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Apprendre en EPS : le numérique comme outil pédagogique

 

 

Yoann Tomaszower, Enseignant agrégé d’EPS, interlocuteur académique pour le numérique (IAN), GREID EPS

De nombreuses études en témoignent : la pratique physique est de moins en moins présente chez nos adolescents.

 

Deux raisons principales sont évoquées pour expliquer cette augmentation de la sédentarité : le développement des transports mais aussi celui du numérique. Concilier enseignement de l’EPS et utilisation d’outils numériques peut alors, de prime abord, paraître déconcertant.

 

Pourtant les plus-values potentielles sont réelles. En nous appuyant sur les neurosciences, nous avons tenté de montrer en quoi les Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement (TICE) pouvaient jouer un rôle majeur sur les quatre piliers de l’apprentissage définis par S.Dehaene[1]. Capter et focaliser l’attention de l’élève sur des indices pertinents grâce à un recueil statistique, lui permettre de s’engager de manière active, selon son niveau, à l’aide d’applications proposant des répertoires d’exercices progressifs et différenciés, enrichir le retour d’informations par l’usage de l’image, ou encore aider l’apprenant à consolider ses acquis en lui permettant de comparer ses répétitions successives, sont autant de possibilités offertes à l’enseignant d’EPS.

 

De nombreuses applications pour tablettes sont aujourd’hui de vrais outils pédagogiques pour faciliter les acquisitions motrices de l’élève, son adhésion et développer sa motivation à apprendre. C’est ainsi que ce dernier pourra, par exemple, accéder à un feedback quantitatif précis en sports collectifs qu’il conviendra ensuite d’analyser pour faire progresser l’équipe (temps de possession de la balle, tirs tentés, buts marqués etc.). Dans les activités gymniques ou artistiques, le recours à la vidéo, par l’intermédiaire d’applications d’analyse ou de différé[2], sera précieux pour offrir à l’élève la possibilité de se revoir et de mesurer l’écart entre sa production et l’attendu (on parle ici d’autoscopie). L’usage du GPS en course d’orientation ou de cardio-fréquencemètres en demi-fond permettront un meilleur suivi des performances… Les exemples sont nombreux et vous pouvez notamment en retrouver plusieurs sur le site Internet du TICEPS (www.ticeps.fr).

 

Si les bénéfices liés au numérique dans la leçon d’EPS restent conditionnés aux mises en œuvre pédagogiques et aux choix didactiques de l’enseignant, de réelles perspectives s’ouvrent pour notre discipline. Loin de considérer ces outils magiques, nous ne militons pas pour une utilisation permanente qui peut aussi réduire le temps d’activité moteur, mais sommes néanmoins convaincus qu’ils peuvent aider l’élève à mieux comprendre ce qu’il y a apprendre, l’investir davantage dans son travail et faciliter la coopération avec ses pairs[3]. Voilà un accessoire de plus à la panoplie de l’enseignant afin de donner sens aux apprentissages et espérer voir nos adolescents prolonger leur pratique sportive en dehors du cadre de l’EPS.

 

[1] Dauphas (E.), Dumont (P.), Lacroix (S.), Tomaszower (Y.), Les quatre piliers de l’apprentissage au filtre du numérique éducatif en EPS, Revue EPS 376, Juillet-Août 2017

[2] Citons pour exemple « Bam Vidéo Delay » ou « Hudl Technique »

[3] Voir en ce sens Le numérique, coordonnée par Dauphas (E.), Lacroix (S.), Tomaszower (Y.), collection « Pour l’Action », Editions EPS, 2018



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