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Les 3 points à retenir de la conférence-débat

« Quel(s) héritage(s) pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024 ? »

Mardi 21 mars 2023

Auditorium FDJ – Paris

Sélection de photos de la conférence "Quels héritages pour les Jeux Paralympiques 2024 ?"

 

Mardi 21 mars, Sport et Citoyenneté et les étudiants du Mastère Spécialisé « Management Responsable des Organisations de Sport » (MOS) d’Audencia ont proposé une conférence-débat sur un thème d’actualité : l’héritage souhaité des Jeux Paralympiques de Paris 2024.

A 525 jours de l’ouverture des Jeux Paralympiques (28 août-8 septembre 2024), cette soirée venait conclure le projet pédagogique 2022/2023 encadré par Sylvain Landa, Directeur éditorial de Sport et Citoyenneté et associant l’ensemble de la promotion du MOS d’Audencia, dirigé par Olivier Laplanche. L’occasion de partager les conclusions du travail réalisé par les étudiants mais aussi d’élargir la réflexion grâce à l’apport de nombreux experts.

Le 13 septembre 2017, la ville de Paris obtient officiellement l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été 2024. Si la ville accueille à nouveau les Jeux Olympiques d’été cent ans après l’édition de Paris 1924, ce sera la première fois qu’elle sera le théâtre des Jeux Paralympiques d’été.

Cet évènement, considéré comme le plus grand événement parasportif au monde, permettra de rassembler et de mettre en lumière des sportifs et des enjeux souvent en retrait des préoccupations nationales, aussi bien d’un point de vue politique, économique, sociétal ou encore médiatique.

Aujourd’hui en France le handicap, quelle que soit sa forme, est la réalité de 12 millions de personnes, soit 18% de la population. Au-delà des bienfaits physiques, le sport est un excellent vecteur d’intégration et de participation sociale. Si les Jeux Paralympiques mettront en lumière des performances sportives de très haut niveau, leur héritage doit permettre de dynamiser la pratique du parasport au bénéfice de toutes et tous.

Pour autant, nombre d’enjeux demeurent en suspens, comme ont pu le rappeler en introduction Eugénie Hézard et David Nasset, étudiants du MOS d’Audencia. Les Jeux favoriseront-ils le développement d’une offre de pratique variée et présente en proximité des lieux de vie des personnes en situation de handicap ? Contribueront-ils au progrès nécessaire en matière d’accessibilité, de médiatisation ou de développement économique du parasport ? L’expérience tirée de la préparation et de l’organisation d’un tel événement rejaillira-t-elle sur la gouvernance du parasport et le statut des sportifs de haut niveau paralympiques ? Peut-on espérer que les innovations et les savoir-faire acquis pour les Jeux fassent de la France une nation qui rayonne encore davantage sur la scène internationale ?

Pour répondre à ces questions, plusieurs invités de marque étaient réunis autour de Laëtitia Bernard, Journaliste à Radio France et administratrice du Think Tank Sport et Citoyenneté. En introduction des débats, Amel Bouzoura, Directrice sponsoring et partenariats sportifs chez FDJ, a rappelé l’engagement historique du groupe FDJ dans le développement du sport pour toutes et tous. Partenaire officiel des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, FDJ s’investit également aux côtés des sportifs de haut niveau par le biais de la FDJ Sport Factory : un accompagnement ambitieux et inscrit dans la durée, offert aux athlètes pour leur permettre de préparer plus sereinement leurs grandes échéances sportives mais aussi leur reconversion. Un positionnement qui fait écho à la politique menée par l’entreprise pour accompagner ses salariés en situation de handicap ainsi qu’aux projets soutenus par la Fondation FDJ, qui œuvre pour l’égalité des chances.

A l’issue de ce premier partage d’expérience, une table ronde était proposée, réunissant Elie Patrigeon, Directeur général du Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF), Ludivine Munos, « Responsable Intégration paralympique » chez Paris 2024, triple championne paralympique de natation et marraine de la promotion du MOS, Cyril Moré, Quintuple champion paralympique (escrime), champion du monde (escrime, ski), consultant, commentateur et ambassadeur du CPSF, Philippe Chervin, Secrétaire général de la FIRAH (Fondation internationale de la recherche appliquée sur le handicap), Anna-Nowak Rivière, Responsable mécénat, Fondation FDJ et Nicolas Forstmann, Coordinateur du projet Paraperf, IRMES-INSEP.

 

En clôture de cette soirée, Thomas Cailleau, Directeur de Cabinet adjoint au ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques a présenté la feuille de route du ministère en matière d’héritage souhaité des Jeux Paralympiques. Julian Jappert, Directeur général de Sport et Citoyenneté, concluait les échanges en rappelant les positions du Think tank en matière d’inclusion et d’accès au sport pour toutes et tous.

 

Les 3 points-clés du débat :

1. Un droit au sport à fortifier

L’accès aux activités physiques et sportives est un droit reconnu par de nombreux textes nationaux (Code du Sport, Stratégie nationale Sport et Handicaps, etc.) et internationaux (article 30 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées notamment). Ce droit implique que chacun puisse pratiquer la discipline sportive de son choix, dans le format de son choix (pratique inclusive, pratique entre pairs, pratique en milieu associatif, pratique autonome, pratique dans une structure commerciale…), à la fréquence de son choix.

