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« Le sport peut être un moteur important de changement positif »

L’Union européenne (UE) ambitionne d’être le premier continent neutre pour le climat. Pour relever ce défi, l’UE a défini son Pacte Vert pour l’Europe (« Green Deal »), une série de propositions visant à adapter les politiques de l’UE en matière de climat, d’énergie, de transport et de fiscalité en vue de mettre fin aux émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Virginijus Sinkevičius, Commissaire européen chargé de l’environnement, des océans et de la pêche, nous détaille ces enjeux et la manière dont le sport peut participer à atteindre les objectifs fixés.

Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est le Pacte Vert pour l’Europe ?

VS : Il s’agit de la réponse globale et systémique apportée par l’UE aux crises planétaires que nous connaissons, alimentées par notre utilisation non durable des ressources naturelles. Le changement climatique, la pollution et la réduction de la biodiversité s’aggravent de jour en jour, et leurs effets affectent déjà des centaines de millions de personnes. Il n’y a donc pas de temps à perdre pour agir.

Avec le Pacte Vert, nous voulons rendre nos économies et nos sociétés plus durables, plus résilientes et plus résistantes à l’avenir. Nous visons la neutralité carbone à horizon 2050, sans perte de nature, avec une pollution à des niveaux qui ne mettent plus en péril les Hommes et les écosystèmes naturels et une circularité dans l’utilisation des ressources comme nouvelle norme industrielle.

 

Le sport a un impact sur l’environnement. Il subit également les effets du changement climatique. Pensez-vous qu’il puisse contribuer à atteindre les objectifs du Pacte Vert ?

VS : L’un des objectifs centraux du Pacte Vert est de réduire les émissions de CO2 de 55% d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 1990. Cet objectif ne peut être atteint que si tous les acteurs économiques et sociétaux y contribuent.

Le secteur du sport ne fait pas exception. Comme d’autres activités humaines, les activités liées au sport ont un impact considérable sur l’environnement, le climat et la biodiversité. Les moyens de transport que nous utilisons en tant que supporters ou athlètes, la production et la consommation d’équipements sportifs ou de biens et services dérivés, les installations sportives, le nombre croissant d’événements sportifs – ce ne sont là que quelques domaines dans lesquels le secteur peut s’inscrire dans une évolution plus large vers un avenir plus durable.

Dans le même temps, le sport joue un rôle très important dans la vie de nombreux citoyens et apporte d’énormes avantages : pour la santé, le bien-être physique et mental, pour la cohésion sociale et pour l’économie. C’est peut-être l’activité humaine qui présente le plus fort potentiel de mise en valeur des comportements exemplaires, permettant l’implication de tous, notamment des jeunes, en tant qu’acteurs du changement.

Des actions sont-elles déjà mises en œuvre ?

VS : Diverses actions sont menées. La Commission européenne coordonne les travaux du groupe d’experts « Sport vert » et les États membres collaborent avec le secteur du sport pour formuler des recommandations en faveur d’un sport plus vert. Leurs travaux portent sur les infrastructures et les événements sportifs durables ainsi que sur les solutions innovantes, le renforcement des capacités, l’éducation et la contribution du sport au Pacte européen pour le climat.

Une autre initiative s’intitule « HealthyLifeStyle4All », qui promeut un mode de vie sain et actif à travers les générations. La Commission a participé au développement d’une application mobile permettant de connaître l’indice européen de qualité de l’air en temps réel. L’application fournit des données actualisées, fiables et comparables dans toute l’UE, ainsi que des recommandations directes en matière de santé, qui aident les utilisateurs à planifier leurs activités de plein air. La Commission a aussi lancé un appel à projets intitulé “Sport for People and Planet – a new approach on sustainability through sport
in Europe”.

Vous pilotez la rédaction d’une nouvelle stratégie en matière de biodiversité et d’un plan d’action en faveur de l’économie circulaire. Le secteur du sport sera-t-il inclus dans ces réflexions ?

VS : La stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030 et le plan d’action pour l’économie circulaire ne mentionnent pas spécifiquement le secteur du sport. Cependant, ce dernier englobe tous les secteurs économiques, dans le but de faire évoluer l’économie européenne vers un modèle de croissance régénérateur. Nous voulons intégrer les principes de l’économie circulaire dans les processus et modèles de production et de consommation actuels, qui incluent le secteur des produits et services sportifs. Une stratégie européenne pour des textiles durables et circulaires a été lancée en mars 2022, qui concerne aussi les équipements sportifs.

Dans le cadre de la stratégie pour la biodiversité, la récente loi européenne sur la restauration de la nature aura un impact positif sur le secteur du sport, en particulier ceux de plein air. Nous voulons ramener la nature et rétablir la santé de tous les écosystèmes européens dégradés. Un objectif particulier concerne les écosystèmes urbains, ce qui est positif pour la nature mais aussi pour les personnes qui y pratiquent des activités sportives.

En matière d’économie circulaire, des solutions émergent pour favoriser la réutilisation des équipements sportifs. Quel est votre avis sur ces initiatives ?

VS : Nous saluons et encourageons tous ces efforts car ils sont parfaitement conformes aux principes de l’économie circulaire. Les initiatives visant à trier, recycler et réutiliser les équipements sportifs – et qui tendent donc vers le zéro déchet – qui existent en France et dans d’autres pays de l’UE, sont un parfait exemple de l’appropriation des principes de l’économie circulaire par les citoyens.

Notre plan d’action reflète la nécessité de passer à un nouveau modèle de production et de consommation, qui créent à leur tour des opportunités pour de nouveaux modèles commerciaux fondés sur les idées de location et de réparation. En outre, la législation européenne sur les déchets oblige déjà les États membres à stimuler la réutilisation des produits et la mise en place de systèmes favorisant les activités de réparation et de réutilisation, en particulier pour les textiles. Cela signifie que les producteurs et les consommateurs doivent tous deux adopter les principes de réutilisation, de recyclage, d’entretien et de réparation.

Le 4 avril 2022, le Conseil Sport de l’UE a adopté des conclusions sur « Le sport et l’activité physique, leviers prometteurs pour modifier les comportements en faveur du développement durable ». Quelle peut être la portée de ces conclusions à l’avenir ?

VS : En tant que leaders mondiaux en matière de durabilité, l’UE et ses États membres peuvent vraiment montrer l’exemple en réduisant l’impact environnemental du sport. Nous allons poursuivre notre travail d’intégration de la dimension sportive dans le Pacte Vert. Nous nous réjouissons également de poursuivre notre coopération avec la présidence tchèque du Conseil de l’UE, qui se concentrera sur les infrastructures sportives durables et accessibles.

Chaque domaine de l’activité humaine doit repenser et réduire son impact sur l’environnement, et le sport peut être un moteur important de changement positif. J’apprécie que le Conseil mette également en évidence l’énorme potentiel d’engagement et d’éducation qu’offre le sport – via notamment les athlètes, considérés par beaucoup comme des modèles. En montrant le bon exemple et en préconisant des choix durables, ils peuvent contribuer à ce changement de comportements indispensable.

Propos recueillis par Laurent Thieule


Retrouvez l’ensemble des articles dans notre revue spéciale n°53
« Sport et Objectifs de Developpement Durable »

Revue Sport et Citoyenneté 53



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