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« Le sport restera toujours à mes yeux le meilleur moyen pour vivre des émotions, les évacuer ou les transmettre »

 

A 28 ans, Marine Leleu est une influenceuse hyperactive. Coach sportif, marathonienne (sans compter les Iron Man qu’elle enchaîne), entrepreneure (elle a lancé en 2017 sa marque de chaussettes), youtubeuse, elle multiplie les casquettes. Mais quand on lui demande ce qu’elle préfère dans toutes ces étiquettes, elle annonce, d’une voix sûre, « être Marine Leleu ». Première française à terminer le triathlon Enduroman, une épreuve impitoyable (144 kms en course à pied, 33 kms à la nage pour traverser la Manche, 290 kms en vélo), cette compétition qui relie Londres à Paris, elle est sans aucun doute une force de la nature. Mais sa puissance vient surtout de sa sincérité et de son authenticité qui font d’elle un véritable Role Model auprès de toutes les générations. Aujourd’hui certes femme d’affaires, cette jeune femme originaire de Nantes ne cesse d’aller de l’avant, malgré les remarques acides sur les réseaux sociaux, les doutes et les coups durs de la vie.

Propos recueillis par Emmanuelle JAPPERT

Si je vous dis « sport citoyen », qu’est-ce que ces deux mots assemblés évoquent pour vous qui êtes une sportive de haut niveau ?

ML : Déjà, je ne me considère pas comme une sportive de haut niveau, je ne fais pas de performance comme les champions du monde. Je suis plutôt dans le sport plaisir, qui apporte du bonheur et beaucoup de partage. Je préfère finir un marathon avec quelqu’un qui a besoin d’aide ou en lui donnant mes noix de cajou plutôt que de prioriser mon chrono. C’est d’ailleurs ce qu’on me reproche souvent sur les réseaux sociaux. Je pense par contre que tout le monde devrait faire du sport et se bouger. C’est bien pour le corps, c’est bien pour la tête et pour vivre des choses fortes avec d’autres.

C’est ce que vous vouliez toujours faire ou c’est la vie qui vous a menée sur ce chemin ?

ML : Clairement la vie m’a entraînée vers cette voie, par étape, sans que je n’ai pu l’anticiper ni l’imaginer. Je n’aimais pas l’école mais à partir du moment où j’ai découvert le métier de coach sportif, je me suis sentie à ma place et j’ai pris conscience de ma valeur. Je me suis alors lancée des défis, tout en restant très libre, encouragée par une famille très sportive. J’ai posté mes réflexions et partagé mes défis et l’engouement est arrivé avec son lot de surprises et d’opportunités.

Le fait de faire du sport comme vous le faites, n’est-ce pas un problème pour le corps ?

ML : Non parce qu’il faut travailler intelligemment. Par exemple, quand je cours beaucoup, je fais des pauses sur des périodes de trois semaines en variant les exercices. Et je ne me suis jamais blessée de ma vie sauf quand je me suis fait percuter par des voitures l’été dernier. J’aurais pu m’effondrer puisque mon corps est mon outil de travail mais le mental a alors pris le relais. J’ai relativisé et la résilience m’a donné la possibilité de me relever plus vite.

Être un modèle vous donne une grande responsabilité. Comment la vivez-vous ?

ML : Effectivement, comme beaucoup de jeunes et moins jeunes me regardent, et que je suis identifiée comme une influenceuse, si je peux le dire comme ça, je dois faire attention à ce que je dis tout en faisant passer des messages. Par exemple, si je me blesse, je veux montrer qu’on peut malgré tout avancer différemment, faire du sport quand même. Se forcer à voir le positif me permet de passer toutes les épreuves. Et mon mantra « dans la vie il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions » se distille sous différentes formes à travers ma communication, pour permettre à d’autres d’adopter cette philosophie de vie. J’essaie aussi d’agir pour que les filles prennent conscience de l’importance de se bouger. L’activité physique est un formidable moyen d’émancipation et les réseaux sociaux me permettent de mettre en avant le sport féminin qui me tient particulièrement à cœur.

Comment vous voyez-vous quand vous aurez quarante ans ?

ML : Je me vois juste heureuse. Je ne sais pas ce que je ferai, ni où je serai mais je serai heureuse, c’est le principal dans la vie. Je ferai peut-être autre chose que de la course à pieds, peut-être du tennis de table, du golf, du tennis, mais je resterai en mouvement, ça c’est sûr. Le sport restera toujours à mes yeux le meilleur moyen pour vivre des émotions, les évacuer ou les transmettre. Et je serai Moi !

D’où vient cette détermination ?

ML : C’est sûrement l’éducation mais aussi les épreuves de la vie. Plus jeune j’ai été très souvent gravement malade, ce qui a entraîné plusieurs hospitalisations. Cela m’a renforcée face à l’adversité.

Qu’auriez-vous envie de dire aujourd’hui aux lecteurs de Sport et Citoyenneté ? Trouvez-vous que les Européens se bougent assez ?

ML : En France, on ne se bouge pas assez par rapport aux autres pays mais le but n’est pas d’en faire toujours plus que les autres. Il s’agit d’en faire pour soi-même, pour son corps, pour sa santé, pour son esprit. Ne vous comparez pas mais agissez pour votre bien-être. Vous découvrirez toujours en faisant une activité physique des gens de tous milieux, de tous âges, et c’est ça la force du sport ! C’est le seul endroit au monde où il n’y a pas de religion, pas d’âge, pas de différence de langage. C’est une expression corporelle qui unit les êtres.

 





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