L’actionnariat populaire est un système de gouvernance responsable et durable

20 janvier 2012

Le Teuff-Florian

 

Florian Le Teuff

Président fondateur de l’Association « A la Nantaise».

 

 

Président fondateur de l’Association « A la Nantaise », Florian Le Teuff est persuadé que le système d’actionnariat populaire, qui fonctionne parfaitement à l’étranger, est transposable en France. Avec le soutien de l’organisation « Supporters Direct » et de la Commission européenne, il entend faire bouger les lignes à Nantes, son club de cœur.

 

Pouvez-vous nous présenter en quelques mots votre association « A la Nantaise » ?

FLT : Je suis le Président fondateur de l’association « A la nantaise », qui a été créée en mai 2010 pour promouvoir les valeurs et la notoriété du club, qui le définissaient par le passé. Nous souhaitons défendre les valeurs de progrès pour une reconstruction du club. Nous sommes ainsi porteurs du premier projet d’actionnariat populaire dans le football français. Nous avons produit une charte éthique, le « Pacte Arribas », avec les anciens joueurs et éducateurs qui ont fait et vécu le FC Nantes. Ce document grave dans le marbre les principes et les savoir-faire qui ont permis au FC Nantes de remporter huit championnats de France de football.

 

Qu’est-ce que c’est l’actionnariat populaire ?

FLT : L’actionnariat populaire, c’est la volonté de définir une gouvernance responsable et durable. Ce système est inconnu en France mais c’est quelque chose qui fonctionne parfaitement à l’étranger. Un grand travail de pédagogie est donc à faire. Nous nous inspirons beaucoup des modèles anglais, allemand et suédois. L’idée est d’accueillir et d’accompagner le futur actionnaire majoritaire du FC Nantes pour lui permettre de reconstruire le club à partir de nos valeurs, à savoir la formation, l’éducation et le collectif. C’est l’occasion aussi pour le FC Nantes de se réconcilier avec son environnement régional. Nous nous inscrivons dans une démarche positive, fédératrice, pour contribuer à la construction d’un club différent, qui serait dominé par des valeurs éthiques.

 

Selon vous, la gouvernance actuelle n’est pas responsable ?

FLT : Non, il y a une coupure entre la direction actuelle du FC Nantes et son public, qui est attaché à des valeurs, un savoir-faire, une philosophie. Notre objectif est de créer une réconciliation et de faire en sorte que les amoureux du FC Nantes ne soient pas contraints d’être dans une posture de consommateur mais d’être acteur d’une gouvernance responsable.

 

Pourquoi l’actionnariat populaire est-il une action citoyenne ?

FLT : Nos 2000 adhérents sont engagés dans l’association de manière désintéressée. Il s’agit juste d’un engagement pour défendre des valeurs, comme celles de l’intégration et de la cohésion sociale. Nous estimons qu’un club de football n’est pas, dans sa ville, qu’une simple entreprise de spectacle ou de business, mais que c’est aussi un véritable élément patrimonial et culturel.

 

Vous êtes l’antenne française de l’organisation « Supporters Direct », qui est financée par la Commission Européenne. Quels sont les autres membres de ce réseau avec lesquels vous allez échanger des bonnes pratiques et quelles actions projetez-vous de mettre en place ?

FLT : L’actionnariat populaire partout en Europe. Nous sommes les seuls en France à être structurés pour porter le projet. « Supporters Direct » nous a déjà permis d’obtenir un financement de la Commission européenne, ce qui considérable car cela assoit notre crédibilité. Nous avons pu également entrer en relation avec d’autres consortiums européens comme celui du club de football d’Hambourg, qui est entièrement détenu par ses 70 000 supporters. Nous ne pensons pas pouvoir rassembler la somme nécessaire pour pouvoir racheter intégralement le FC Nantes, mais notre objectif est de prendre des participations dans le capital du club.

 

Quel document allez-vous rendre à la Commission européenne ?

FLT : Nous travaillons sur l’élaboration d’une structure juridique pour démontrer que l’actionnariat populaire à Nantes et ailleurs en France est possible. Nous collaborons avec des juristes, des universitaires, des étudiants (notamment six étudiants de l’IUT GEA de Nantes, qui nous accompagnent pendant six mois) pour bâtir ce projet. Leur mission est d’observer le fonctionnement des structures en Europe et de transmettre ces informations à nos juristes afin que nous puissions transposer ce modèle à Nantes. Nous travaillons également avec une étudiante de la faculté de droit de Nantes qui va élaborer son mémoire de recherche sur l’actionnariat populaire et avec une étudiante de STAPS inscrite dans une filière sociologique, qui va rendre un mémoire de recherche sur la problématique « Pourquoi plus de 2000 personnes à Nantes se sont engagées dans ce projet d’actionnariat populaire ». Les premiers résultats seront bientôt disponibles !

Propos recueillis par Julian Jappert et Inès Boutar pour Sport et Citoyenneté 

 





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