GUERRE EN UKRAINE, LA DIPLOMATIE SPORTIVE EN ORDRE DE BATAILLE

 

 

Lydie COHEN, Membre Comité Scientifique, Think tank Sport et Citoyenneté.

Juriste doctorante, pôle droit du sport, cabinet LLC Avocats et Associés, Bureau de Toulon.

 

L’invasion de l’Ukraine par la Russie, à plus forte raison pendant la trêve olympique, ne pouvait laisser de marbre le mouvement olympique.

Dans un communiqué en date du 28 février, la commission exécutive du Comité international olympique (CIO) « recommande aux fédérations internationales de sport et aux organisateurs de manifestations sportives de ne pas inviter ou de permettre la participation d’athlètes et de représentants officiels russes et biélorusses aux compétitions internationales » dans le but de « protéger l’intégrité des compétitions sportives internationales » et « la sécurité des participants ».

Cette décision qui prend à contrepied le principe de neutralité politique du sport, n’en n’est pas moins indispensable au respect par le mouvement olympique de sa propre lex olympica (droit qui régit le mouvement olympique). En effet, les principes fondamentaux de l’Olympisme inscrits dans la Charte olympique, prévoient expressément « le respect des principes éthiques fondamentaux universels » ainsi que la volonté « de mettre le sport au service du développement harmonieux de l’humanité en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine ». La sauvegarde de la dignité humaine est par ailleurs reconnue dans le Code d’éthique du CIO comme une exigence fondamentale de l’Olympisme.

C’est ainsi que si le CIO a entre autres pour but « de protéger son indépendance, de maintenir et promouvoir sa neutralité politique et de préserver l’autonomie du sport », la crise géopolitique actuelle ne lui laisse pas le bénéfice du silence ou de la neutralité, sauf à nier ses propres principes et valeurs.

D’ailleurs le droit transnational sportif est sur le front avec un ralliement progressif des fédérations internationales à la position du CIO qui vise l’exclusion de la Russie du sport mondial. Si ce positionnement est louable, la question de la sanction des athlètes russes et de leur exclusion des compétitions est néanmoins posée dès lors que « les intérêts des athlètes constituent un élément fondamental de l’action du Mouvement olympique » (Règle 1.3 de la Charte). Certaines institutions internationales, comme notamment la Fédération internationale de biathlon, avaient d’ailleurs pu envisager une participation des athlètes russes et biélorusse aux compétitions en tant qu’athlètes neutres, avant de revenir hier soir sur sa position. Il est également intéressant de noter que certaines équipes, notamment dans le cadre du mondial de football 2022, ont fait part de leur intention de ne pas affronter les athlètes russes, y compris dans l’optique de leur participation sous bannière neutre.

Dans ce contexte, le Comité international paralympique vient d’annoncer à l’aube de l’ouverture des Jeux paralympiques de Pékin que les athlètes russes et biélorusses pourront participer à la compétition sous bannière neutre. Ils concourront ainsi sous le drapeau paralympique et ne figureront pas au tableau des médailles.

Nul doute que par ses prises de position, le mouvement olympique et paralympique envoie un signal fort pour la paix et le respect des droits de l’homme.

 

 

 





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