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Les acteurs non-étatiques changent les règles du jeu

La diplomatie est souvent limitée à l’action des pouvoirs publics en matière de politique étrangère, alors que de nombreux acteurs non étatiques y participent activement. C’est d’autant plus vrai en matière de diplomatie sportive, un domaine où les associations et ONG jouent un rôle majeur et reconnu.

 

 

Silvija MITEVSKA

 

Présidente de l’ONG Together
Advancing Common Trust (TAKT),
Skopje (Macédoine du Nord)

 

 

Pour nombre de pays, la diplomatie sportive est un moyen de poursuivre des objectifs de politique étrangère. Le sport leur permet d’améliorer et d’affiner leur image, leur marque, et leur influence sur la scène internationale.

Cependant, il est aujourd’hui essentiel de penser la diplomatie sportive au-delà du contexte étatique. Dans un paysage sportif d’une grande diversité, les acteurs non-étatiques ont commencé à jouer un rôle toujours plus important dans les relations internationales. Ils ont accumulé de l’expérience et une expertise significative dans l’exercice de fonctions diplomatiques. C’est un type de diplomatie sportive moins familier, mais qui a tendance à être plus inclusif, en mobilisant un éventail plus large d’acteurs pas nécessairement liés formellement à l’État.

Ces acteurs non-étatiques se focalisent sur la sécurité des individus, leur protection et leur responsabilisation. Ils ont compris que le sport peut être un outil diplomatique particulièrement puissant pour des nations et des peuples marginalisés. Pendant de nombreuses années, ils ont conduit des projets portant sur une large variété de thématiques, telles que l’inclusion des jeunes des milieux défavorisés, le combat contre les inégalités de genre, le soutien aux réfugiés ou aux personnes en situation de handicap. Généralement, ces projets ont augmenté la cohésion sociale et encouragé la réconciliation, tant sur le niveau inter-étatique qu’au sein même d’États-nations en difficulté. Ils sont devenus des bonnes pratiques en matière de relations internationales.

« UNE INFLUENCE QUI DEVRAIT ÊTRE MIEUX RECONNUE »

De nos jours, le monde sportif est animé par des douzaines d’organisations sportives, certaines de très grande taille, d’autres moins visibles mais qui n’ont pas moins d’impact pour autant. Ces acteurs ont prouvé qu’ils savaient engager, inspirer et mobiliser les individus, les clubs, les organisations, et des communautés plus larges. Ils savent porter, de manière crédible, le message positif du sport, le fair-play et l’inclusion de tous, et promouvoir son potentiel et son impact sur la scène internationale. Les acteurs non-étatiques ont développé un réseau fort de milliers de membres et de contributeurs susceptibles de faire fructifier les liens interpersonnels.

Après tout, l’histoire nous a montré que les sportifs peuvent être des messagers efficaces et aider à résoudre des différends entre États, communautés, ou groupes sociaux. Ils ont su utiliser leur position et leur prestige comme un tremplin pour réaliser des résultats diplomatiques, et ils ont sans aucun doute contribué à changer le monde en le rendant meilleur. Plus que jamais, les sportifs et les acteurs non-étatiques mettent à profit les ressources du sport dans une fonction diplomatique. L’influence émergente des acteurs non-étatiques à tous les niveaux, du CIO à des ONG plus modestes qui touchent des communautés locales, devrait être reconnue. Leur capacité à changer les règles du jeu devrait être mobilisée. Pour l’Union européenne, la reconnaissance des effets bénéfiques de la diplomatie sportive pratiquée par les acteurs non-étatiques, et l’ouverture de nouveaux canaux de collaboration seront les clés des progrès futurs dans ce domaine.



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