Compétitions sportives : le temps de l’actualisation

 

La crise sanitaire aura de multiples impacts sur le sport. Chez Sport et Citoyenneté, nous pensons qu’elle peut être salutaire, si elle permet d’accélérer un certain nombre d’évolutions. Par le biais de tribunes d’experts, nous souhaitons recommander, aux pouvoirs publics, des mesures opérationnelles destinées à lancer le sport de l’après-crise. Nous en avions déjà recensé un certain nombre dans ce livret de propositions pour la loi Sport et Société il y a quelques mois. Aujourd’hui, alors que la politique européenne du sport ne cesse de se développer, nous renforçons cet engagement en Europe et localement.

 

 

Tribune de Jaime Andreu Romeo, ancien chef d’unité Sport de la Commission européenne. Membre du Comité Scientifique du Think tank Sport et Citoyenneté

 

 

Les fédérations sportives offrent les mêmes services depuis plus de cent ans. Ou presque. Une saison de septembre à mai, des compétitions le week-end. Il a peu d’alternatives : soit vous pratiquez dans ces conditions, soit vous abandonnez l’idée de le faire. Seuls de « nouveaux » sports comme le futsal ont adapté leurs compétitions à d’autres créneaux horaires et proposent des services mieux adaptés au contexte social nouveau.

Depuis le début du XXIe siècle, la société a changé. La majorité de la population vit en milieu urbain. La famille a été témoin de transformations radicales (familles monoparentales, gardes d’enfants alternées, etc.). Nous sommes de plus en plus mobiles (vacances, city-trips, etc.), ce qui rend difficile le fait de consacrer tous les week-ends de l’année aux compétitions sportives.

La réalité est que le nombre de pratiquants sportifs a augmenté, et pour beaucoup la compétition est fondamentale dans la passion qu’ils portent à leur discipline. Cependant, la plupart d’entre eux voudraient des compétitions plus souples afin de pouvoir vaquer à d’autres loisirs le week-end. Sans quoi ils renoncent à pratiquer un sport collectif en faveur d’autres disciplines comme la course à pied, où la participation aux compétitions est plus souple. Pour information, les villes qui organisent des marathons ou des courses similaires n’offrent pas uniquement la possibilité de courir mais aussi tout un ensemble d’activités culturelles ou de divertissement.

Quand vous évoquez ces questions avec les fédérations sportives, leur réponse témoigne d’un certain aveuglement : il n’y a pas d’autre alternative. La conséquence de cette approche est la multiplication des compétitions privées, organisées par des salles de sport ou des structures similaires. Ces dernières offrent des compétitions basiques, généralement durant la semaine, moins resserrées que celles des fédérations mais qui répondent à la demande des pratiquants.

Les fédérations devraient considérer ce nouveau contexte social avec attention et être capables de développer de nouveaux cadres de compétitions, mieux adaptés aux demandes des sportifs. Il est possible qu’après la crise sanitaire, les citoyens cherchent de nouvelles activités leur permettant de mieux équilibrer leurs vies professionnelle, privée et de loisir. Cette question mérite d’être regardée avec attention par les fédérations qui, dans certains pays comme la France, poursuivent des missions de service public.

 

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