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« Les effets du sport sur la société sont difficiles à mesurer »

Existe-t-il des preuves en appui des discours sur l’impact sociétal positif du sport d’élite ? Pour répondre à cette question, Jens De Rycke, doctorant à la Vrije Universiteit Brussel (VUB), a développé un cadre conceptuel appelé MESSI pour dresser un état des lieux de la recherche sur le sujet.

 

Jens DE RYCKE

 

Doctorant à la Vrije Universiteit Brussel (VUB)

 

Vous avez récemment travaillé sur un cadre conceptuel visant à cartographier l’impact sociétal du sport d’élite. Pouvez-vous nous en parler ?

JDR : La première étape a été d’examiner les impacts potentiels que le sport pouvait avoir, en concentrant les recherches sur le sport d’élite. J’ai examiné tous les résultats potentiellement positifs et négatifs du sport d’élite, et s’il y avait des preuves académiques pour appuyer cela. J’ai trouvé 362 articles traitant de l’impact sociétal du sport d’élite. Je les ai ensuite classés par catégorie parce qu’ils portaient sur un éventail très large de sujets. Finalement, j’ai isolé 79 thèmes que j’ai classés en 10 catégories. C’est ainsi que j’ai développé le modèle de cartographie de l’impact sociétal potentiel du sport d’élite (MESSI). C’était le premier aperçu de l’état de la recherche sur ce sujet. J’ai ensuite utilisé ce modèle pour élaborer une échelle de mesure.

Existe-t-il aujourd’hui une méthode efficace pour mesurer les bénéfices sociétaux du sport d’élite ?

JDR : Le problème est que les effets sociétaux du sport sont difficiles à mesurer car beaucoup d’entre eux sont intangibles. Ce que nous faisons avec l’échelle de mesure, c’est demander l’opinion des gens, mais elle ne reflète pas nécessairement la réalité. C’est un problème que nous rencontrons dans notre domaine : il n’est souvent pas possible d’utiliser les modèles de recherche les plus robustes (comme par exemple les études de cas). Les méthodes mixtes sont l’un des meilleurs moyens d’obtenir des résultats solides, en associant la recherche qualitative et quantitative. Cependant, parmi tous les articles examinés, seuls 11% utilisent cette approche. Cela montre qu’il y a encore un long chemin à parcourir.

« Le sport d’élite en lui-même n’est ni bon, ni mauvais : il est neutre »

Est-il difficile d’affirmer que le sport d’élite a un impact positif sur la société ?

JDR : L’impact est un processus. Il exige donc une relation de cause à effets. Le problème est que de nombreuses études utilisent des modèles de recherche qui ne sont pas appropriés pour détecter les relations de cause à effet et donc pour revendiquer un impact. Un autre point important est que le sport d’élite en lui-même n’est ni bon, ni mauvais : il est neutre. Cela signifie que pour en tirer bénéfices, nous devons le gérer, le structurer et l’activer d’une certaine manière, afin qu’il devienne positif. Nous devons utiliser le sport comme un levier pour obtenir des résultats positifs, mais nous devons garder en tête que cela ne se fait pas automatiquement. Nous venons de lancer un projet Erasmus+ soutenu par la Commission européenne, intitulé « Athletes 4 Society ». Nous voulons donner aux organisations sportives les moyens de revendiquer cette valeur du sport. Pour cela, nous aiderons les organisations à élaborer des politiques, des campagnes et des programmes qui mettent leurs athlètes d’élite au service de la société en tant que modèles. J’espère que ce projet apportera une contribution positive au sujet !



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