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Tout est question de stratégie !

L’Australie et sa « Sports Diplomacy 2030 »

Adoptée en février 2019 à l’issue d’une large consultation, Sports Diplomacy 2030 constitue le cadre d’action global de l’Australie en matière de diplomatie sportive. Une approche novatrice, qui contribue à renforcer la place du sport dans la société australienne.

 

 

Stuart MURRAY

 

Professeur associé à l’Université Bond

(Australie)

Chercheur à l’Académie du Sport de l’Université d’Édimbourg (Royaume-Uni)

 

 

La clé pour comprendre le très remarqué « Sports Diplomacy 2030 », document officiel publié par le gouvernement australien, réside dans le concept de stratégie. Pour faire simple, une stratégie est un plan d’action conçu pour atteindre un objectif de long-terme. Avant, l’interaction entre « sport » et « diplomatie » était rare, ad hoc, désorganisée et sans cap. Résultat : tout le potentiel de la formidable série d’atouts, de réussites et de talents sportifs de l’Australie était largement sous-exploité.

La manière dont la stratégie a vu le jour mérite aussi d’être mentionnée. Cela a été un effort collectif, une approche non seulement interministérielle, mais véritablement sociétale, impliquant des chercheurs, des diplomates et nombre de représentants du monde sportif. Le ministère des affaires étrangères et du commerce (DFAT) a financé une recherche novatrice sur le sujet, suivie par des consultations, des ateliers et des tables rondes dans chaque capitale de région. Il a remplacé le vieux cliché de la « résistance au changement » pour devenir un parangon de l’innovation ! La stratégie reflète la même approche : le partage des ressources, du savoir et des compétences afin de (mieux) aligner les intérêts mutuels, les besoins et les peurs avec des objectifs communs.

Qui plus est, « Sports Diplomacy 2030 » a pavé aussi le chemin à un autre aspect vital de la démocratie du XXIe siècle : le partenariat entre les diplomates et les « externes ». Il ne s’agit plus d’appels d’offres ponctuels, mais d’engagements durables. Pour l’instant, cinq fédérations sportives nationales en bénéficient déjà. Cela suggère que les diplomates australiens commencent à accepter que le sport contribue à plusieurs objectifs fixés dans leur Livre Blanc sur la Politique Étrangère. C’est une confirmation que le gouvernement et le sport peuvent apprendre l’un de l’autre dans un partenariat mutuellement bénéfique.

« UN OUTIL STRATÉGIQUE EN MATIÈRE DE POLITIQUE ÉTRANGÈRE »

Certains critiquent le document comme une énième politique gouvernementale qui manque de substance procédurale. Mais c’est justement l’idée ! « Sports Diplomacy 2030 » indique un cap là où il n’y en avait aucun. Le document dresse une liste d’objectifs communs que le sport, la société et la diplomatie australiens peuvent viser ensemble. Et il montre que le gouvernement est sérieux dans sa reconnaissance du sport comme outil stratégique en politique étrangère. La substance, les procédures et la logistique viendront, en temps voulu. Rien ne serait cependant possible sans un accord sur la direction commune.

Le rôle joué par le ministère dans la mission confiée à la diplomatie sportive est inestimable. Le nouvel agenda s’est d’abord basé sur une production scientifique et académique, que la DFAT a financé, promu et traduit dans la pratique. Alors que certains continuent de crier gare – « les diplomates ne sont pas censés faire du sport ! » – le DFAT fait son travail. Rappelons qu’un ministère des affaires étrangères représente la collectivité politique. Pour un pays comme l’Australie, cela inclut forcément son amour pour le sport, tout comme l’importance du sport pour son image de marque, son identité, et désormais aussi, sa diplomatie.

 



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