Réussir l’héritage des Jeux Paralympiques
Sylvain LANDA, Directeur éditorial, Think tank Sport et Citoyenneté
Journée paralympique le samedi. Journée mondiale du handicap le dimanche :
le hasard du calendrier a offert le week-end dernier une belle exposition à un sujet qui en manque souvent.
Le handicap, léger ou lourd, touche une personne sur six dans l’Union européenne, soit environ 80 millions de personnes. On estime également que 4 handicaps sur 5 sont invisibles, ce qui interroge notre capacité collective à améliorer les conditions de vie des personnes en situation de handicap ainsi qu’à faciliter leur inclusion dans la société.
Parmi ces conditions de vie à améliorer figure l’accès aux activités culturelles et sportives, qui constituent des temps de loisirs et d’épanouissement personnel nécessaires à chacun mais aussi, et surtout, un droit reconnu comme tel par de nombreux textes (article 30 de la convention des Nations Unies relative aux droits des personnes en situation de handicap notamment).
La question du développement de la pratique sportive des personnes en situation de handicap demeure, depuis des années, l’un des enjeux majeurs des politiques sportives. Depuis 2017 et l’annonce du retour des Jeux à Paris, des avancées ont été réalisées (adoption d’une Stratégie Nationale « Sport et Handicap » 2020-2024, structuration territoriale du Comité Paralympique et Sportif Français, adoption d’un Plan Héritage France 2024, avec de nombreuses mesures en direction des personnes en situation de handicap…). L’approche des Jeux Paralympiques de Paris 2024 nous oblige cependant à accélérer les réformes entreprises, dans deux directions : la structuration de l’offre parasportive et l’accompagnement des personnes en situation de handicap dans une pratique de proximité.
Structurer l’offre parasportive implique d’encourager le développement d’une offre sportive plurielle (en milieu spécifique ou ordinaire) adaptée aux envies et aux motivations de chacun. Il s’agit notamment de travailler la notion d’accueil, en permettant à chacun, dans sa singularité, de s’épanouir dans la structure sportive de son choix. La mise en place de temps de rencontre et de formation croisée entre professionnels du sport, du social et du médico-social, qui existent dans certains territoires, est une action à systématiser car elle favorise l’interconnaissance et participe au développement de nouveaux projets.
« Renforcer les synergies avec le monde du handicap »
Accompagner les personnes en situation de handicap dans une pratique de proximité signifie d’abord mieux référencer l’offre disponible, notamment au niveau local. Le renseignement des outils existants (Handiguide, plateforme « Trouve ton Parasport ») doit être rendu systématique pour faciliter cette démarche. Mais il convient aussi de rendre accessible l’offre disponible, c’est-à-dire la faire connaître aux publics visés, les personnes en situation de handicap et leur entourage (proches, aidants, personnel médico-social, etc.). Ici, les synergies avec les acteurs du handicap sont à poursuivre. En Maine-et-Loire, un collectif départemental réunissant professionnels et bénévoles (CDOS, Comités départementaux Handisport et Sport adapté, CPSF, SDJES…) s’est par exemple rapproché de la Maison Départementale de l’Autonomie (MDA) pour proposer la tenue d’une permanence d’information et d’accompagnement. L’information des publics, l’orientation vers les clubs, l’accueil sont au centre de la démarche.
Enfin, la mise en accessibilité des équipements sportifs et de toute la chaîne de déplacement (du domicile à l’équipement) constitue toujours un besoin essentiel, qu’il convient sans cesse de rappeler. Cette démarche doit se poursuivre dans le cadre des politiques de soutien à la construction/rénovation des équipements sportifs (plan 5000 équipements de proximité notamment), en se basant sur les notions d’accessibilité universelle (pour tous) et d’usage (échange avec les associations d’usagers, futurs utilisateurs de l’équipement).
Sur tous ces sujets, des avancées ont lieu chaque jour, mais celles-ci doivent être soutenues dans la durée. La proximité des Jeux Paralympiques leur offre une visibilité sans précédent et permet de faire converger les moyens. Le meilleur héritage de Paris 2024 serait de permettre à ces défis de continuer d’avancer et de rester au cœur des priorités au-delà de l’été 2024.
Sylvain LANDA, Directeur éditorial, Think tank Sport et Citoyenneté
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« L’héritage des Jeux Paralympiques de Paris 2024 » est le thème du projet pédagogique 2022/2023 des étudiants du Mastère Spécialisé en Management des Organisations de Sport d’Audencia. Un projet encadré par Sport et Citoyenneté qui donnera lieu à une conférence sur le sujet organisée en mars 2023 !