Quel(s) impact(s) un club sportif a-t-il sur son territoire ?

Bruno Lapeyronie, Directeur de la recherche et des partenariats, Comité Lab.
Membre du Comité Scientifique, Think tank Sport et Citoyenneté

 

C’est une tendance qui s’affirme, année après année : le club sportif n’est plus le cadre privilégié de la pratique sportive en France. Selon le baromètre des pratiques sportives, ce cadre de pratique, déjà minoritaire, a perdu 3% depuis la dernière étude menée en 2018. La concurrence d’une offre commerciale de plus en plus diversifiée et l’essor des pratiques sportives hors structures redessinent de nouveaux équilibres. Dans ce paysage en mouvement, le club sportif doit trouver sa place, en s’appuyant sur ses richesses et sur ce qui fait « club » au sein de son territoire.

 

Il symbolise l’organisation du sport français. Le bloc « club sportif/commune » constitue le socle de la pratique sportive depuis de longues décennies. On dénombre en France, selon les chiffrages, envion 160 000 clubs, plutôt bien répartis sur le territoire. Au quotidien, 3,5 millions de bénévoles participent à leur fonctionnement. Si la crise sanitaire a ébranlé le modèle, le secteur a su faire preuve de résilience pour retrouver des niveaux d’avant-crise, du moins en ce qui concerne le nombre de licenciés. Le club sportif constitue donc toujours une structure qui compte au niveau local. Entre les compétitions, les entraînements, les animations, les temps de convivialité, l’association sportive est le lieu où les adhérents ont plaisir à se retrouver, à lancer des projets fédérateurs et à partager des valeurs. Chacune de ces associations, à sa façon, facilite les rencontres, anime les territoires, optimise les échanges et concrétise les idées. Depuis plus de dix ans, et notamment les travaux de Benjamin Coignet (Thèse de doctorat 2012 sur l’innovation sociale et les organisations sportives associatives), les données de l’Institut Français du Monde Associatif (IFMA) ou encore les actions du Think tank Sport et Citoyenneté, l’utilité sociétale d’une association n’est plus à démontrer sur les territoires.

 

Evaluer les conséquences

Mais, si ce n’est plus à montrer, le chemin est encore long pour en mesurer les impacts sociaux. Pourtant, nous sommes convaincus que cette évaluation des conséquences des actions sur un territoire (autrement dit : « les impacts ») est un aspect fondamental et nécessaire au pilotage et à l’optimisation de la gestion associative. C’est également un outil de transparence et de partage, où les collectivités territoriales vont pouvoir puiser des idées pour affiner leurs politiques sportives locales ; les partenaires privés marchands et non marchands peuvent eux aussi identifier de nouvelles façons d’adhérer au projet associatif.

« Cette évaluation peut devenir l’origine d’un cercle vertueux d’un modèle socio-économique à « 360 » »

Encore faut-il au préalable définir la notion d’« impact » avant d’adopter une méthodologie spécifique. La transposition d’une méthode d’analyse, initialement destinée aux grands événements sportifs nationaux et internationaux, a finalement nécessité une déconstruction/reconstruction méthodologique. Reposant ainsi sur un premier indicateur de type « Social Score », nos outils d’approches quantitatives et qualitatives ont permis d’identifier de grands indicateurs sociaux du champ sportif (éducation, gouvernance, RSE, éco-responsabilité, hybridités des actions, passerelles avec les territoires etc.).

Cercle vertueux

En créant la structure COMITI LAB, nous formulons l’hypothèse, sans véritable grande incertitude, que c’est à partir de l’évaluation et de la maitrise des impacts sociaux d’une association sur son territoire que celle-ci peut optimiser son développement et sa gestion. Pour les clubs, cette évaluation peut devenir l’origine d’un cercle vertueux d’un modèle socio-économique à « 360 » définissant au mieux les pistes d’améliorations potentielles (formation des dirigeants, outils de gestion, accompagnement personnalisé, rencontres d’acteurs permettant des mutualisations ou « groupement d’employeurs » etc.). En interne, mesurer les impacts sociaux, permet souvent de requestionner le projet associatif, les moyens de mobilisation des adhérents, le partage de valeurs, la dynamique événementielle, et même les relations avec l’écosystème des collectivités territoriales, du secteur privé marchand et non marchand. Pour nous, cette relation avec le système dans sa globalité, ses interrelations, son cadrage réglementaire et administratif sont autant de questionnements et de pistes de synergie, de convergences d’intérêts et de ressources au profit des projets associatifs.

 

Accompagner et analyser

Aussi, COMITI LAB a pour objet social la réalisation de recherches scientifiques et appliquées relatives aux impacts sociaux des associations et des organisations à but non lucratif sur un territoire donné. C’est donc naturellement que Sport et Citoyenneté et COMITI LAB se sont rapprochés pour partager réflexions et expertises dans le cadre d’un partenariat durable, notamment avec l’ambition d’étudier et de promouvoir les valeurs fondamentales du sport afin de les mettre au service de la société. La diversité des organisations et de leurs impacts sociaux est donc au cœur de nos réflexions/actions.

 

L’accompagnement des acteurs associatifs, la recherche de pistes d’optimisation de gestion de clubs et l’équilibre dans un écosystème maitrisé feront donc l’objet de différents travaux et analyses. Ils prendront une forme concrète au printemps 2024, dans le cadre d’une action conjointe menée auprès de l’ASM Omnisport, soucieuse de son modèle économique et juridique, de la juste place de chacun et de ses actions locales.


Cet article est publié dans le cadre du format « hebdo Sport et Société », chaque vendredi, abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir le prochain article dans votre boite mail !

 

Lire le précédent article de la semaine :

Promouvoir l’égalité des genres dans le sport avec le projet Gap Women





Sport et citoyenneté