« Les Gay Games ont toujours défendu l’égalité »

Propos recueillis par Sylvain Landa et Kiera Wason-Milne

Depuis 1982, les Gay Games réunissent des gens de tous horizons, sans discrimination, autour des valeurs de diversité, respect, égalité, solidarité et partage. A l’occasion des Gay Games 10 organisée à Paris du 4 au 12 août 2018, Sean Fitzgerald et Joanie Evans, les deux co-présidents de la Fédération des Gay Games, soulignent les enjeux et les défis d’une édition qui s’annonce historique.

Joanie Evans & Sean Fitzgerald

 

Paris accueille la 10e édition des Gay Games. Comment jugez-vous l’évolution de cette manifestation ?

SF-JE : Les Gay Games fêtent leur 36e anniversaire, et représentent aujourd’hui la plus grosse manifestation sportive et culturelle au monde qui soit ouverte à tous. La croissance des Gay Games est due au fait qu’ils soient ouverts à tous les participants, quelle que soit leur nationalité, leur âge, leur race, leur religion et leur identité et orientation sexuelle. La devise « inclusion, participation et dépassement de soi » est notre principe fondateur, qui nous rappelle d’accueillir les individus quelles que soient leurs aptitudes et de célébrer leurs propres records. Avec 36 sports et 14 activités culturelles, les Gay Games ont de quoi plaire à tous. Cette année, la 10e édition à Paris marque un tournant : ce sera la quatrième fois que nous accueillerons plus de 10 000 participants, représentant plus de nationalités que jamais. En parallèle, la Fédération des Gay Games (FGG) s’attelle à rester à la page auprès de tous les publics, et ce notamment auprès des plus jeunes, en considérant régulièrement l’inclusion de nouveaux événements. Un autre objectif phare est d’atteindre une participation féminine à hauteur de 50%.

Les Gay Games se veulent un événement engagé pour l’inclusion et le respect de la diversité, mais ils sont encore trop souvent perçus comme étant dédiés avant tout à la communauté LGBTIQ+. Quelle est votre vision de la portée de cet événement dans l’opinion publique ?

SF-JE : Depuis 1982, les Gay Games ont su rassembler des individus de tous les horizons et ce sans aucune discrimination, autour des valeurs de diversité, de respect, d’égalité, de solidarité et de partage. Bien entendu, l’événement se concentre sur la communauté LGBTQ+. Paris 2018 Gay Games 10 attirera 10 000 participants de plus de 80 pays différents. La Fédération des Gay Games (FGG) et Paris 2018 accueilleront également plus de 500 boursiers. La majorité de ces individus viennent d’endroits où il est difficile pour les personnes LGBTQ+ de participer ouvertement aux activités sportives et où l’homophobie fait partie du quotidien.

« L’accès au sport reste un défi pour beaucoup de personnes »

L’un des objectifs de votre Fédération est de proposer un modèle qui puisse inspirer le sport traditionnel, pour plus d’égalité. De manière concrète, comment cela se traduit-il dans les règlements sportifs de la compétition ? Quelles modalités de pratique différentes proposez-vous par rapport au sport traditionnel ?

SF-JE : Sur ces sujets, les Gay Games ont été précurseurs à de nombreuses reprises. Nous avons toujours défendu l’égalité : tous les genres peuvent concourir de manière égale aux disciplines proposées. Les femmes ont par exemple pu participer aux épreuves de lutte quand les autres institutions internationales ne le permettaient pas. Cela fait plus de 30 ans que les hommes concourent en natation synchronisée aux Gay Games et au championnat annuel de l’International Gay and Lesbian Aquatics, tandis que la FINA ne l’a que récemment autorisé. Les Gay Games restent chef de file au sein de la communauté sportive en incluant les personnes trans et athlètes de genre non-binaire. Il ne devrait pas exister d’obstacles pour les individus souhaitant participer, et la FGG a étendu les possibilités pour de nombreuses personnes.

 

L’accès aux activités sportives et récréatives est un droit garanti par de nombreux textes internationaux. Comment jugez-vous la situation pour les publics LGBTIQ+ ? Constatez-vous une amélioration ou au contraire une détérioration de la situation ?

SF-JE : L’accès au sport, aux activités de loisirs et aux infrastructures est clairement déterminé par la situation géographique. Les athlètes et artistes LGBTQ+ d’Europe et d’Amérique du Nord peuvent accéder à des infrastructures figurant parmi les meilleures au monde. A présent, une nouvelle tendance se dégage : les jeunes athlètes ne rejoignent plus les équipes et clubs LGBTQ+ puisqu’ils sont acceptés dans les équipes traditionnellement hétéro. Cependant, l’accès aux activités et infrastructures reste un défi pour beaucoup de personnes en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique, où, les injures et menaces homophobes sont encore monnaie courante, que ce soit à l’intérieur ou l’extérieur des stades.

 

Les Gay Games sont aussi un événement dont la portée politique est réelle. Quels messages souhaitez-vous porter pour cette 10e édition ?

SF-JE : Le thème de Paris 2018 Gay Games 10 est « All Equal » (Tous égaux). Nous aimons également appeler cet événement « Une célébration mondiale de diversité ». Nous aimerions démontrer que tout individu a le droit de participer au sport et à la culture dans le respect et l’égalité.

 

https://gaygames.org/

@GayGames





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