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25 mars 2017

« Intégrer l’activité physique dans le parcours de soin »

« Intégrer l’activité physique dans le parcours de soin »

Ancienne Ministre des Sports aujourd’hui Députée, Valérie Fourneyron est fortement engagée dans le déploiement d’une politique publique intégrant le sport comme facteur de santé. Un secteur où les potentialités d’emplois sont nombreuses.

Propos recueillis par Sylvain LANDA et Maëlys LOROSCIO

La demande des pratiquants pour des activités sportives de loisirs, de bien-être et de santé augmente considérablement. S’agit-il d’un secteur potentiellement créateur d’emplois ?

VF : Ce sont sans aucun doute des activités d’avenir. Les gens veulent pratiquer en famille, dans un environnement qui les sécurise. Ils attendent en contrepartie un encadrement de qualité. C’est ce que l’on constate en montagne par exemple où, en dehors de la saison d’hiver des activités sont proposées, nécessitant un encadrement spécifique et permettant ainsi aux professionnels de vivre de leur métier tout au long de l’année.

La branche « Sport » est caractérisée par un recours élevé au temps partiel. Les éducateurs sportifs qui interviennent dans les clubs pour encadrer la pratique compétitive sont obligés de diversifier leurs interventions, dans de nouveaux espaces (loisirs sportifs de nature, offre sportive en entreprise…) et vers de nouveaux publics (séniors, familles…). Ce sont des débouchés d’emplois considérables.

Dans un tout autre domaine, notre savoir-faire dans l’organisation de grands événements sportifs et notre industrie sportive constituent d’excellents vecteurs de développement, notamment à l’international. L’impact économique de cette filière, en lien avec le déploiement de notre diplomatie sportive, est également créatrice d’emplois.

Le dispositif « Sport sur Ordonnance » pour lequel vous vous êtes fortement engagée, est entré en vigueur le 1er mars. Que pensez-vous des catégories d’intervenants pouvant dispenser cette activité physique après prescription par le médecin traitant ?

VF : La démocratisation de ces dispositifs va permettre aux personnels intervenant dans le cadre des activités physiques et sportives de diversifier leurs activités.

Ce qui est révolutionnaire, c’est de se dire que l’activité physique peut être un élément du parcours de soin d’un patient, et faire l’objet d’une prescription médicale. La difficulté est d’associer dans ce dispositif des professionnels qui relèvent du Code de la santé (kinés, ergothérapeutes…), du Code de l’éducation (enseignants en activité physique adapté) et du Code du sport (professionnels ou personnes qualifiées). Mais je vois avant tout la complémentarité de tous ces acteurs au service du mieux-être du patient avec, au centre du dispositif, le médecin chargé de la prescription. C’est lui qui choisira le professionnel le plus adapté suivant la pathologie et le profil de chaque patient. Une instruction sera d’ailleurs publiée prochainement pour détailler la mise en œuvre du dispositif.

Quel est le meilleur modèle économique pour pérenniser un tel dispositif ?

VF : L’activité physique est une thérapeutique non médicamenteuse, elle ne relève donc pas du Code de la santé. Elle ne sera pas « cotée » ; les professionnels médicaux ne seront pas payés à l’acte. Pour autant, le modèle économique existe : les dispositifs peuvent bénéficier de financements de l’État (via les Agences Régionales de Santé et les DRJSCS), de l’engagement des caisses primaires et/ou des collectivités locales, de l’implication des mutuelles… C’est ce qui existe déjà sur de nombreux territoires. Le dispositif est là, mais beaucoup reste à construire. A terme, les économies de soins sont telles qu’on pourrait envisager une prise en charge partielle par la Sécurité Sociale.

 

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