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« Casser les stéréotypes de genre »

Dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes, Sport dans la Ville a organisé, samedi 7 mars, une après-midi sportive et festive pour 130 jeunes à Sarcelles. L’occasion pour Delphine Teillard, directrice du programme « L dans la Ville », de revenir sur l’engagement de son association sur les sujets de mixité et d’égalité.

 

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le programme « L dans la Ville » ?

DT : C’est un programme qui a été créé il y a un peu plus de 10 ans, car nous nous sommes aperçus qu’à partir de l’âge de 12 ans, les filles désertaient nos terrains sportifs. Nous perdions donc le lien avec elles et avions seulement 5% de filles dans nos programmes d’insertion professionnelle qui démarrent à partir de 14 ans. Partant de ce constat, nous avons souhaité diversifier les sports proposés en ajoutant le tennis, la danse (hip-hop), et des séances de football 100% dédiées aux filles. Nous n’avons pas pour autant annulé les séances mixtes que nous avons l’habitude de faire car notre objectif final est que les jeunes filles puissent rejoindre la mixité progressivement.

Nous avons aussi organisé des camps, des sorties culturelles pour les faire sortir de leur quartier et qu’elles puissent s’émanciper. Nous leur proposons des ateliers pour qu’elles reprennent confiance, pour casser les stéréotypes de genre. En effet, nous avons remarqué qu’à compétence équivalente, une fille aura tendance à moins postuler qu’un garçon à un poste à responsabilité.

 

Quels sont les résultats que vous constatez aujourd’hui ?

Cette année, 1 400 jeunes filles sont inscrites au niveau national. Sur notre programme d’insertion professionnelle (Job dans la Ville), nous avons aujourd’hui 40% de jeunes filles contre les 5% du départ. La société évolue, nous aussi. Ces dernières années, nous avons mis l’accent sur les sujets de mixité, d’égalité. Nous faisons beaucoup d’actions en sensibilisant nos équipes, nos éducateurs, les jeunes filles mais aussi les jeunes garçons.

 

Pourquoi avez-vous commandé une étude BVA pour mesurer l’impact du programme « L dans la Ville » ?

On approchait des 10 ans du programme, cela nous paraissait un temps assez conséquent pour voir l’évolution. Nous avons constaté un impact positif : 96% des jeunes filles continuent à faire du sport, c’est bien plus que la moyenne nationale. Les chiffres montrent qu’elles prennent du plaisir et sont nos meilleures ambassadrices : 96% le recommanderaient à leurs copines. Les parents trouvent aussi que cela a eu un impact positif sur leur enfant. Sur les sujets de mixité et d’égalité, nous nous sommes rendu compte qu’elles avaient beaucoup plus confiance en elle, notamment sur le fait d’avoir un poste à responsabilité comme les garçons. Nous nous apercevons donc qu’il y a de vrais résultats.

 

Pouvez-vous nous parler de votre projet 2019 soutenu par l’Agence Nationale du Sport (ANS), sur lequel vous travaillez avec Sport et Citoyenneté ?

L’Agence Nationale du Sport nous avait déjà accompagné en 2018 sur notre programme pour accompagner les décrochés. En 2019, nous avons répondu à l’appel à projet en présentant les innovations et le programme « L dans la Ville ». Nous avons mis en avant le fait que le programme évolue sans cesse. Nous avons développé de nouvelles séances de sport, notamment de boxe, à la suite de l’étude d’impact qui montre que c’est un des sports que les filles veulent pratiquer. On a boosté nos séances de tennis avec de nouveaux créneaux, on a doublé certains créneaux de nos séances de danse. Sur le sujet de mixité/égalité, on a développé de la formation, sensibilisation auprès des filles et des garçons. On réévalue sans cesse nos pratiques. La société s’engage de plus en plus sur ces sujets, donc on se met aussi à la page : la formation de nos équipes c’est quelque chose qu’on ne faisait pas il y a 10 ans.

 

 





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