Cet article est protégé par un mot de passe. Pour le lire, veuillez vous connecter.




Une diplomatie sportive européenne au service des droits de l’homme

L’attachement de l’UE à la protection des droits de l’homme est inscrit dans ses traités. En matière de diplomatie sportive, cette approche trouve son prolongement dans les relations qu’entretient l’UE avec les organisations sportives internationales, ainsi qu’à l’occasion des grands événements sportifs internationaux.

 

 

Antoine DUVAL

 

Chercheur à l’Institut Asser

La Haye (Pays-Bas)

 

 

Le sport est un outil diplomatique puissant que l’Union européenne (UE) pourrait utilement mettre au service de ses intérêts et de ses valeurs. Ce point de vue est largement partagé par les contributeurs à ce numéro spécial de la revue Sport et Citoyenneté. Dès lors, mon article se concentre sur la nécessité d’aller au-delà d’une approche froide et machiavélique de la diplomatie sportive axée uniquement sur les intérêts, qu’ils soient économiques ou autres, pour s’attacher plutôt à illustrer l’aptitude de l’UE à défendre ses valeurs fondamentales. Plus précisément, l’attachement de l’UE à la protection des droits de l’homme au-delà de ses frontières est ancré dans les articles 3(5) et 21 (1) du traité de l’UE. Ainsi, de quelle manière devrait-on intégrer cet engagement fondamental dans le cadre d’une diplomatie sportive de l’UE ? Il y a, à mon sens, deux façons de mettre les droits de l’homme au cœur de la diplomatie sportive de l’UE. D’une part, le respect de ces droits doit guider les actions des institutions européennes dans le cadre de leurs échanges politiques ou juridiques avec les organisations sportives internationales (OSI). La FIFA, le CIO ou encore World Athletics ne sont pas particulièrement réputés pour la qualité de leur gouvernance, et l’UE pourrait certainement jouer le rôle de champion des droits de l’homme à leur égard, notamment en les encourageant activement à respecter pleinement les droits de l’homme reconnus internationalement.

D’autre part, et il s’agit là d’une voie déjà régulièrement empruntée par le Parlement européen, l’UE pourrait s’engager beaucoup plus volontairement pour la protection des droits de l’homme dans le cadre des grands événements sportifs internationaux.

« UN RÔLE ESSENTIEL DE CONTRE-POUVOIR »

En effet, les citoyens de l’UE, à travers la participation des équipes nationales des États membres, représentent une part importante des athlètes qui participent à – et rendent donc possibles – ces compétitions internationales. Par conséquent, une diplomatie sportive coordonnée au niveau européen, offrant un front commun de demandes crédibles et cohérentes en ce qui concerne le respect des droits de l’homme dans l’État d’accueil de la compétition en question, aurait par la force des choses une influence non négligeable. L’amélioration notable des droits sociaux des travailleurs migrants au Qatar, sous la pression intense des institutions de l’UE, est là pour nous le rappeler.

Dans le passé déjà, l’UE joua un rôle essentiel de contrepouvoir face aux OSI. Ainsi l’arrêt Bosman de la Cour de Justice de l’UE demeure une décision symbolique à cet égard, bien que régulièrement déformée et injustement vilipendée, car elle avait pour objet de limiter le droit de l’UEFA d’empiéter sur les libertés fondamentales des joueurs de football. Donc si l’UE prend au sérieux ses engagements en faveur des droits de l’homme inscrits dans ses traités fondateurs, sa diplomatie sportive devra s’inspirer de l’esprit de l’arrêt Bosman pour encourager fièrement au respect de ces droits au sein des OSI et durant les événements sportifs internationaux.



Sport et citoyenneté