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Promouvoir les droits de l’homme et construire un environnement sportif plus inclusif et plus sûr

 

Lors de la 16e Conférence des ministres responsables du sport du Conseil de l’Europe (organisée entre novembre 2020 et février 2021), l’APES a adopté deux résolutions : la première concernant la révision de la Charte européenne du sport, dont l’adoption par le Comité des ministres est envisagée d’ici fin 2021, et la seconde portant sur les « droits de l’homme dans le sport ».

Par Francine HETHERINGTON-RAVENEY,  Secrétaire exclusive adjointe, Accord Partiel Elargie sur le Sport (APES), Conseil de l’Europe

 

Ces deux résolutions ont souligné le rôle que le Conseil de l’Europe et l’APES ont à jouer dans la protection des droits de l’homme dans le sport, notamment par « la promotion et le suivi des avancées en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, en favorisant l’intégration de la dimension de genre dans le sport et en assurant le suivi des données recueillies dans le cadre du projet «ALL IN», qui montrent la nécessité de progresser dans un certain nombre de domaines-clés.»

L’égalité entre les sexes était l’un des sujets analysés plus tôt dans l’année lors du forum de l’APES sur le sport et les droits de l’homme (1er juin 2021). À la suite de ce forum, et de l’engagement renouvelé exprimé par la Conférence des ministres, il a été convenu que l’APES devait utiliser et améliorer les indicateurs sur l’égalité des sexes développés dans le cadre du projet conjoint « ALL IN ». Ces indicateurs concernent le leadership, le coaching, la participation sportive (pratique de masse et sport d’élite), les violences sexistes, les politiques de communication, la couverture médiatique ainsi que les programmes relatifs à l’égalité des sexes.

18 pays ont participé à cette collecte de données, exploitées au sein d’une étude. Le projet « ALL IN » a également élaboré des lignes directrices sur les meilleures pratiques identifiées ainsi que des vidéos d’initiatives inspirantes visant à promouvoir l’égalité des sexes dans toute l’Europe. Une deuxième initiative « ALL IN » est envisagée à partir du second semestre 2022. L’objectif serait d’engager un plus grand nombre d’États membres de l’APES dans la collecte de données, et de développer davantage certains aspects du projet, en particulier l’angle médiatique et les indicateurs associés. Le déficit de femmes journalistes et le traitement des sujets – qui ont tendance à être stéréotypés – méritent une enquête plus approfondie afin de garantir que l’image et la représentation des filles et des femmes ne soient pas dépréciées. À l’instar de la campagne de l’Institut Geena Davis « If she can see it, she can be it », il s’agit d’encourager la réalisation de reportages équitables et inclusifs sur les athlètes féminines et les personnalités sportives, permettant ainsi aux jeunes filles du monde entier d’aspirer un jour à suivre leurs traces.

Une manière de s’assurer que les femmes peuvent accéder aux différents métiers sportifs, en particulier aux postes de direction, est de promouvoir une plus grande égalité et une plus grande inclusion. Pour cela, l’outil de formation aux préjugés inconscients est à relever. Ce type d’ateliers permet aux personnes de différentes communautés sportives d’être confrontées à leurs propres préjugés, dont elles ne se rendent souvent pas compte. L’APES a chargé un universitaire et chercheur, Dr Jane Dennehy, de développer un module de formation aux préjugés inconscients pour les professionnels du sport. L’APES se réjouit de voir ce module déployé au cours de l›année 2022 dans différents forums.

«SE FORMER AUX PRÉJUGÉS INCONSCIENTS, UN OUTIL DE CHANGEMENT»

Inclusion et sport – Conférence sur la diversité APES 2021

La promotion de la diversité est une priorité permanente de l’APES depuis sa création en 2007. Ce principe est une valeur importante et une colonne vertébrale pour tous les travaux du Conseil de l’Europe. Les droits et libertés de tous les citoyens des États membres du Conseil de l’Europe, ainsi que l’interdiction de la discrimination, sont ancrés dans la Convention européenne des droits de l’homme, sur laquelle repose le cadre normatif du Conseil de l’Europe dans le domaine du sport. Par le biais de projets et d’événements, l’APES a déjà abordé de multiples questions d’actualité liées au genre (comme mentionné ci-dessus), à la race, à l’ethnicité, aux capacités physiques et intellectuelles, à l’orientation sexuelle, à la migration, aux prisons et bien d’autres encore.

« DES RECOMMANDATIONS EN FAVEUR DES ATHLÈTES INTERSEXES ET TRANSGENRES »

Lors de la conférence biannuelle de l’APES sur la diversité (20 sept.), l’accent a été mis sur la promotion et la protection des droits humains des athlètes intersexes et transgenres. Cet événement hybride a réuni la ministre française chargée des sports, Roxana Maracineanu, des représentants de haut niveau du Conseil de l’Europe, des experts en droits de l’homme, des universitaires, des scientifiques, des représentants de fédérations sportives (dont le CIO) et des organisations comme Human Rights Watch ou World Players Association, pour n’en citer que quelques-unes. L’APES a également mis l’accent sur les droits des athlètes eux-mêmes, et fut honoré d’accueillir l’athlète ougandaise Annet Negesa, qui a partagé son histoire difficile avec la journaliste Olga Sviridenko et la chercheuse Payoshni Mitra ; Natalie Washington, une femme transgenre et une militante pour les droits des personnes transgenres, ainsi que Chris Mosier, un athlète pionnier, entraîneur et fondateur de TransAthlete.com.

Deux représentants d’organismes appartenant au comité consultatif de l’APES (la Fédération sportive européenne gaie et lesbienne – EGLSF et l’Association européenne du sport universitaire – EUSA) – ont participé à la conférence et contribué à son élaboration. Les médias ont été invités à assister à une conférence de presse sur le sujet, afin de s’assurer que les conclusions et les recommandations de la conférence puissent être largement diffusées.

Au cours de cette conférence, Chris Mosier a notamment souligné que le sport pouvait être un « lieu hostile pour les personnes non binaires et transgenres » et que « la surveillance du corps des femmes était, dans le sport, plus importante pour les femmes du Sud que pour les femmes blanches ». Le Dr Carole Oglesby, représentant WomenSport International, a déclaré qu’ « il ne devrait pas y avoir d’exclusion [des femmes et des filles dans le sport] compte tenu de nos connaissances actuelles ». Le Dr Richard Budgett OBE a fait référence aux directives à venir du CIO, qui sont basées sur un vaste état des lieux impliquant des consultations avec un large éventail de parties prenantes. Il a indiqué qu’elles seraient inclusives et tiendraient compte de l’angle des droits de l’homme, mais qu’elles fourniraient de larges coups de pinceau plutôt que des conseils détaillés. Kyle Knight, de Human Rights Watch, a également mentionné la dernière étude de HRW dans ce domaine, qui fait référence aux « choix impossibles » auxquels certains athlètes sont confrontés lorsqu’ils tentent de concourir dans des sports d’élite et a fourni quelques idées pour les athlètes confrontés à des difficultés d’inclusion.

Cette conférence sur la diversité a donné lieu à des recommandations présentées par Stanislas Frossard, Secrétaire exécutif de l’APES. Ces recommandations, ainsi que l’enregistrement complet de la conférence, les portraits d’un certain nombre d’athlètes, notamment intersexes et transgenres, et les présentations des orateurs, sont disponibles sur le site du Conseil de l’Europe. L’APES continuera à travailler et à rendre compte de son action en faveur de l’inclusion et de la diversité dans le sport et je me réjouis de vous fournir de plus amples informations dans les prochaines éditions de cette revue.

 

 



Sport et citoyenneté