Bouger pour mieux vivre : le sport au service de la santé mentale
Clara Noël – Sport et Citoyenneté – 19 mai 2025
Dans le cadre de la Grande Cause Nationale 2025, la France place la santé mentale au cœur de ses priorités, et l’activité physique s’affirme comme un levier essentiel pour améliorer le bien-être psychologique de chacun.
L’impact de la crise sanitaire sur la santé mentale : un enjeu international
La crise du COVID-19 a profondément modifié nos modes d’interaction, entraînant l’isolement de nombreuses personnes. Les mesures sanitaires et les restrictions imposées à l’échelle mondiale ont fragilisé les liens sociaux, pourtant essentiels au maintien d’une bonne santé mentale.
Si une hausse des troubles psychiques a été observée pendant la pandémie, ces problèmes étaient déjà largement présents dans la population générale avant la crise. En effet, 41% des Français disent avoir déjà été concernés par des problèmes de santé mentale (dépression, burn-out, pensées suicidaires…). Malgré sa reconnaissance comme un enjeu majeur de santé publique, la santé mentale reste encore un sujet tabou en France, où 70 % de la population continue de véhiculer des stéréotypes à son égard[1]. Dans ce contexte, le gouvernement français a choisi de faire de cette thématique une priorité pour l’année 2025.
Une mobilisation nationale autour de la santé mentale
En 2025, la France a désigné la santé mentale comme Grande Cause Nationale[2]. L’objectif est de sensibiliser le public à cette thématique et renforcer la compréhension ainsi que la prise en charge des troubles psychiques. Chaque ministère a pour mission de développer une feuille de route spécifique, en s’appuyant sur la feuille de route nationale « Psychiatrie et santé mentale 2018-2023 »[3].
Les priorités de cette Grande Cause Nationale comprennent quatre objectifs :
- Déstigmatiser la santé mentale
- Développer la prévention et le repérage précoce
- Améliorer l’accès aux soins sur tout le territoire
- Accompagner les personnes dans leur quotidien.
Les actions de la Grande Cause Nationale sont détaillées dans une feuille de route rédigée en 2018, puis enrichie en 2021, avec au total 51 actions et sous actions. Plus de 3,3 milliards d’euros ont été mobilisés pour le déploiement de ces actions depuis son lancement et jusqu’en 2026.
Cette mobilisation nationale appelle la participation d’acteurs multiples et complémentaires, afin de faire avancer ensemble la cause de la santé mentale. Les acteurs du sport sont pleinement concernés, car l’activité physique représente un levier prometteur pour renforcer le bien-être mental.
L’activité physique, un levier puissant pour la santé mentale
L’activité physique régulière a des effets bénéfiques évidents sur la santé mentale en plus des bienfaits physiques. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), elle aide à améliorer le sommeil, réduire le stress et l’anxiété, augmenter l’estime de soi et globalement favorise les humeurs positives[4] . Les mécanismes physiologiques et hormonaux activés lors d’une pratique sportive peuvent avoir des valeurs curatives. En effet la pratique d’une activité physique peut être prescrite en accompagnement d’un traitement médicamenteux pour lutter contre les troubles psychiatriques et la dépression[5].
L’activité physique favorise également le lien social, en renforçant le sentiment d’appartenance à un groupe, ce qui est particulièrement bénéfique pour lutter contre l’isolement social et prévenir les troubles mentaux, notamment chez les personnes âgées. Si elle est correctement adaptée au profil psychologique des individus, l’activité physique permet de prévenir les troubles mentaux ainsi que les rechute et de minimiser leurs effets négatifs à long terme. Les athlètes, quant à eux, ont un profil particulier où la relation sport-santé mentale doit être abordée différemment. En effet, le sport de haut niveau peut engendrer stress, anxiété et troubles psychiques, nécessitant un accompagnement adapté des athlètes tout au long de leur parcours. Les sportifs prennent la parole à ce sujet, dans les médias, la télévision et même sur le grand écran avec le documentaire « STRoNG, aussi forts que fragiles » où 5 athlètes de haut niveau partagent leur expérience avec la santé mentale[6]. Ces récits ainsi que les activités liées à la Grande Cause Nationale, invitent les acteurs institutionnels et associatifs à se mobiliser davantage sur le sujet de la santé mentale.
Quand le sport inspire l’action : vers une nouvelle approche de la santé mentale
La Grande Cause Nationale se décline en une pluralité d’actions sur le territoire. Ces actions sont regroupées dans la feuille de route « Santé mentale et psychiatrie » lancée en juin 2018, et sont en cours d’implémentation. On y retrouve par exemple, la création d’un site internet dédié à la santé mentale, la formation de soignants et d’éducateurs ou encore des mesures sur l’accès au système de soins, pour faciliter le quotidien des personnes souffrant de troubles de la santé mentale ainsi que leur entourage.
Ces mesures nationales et la reconnaissance du sport comme outil en santé mentale incitent les acteurs de la santé mentale et du sport à croiser leurs expertises au service de la prévention. L’Association française de psychiatrie a par exemple adopté le thème « En mouvement pour notre santé mentale », pour la semaine d’information sur la santé mentale, organisée en octobre 2024[7].
Dans cette dynamique, Sport et Citoyenneté se mobilise. Il y a quatre ans déjà, notre Think tank ainsi que dix autres acteurs du sport et de la santé mentale, ont participé au développement du projet européen « INALHM », soutenu par l’Union européenne et piloté par le réseau européen « Active Living and Mental Health ». Cette collaboration a permis l’échange de bonnes pratiques et l’élaboration de lignes directrices pour encourager l’utilisation du sport dans les mesures de prévention pour la santé mentale[8]. Nous poursuivrons ces échanges lors de publications et d’événements à venir et plaiderons pour la reconnaissance du sport comme levier de transformation en matière de santé mentale.
Pour en savoir plus, partager vos expériences ou collaborer sur ce sujet, n’hésitez pas à nous contacter par mail : contacts@sportetcitoyennete.com
[1] Française, M. (n.d.). Carnet de SANTE France. https://www.odoxa.fr/wp-content/uploads/2024/09/MF-Carnet-de-sante-2024_VDEFFINAL_WEB.pdf
[2] Parlons Santé Mentale ! Grande Cause Nationale 2025 | info.gouv.fr. (n.d.-a). https://www.info.gouv.fr/grand-dossier/parlons-sante-mentale
[3]Feuille de route Santé mentale et psychiatrie. Comité stratégique de la santé mentale et de la psychiatrie. 28 juin 2018. (n.d.-a). https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/180628_-_dossier_de_presse_-_comite_strategie_sante_mentale.pdf
[4] World Health Organization. (n.d.). Activité physique. World Health Organization. https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/physical-activity
[5] Poirel E. Bienfaits psychologiques de l’activité physique pour la santé mentale optimale [Psychological benefits of physical activity for optimal mental health]. Sante Ment Que. 2017 Spring;42(1):147-164. French. PMID: 28792566.
[6] Française, M. (n.d.). Carnet de SANTE France. https://www.odoxa.fr/wp-content/uploads/2024/09/MF-Carnet-de-sante-2024_VDEFFINAL_WEB.pdf
[7] Les semaines d’information sur la santé mentale 2024 : » en mouvement pour notre santé mentale « . Retour à la page d’accueil. (n.d.). https://www.iledefrance.ars.sante.fr/semaines-information-sante-mentale-2024
[8] Launch of the “inter-active living for mental health” project. Sport et citoyenneté. (2020, March 2). https://www.sportetcitoyennete.com/en/articles-en/launch-of-the-inter-active-living-for-mental-health-project