Le défi de l’éducation par le sport

Par Michaël Attali, Professeur à l’Université de Rennes 2, Directeur du Laboratoire VIPS2

 

Les Jeux Olympiques de 2024 seront l’occasion de redonner au sport son rôle éducatif premier.

 

Les soubresauts de l’actualité médiatique font oublier que le sport est avant tout un outil d’éducation. Ses propagandistes de la fin du XIXe siècle l’ont conçu comme un vecteur de transformation sociale permettant de transmettre des valeurs et contribuer à la formation générale de l’individu. L’éducation du physique a ainsi été envisagée par l’intermédiaire de ses effets moraux. Bien que le sport ait fait l’objet de craintes de la part de médecins, d’éducateurs ou de politiques, il s’est imposé comme un outil majeur de formation. Les associations, les entreprises ou les mouvements de jeunesse l’ont organisé en vue de répondre à leurs objectifs. L’éducation par le sport s’est donc constituée de manière extensive dans plusieurs institutions. Toutefois, c’est bien l’école qui est missionnée par la collectivité pour élever les individus vers le savoir autant que pour le socialiser. Le sens commun a ainsi eu tendance à réduire l’éducation aux disciplines scolaires et à considérer que seule l’éducation physique menait une quête éducative par le sport. Son impact est sans aucun doute considérable en réunissant l’ensemble d’une classe d’âge et en permettant de développer une culture sportive. Il fait pourtant peu de doutes que les clubs comme les nouvelles formes de groupement informelles s’inscrivent aussi dans une démarche éducative. Si l’ignorance initiale a fait place à la suspicion teintée d’une logique concurrentielle puis à un intérêt réciproque, parfois méfiant, depuis une vingtaine d’années, il apparaît le plus souvent que ces institutions fonctionnent dans le meilleur des cas de manière autonome. S’il est possible de parler d’une culture sportive développée par le système scolaire, celle-ci est rarement intégrée aux programmes d’entrainement développés par les clubs. Réciproquement, l’école fait peu de cas du vécu de l’élève hors de ses murs alors même que ses expériences sportives sont riches et variées. Autant qu’un principe collaboratif, le grand défi des prochaines années se situe dans la coordination des actions qui demeure encore embryonnaire. Elle doit d’abord se fonder dans la reconnaissance des missions de chacune des institutions qui ne doit pas aboutir à la confusion. Elle passe par l’établissement de programmes éducatifs intersectoriels qui permettent aux jeunes et au moins jeunes de vivre des expériences diversifiées. C’est à cette condition que l’on maintiendra un cap éducatif dont l’histoire nous a prouvé l’intérêt et dont l’actualité témoigne de l’urgence à le renforcer.

 

L’attribution des jeux Olympiques de 2024 à la France constitue à ce titre une opportunité qu’il ne faudra pas manquer. La durabilité des Jeux se joue autant sur le terrain environnemental que sur le terrain éducatif. Espérons que le comité d’organisation prendra la mesure de ce défi et s’en saisira afin de créer des synergies. Sa réalisation permettra de faire des JO bien plus qu’un moment de célébration, un  moyen de formation s’inscrivant dans un projet ambitieux d’éducation.





Sport et citoyenneté