lequel le sport doit encore progresser selon Roxana Maracineanu, ministre française chargée des sports.

Propos recueillis par Sylvain LANDA 

 

Le projet « Des Métiers Pluri’Elles » favorise l’accès des femmes aux métiers de l’encadrement sportif. Des actions d’orientation et d’accompagnement de jeunes filles vers les métiers du sport sont mises en œuvre, et des conférences régionales permettent de faciliter la mise en réseau des acteurs sur ces sujets. Quel regard portez-vous sur ce projet et sur ce sujet ? 

RM : La place des femmes dans le sport est une de mes principales préoccupations. Qu’il s’agisse de favoriser l’accès à la pratique sportive et ce, dans toutes les disciplines y compris des sports longtemps considérés comme réservés aux hommes, que dans l’accès à des fonctions d’encadrement. Le sport est clairement en retard sur ce volet et doit le rattraper. En renforçant la place des femmes dans les métiers d’encadrement comme les postes de décision, on encouragera plus de filles, de femmes à rejoindre des clubs. Je crois beaucoup à la valeur de l’exemple. Voir une femme arbitrer des rencontres internationales masculines, voir une femme présidente de fédération sportive ou DTN, voir des femmes encadrer dans les clubs, cela montre à d’autres que c’est possible.

 

Dans le cadre du projet « Des Métiers Pluri’Elles », la Fédération Française de Cyclisme forme des jeunes filles à l’encadrement de séances « Savoir-Rouler à Vélo », l’un des savoirs essentiels promus par votre ministère. Comment jugez-vous le déploiement de ce dispositif ?

RM : Je suis ravie de voir la mobilisation des fédérations sportives sur notre programme « Savoir Rouler à Vélo », qui est devenu un savoir sportif fondamental déployé à l’école au même titre que l’aisance aquatique. Je milite pour que les fédérations comme le cyclisme, ou encore le cyclotourisme, le triathlon, s’engagent dans le « Savoir Rouler ». Elles ont la légitimité, l’expertise et les formateurs. C’est évidemment très important de former des femmes encadrantes. Au-delà de la question des droits, je pense que le regard et la pédagogie des femmes sont des atouts pour la richesse de l’encadrement.

La promotion de l’égalité femmes/hommes dans le sport est multidimensionnelle. Il s’agit de promouvoir la pratique, mais aussi l’accès des femmes aux postes à responsabilité, aux métiers du sport et aux médias. Quelles actions portez-vous sur ces sujets et avez-vous des projets pour les mois à venir ?

RM : C’est tellement essentiel que nous avons inscrit le principe de la parité totale dans les instances dirigeantes des fédérations dans la proposition de loi « Démocratiser le sport en France » qui, je l’espère, sera votée avant la fin du mandat. Mais nous avons aussi positionné le sujet plus global de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le cadre des contrats de délégation nouvelle génération, qui lieront le ministère des Sports aux fédérations. Nous sommes dans une trajectoire de progrès et souhaitons que cela infuse du niveau national jusqu’aux clubs.

« VERS UNE PARITÉ TOTALE DANS LES INSTANCES DIRIGEANTES DES FÉDÉRATIONS SPORTIVES »

Les métiers liés à l’encadrement sportif souffrent de la crise sanitaire actuelle. Quels sont les dispositifs portés par le gouvernement afin de relancer/conforter l’emploi dans le sport ?

RM : Le ministère a créé en 2015 le dispositif Sésame pour accompagner des jeunes sans qualification, en décrochage, vers les métiers du sport et de l’animation. Le taux de jeunes qui décrochent un emploi dans la foulée est très élevé. C’est pourquoi, nous avons voulu donner un coup d’accélérateur à Sésame en doublant le nombre de jeunes accompagnés grâce à France Relance. D’ici 2022, 6000 jeunes auront été formés et nous veillons évidemment à la mixité des profils lorsque nous les repérons. En plus de Sésame, France Relance nous donne les moyens de financer jusqu’à 7500 emplois aidés dans les associations sportives, dont de nombreuses femmes.

A titre personnel, vous êtes une ancienne sportive, championne du monde et vice-championne olympique de natation et aujourd’hui ministre. Votre parcours est inspirant pour de jeunes filles. Croyez-vous à l’importance des modèles dans le sport ?

RM : Il est clairement essentiel. Et on ne mesure pas toujours à quel point. Enfant, j’admirais la gymnaste roumaine Nadia Comaneci et plus tard, la nageuse Krisztina Egerszegi. Mais on n’a pas besoin d’être une championne du monde pour être inspirante. Je croise tous les jours des femmes bénévoles, éducatrices qui, par leur parcours, tracent un chemin pour d’autres femmes.

La France présidera le Conseil de l’UE au premier semestre 2022. Quels sont les sujets que vous souhaitez mettre en avant durant ces 6 mois de présidence ?
RM : Mes priorités s’inscrivent dans le cadre du Plan de Travail pour le sport de l’Union européenne 2021-24. Elles concernent principalement la transformation des pratiques sportives et leur organisation pour répondre à l’exigence de la lutte contre le réchauffement climatique. Nous voulons aborder un thème qui me tient à cœur l’éveil au développement durable tout au long de la vie, et prioritairement dès la plus jeune enfance. La France poursuivra les travaux actuellement conduits par la présidence slovène1 pour renforcer la protection des principes fondateurs du sport en Europe et la défense du « modèle sportif européen » : la solidarité entre le sport professionnel et le sport amateur, la protection de l’intégrité des athlètes, des compétitions construites sur le mérite sportif ou encore la protection de la formation des sportifs et des équipes nationales.

« TRAVAILLER SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE AU COURS DE LA PRÉSIDENCE FRANÇAISE DE L’UE »



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