Des champions, dans leur discipline et dans leur vie

Par Dr Bénédicte Halba, présidente fondatrice de l’Institut de recherche et d’information sur le volontariat (www.iriv.net) et membre du comité scientifique du Think tank Sport et Citoyenneté

Les sportifs de haut niveau peuvent jouer un rôle social décisif auprès des jeunes, en menant des actions courageuses, par exemple en dénonçant des abus dans leurs disciplines, ou en créant des associations pour transmettre leur expérience. Nous souhaitons évoquer une championne dans le patinage artistique et un champion dans la boxe.

 

 

L’exemple le plus marquant est celui de Sarah Abitbol, l’une des championnes française avec  le plus beau palmarès du patinage- 10 titres de championne de France en couple entre 1994 et 2003, une place de vice-championne d’Europe et une médaille de bronze aux championnats du monde en 2000. Dans un livre paru en janvier 2019  «Un si, long silence », elle dénonce les violences sexuelles dont elle a été victime dans son adolescence par son entraineur. Son livre  a permis  de mettre fin à l’omerta qui régnait à la Fédération des sports de glace (FFSG), provoquant la démission de son président Didier Gailhaguet qui couvrait depuis des années des entraineurs qui abusaient sexuellement de jeunes championnes dont ils avaient la responsabilité. En janvier 2021, l’entraineur de Sarah Abitbol, Gilles Beyer , qui continuait d’abuser d’autres jeunes patineuses, est mis en examen et placé sous contrôle judiciaire.

Il est très courageux de dénoncer les agissements de tout un système. Il est très délicat d’évoquer une affaire aussi intime, qui force à revivre des moments très pénibles, et de faire connaître au public des événements aussi traumatisants. C’est particulièrement éprouvant quand on est une championne avec l’image très positive qui est associée à ce statut dans l’opinion publique. L’exemple de Sarah Abitbol est édifiant à plusieurs titres : mettre fin à un système d’abus mis en place par un petit nombre, permettre aux nombreuses victimes de pouvoir s’exprimer, changer entièrement la gouvernance de la fédération, avec une gestion beaucoup plus transparente et démocratique. Son exemple a fait des émules dans d’autres disciplines, notamment dans l’équitation en 2020Un autre exemple est celui du nouveau champion de boxe français, Souleymane Cissokho,  qui s’est imposé aux points le  8 mai 2021 contre l’Anglais Conway et a remporté la ceinture intercontinentale WBA des super-welters. Souleymane Cissokho s’est engagé depuis 2011 en France et au Sénégal avec son association Secteur Sport Enfance, pour ouvrir une « académie du sport » et permettre à des jeunes de faire du sport et de suivre des études, comme lui, mener de front un entrainement de champion avec un parcours scolaire.  Depuis le baccalauréat, il a combiné boxe et cours avec un diplôme universitaire de technologie (DUT) en techniques de commercialisation à l’INSEP, une licence de gestion et management du sport à Lyon 1 et un  master 2 en droit du sport à l’université Paris 1.

Ces deux exemples de champions donnent une image différente du sport : une image engagée de sportifs qui contribuent au  Fair Play dans le sport mais cette fois dans le camp des dirigeants (avec Sarah Abitbol) et une initiatives qui associe le sport aux études (avec Souleymane Cissokho). On peut être un(e) champion(ne) dans sa discipline mais aussi dans la vie – une belle source d’inspiration pour les jeunes.





Sport et citoyenneté