Dans les faits, les niveaux de pratique des personnes en situation de handicap restent marginaux en France. Plusieurs études ont mis en avant les freins à la pratique et les motivations des pratiquants, à l’image de l’étude réalisée en 2015 pour la Fondation FDJ. Ces études mériteraient d’être conduites de manière régulière afin de disposer d’éléments probants permettant d’aider à la prise de décision.

Au-delà, les Jeux Paralympiques doivent permettre de créer une dynamique de long-terme, avec l’objectif principal de rendre la pratique sportive des personnes en situation de handicap beaucoup moins marginale. Pour cela, le développement et la diversification de l’offre de pratique est nécessaire. Celle-ci a fortement évolué ces dernières années, sous l’impulsion des acteurs historiques (Fédération Française Handisport et Fédération Française de Sport Adapté), puis de plusieurs fédérations ordinaires qui ont reçu délégation du ministère des Sports pour organiser leurs pratiques parasportives. Si cette offre est plus dense qu’auparavant, elle demeure encore imparfaite. Seuls 1,5% des clubs sportifs permettent aujourd’hui la pratique parasportive, alors qu’on estime à près de 18% la part de la population française touchée par une forme de handicap. L’enjeu est donc de faire en sorte que les clubs soient mieux en mesure d’accueillir et d’orienter les pratiquants potentiels vers des offres adaptées et sécurisées. Il s’agit d’élargir l’offre de pratique afin que chacun puisse, selon ses motivations et ses capacités, accéder à une offre variée, sécurisée et accessible en proximité des lieux de vie. Un objectif poursuivi par le dispositif « Club Inclusif » porté par le CPSF, qu’il convient de mieux faire connaître dans les territoires et auprès des clubs sportifs.

 

2. Une accessibilité d’usage à renforcer

L’accessibilité figure parmi les ambitions majeures du Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Il s’agit de livrer les meilleurs Jeux possibles, et d’offrir une expérience unique aux participants et aux spectateurs en situation de handicap. Des dispositifs ont été mis en place par le comité d’organisation et la SOLIDEO, structure chargée de la construction/rénovation des équipements olympiques, que ce soit en matière de communication, d’aménagements, de billetterie…, à l’image du PRISME, futur hub parasportif situé à Bobigny. Pour autant, si les Jeux peuvent beaucoup, ils ne peuvent pas tout ; l’accessibilité des espaces publics en étant un exemple prégnant. Le succès de l’accessibilité des Jeux se jugera donc sur la mobilisation de l’ensemble des parties prenantes.

A l’image du projet Paraperf, les innovations et les savoir-faire déployés dans le cadre des Jeux Paralympiques devront servir à l’après-2024. Il s’agit par exemple d’envisager l’accessibilité au sens large, de permettre aux personnes en situation de handicap d’être le plus autonomes possibles dans leur accès aux équipements (transports, voirie, etc.), pas seulement aux niveaux des gradins mais aussi au niveau des vestiaires, de l’aire de jeux, etc. Il s’agit aussi de ne pas restreindre l’accessibilité aux seules solutions pour les personnes à mobilité réduite, mais bien d’envisager l’ensemble des freins que peuvent rencontrer les personnes en situation de handicap. Enfin, il s’agit de passer d’une accessibilité de norme à une accessibilité d’usage, c’est-à-dire construite avec les usagers et les associations d’usagers afin de tenir compte au maximum de la réalité des situations vécues.

 

3. Médiatiser plus, médiatiser mieux

Pour la première fois de son Histoire, la France accueillera les Jeux Paralympiques d’été. Une vitrine essentielle pour mieux faire connaître les parasports, leur histoire, les athlètes et les performances. Les Jeux de Paris seront les plus médiatisés de l’Histoire, avec plus de 300 heures de diffusion. Le rôle des médias est primordial pour permettre une couverture quantitative et qualitative de l’événement. La mise en œuvre de séminaires de sensibilisation, d’information à destination des médias et impliquant les parties prenantes (comité d’organisation, parasportifs, associations d’usagers) est à encourager en ce sens. Le défi est de faire en sorte que l’effet « Jeux » perdure après 2024, et se concrétise par une meilleure couverture des compétitions et des sportifs paralympiques. Il s’agit de transformer l’élan paralympique en élan social et sociétal, et de normaliser la pratique parasportive dans les différents médias. À ce titre, l’opération « Ensemble médiatisons le parasport ! » lancée par l’ARCOM et dont la dernière édition s’est tenue en novembre est à souligner et à encourager. Cette initiative vise à renforcer la présence à l’antenne des personnes en situation de handicap mais également à changer le regard sur le handicap en améliorant qualitativement et quantitativement leur traitement du parasport. Cette démarche doit pouvoir s’appuyer sur des journalistes ou consultants experts du sujet, à même de pouvoir rendre la couverture des événements parasportifs plus aisée.


 

Pour aller plus loin, retrouvez l’ouvrage : quel(s) héritage(s) pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024





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