« L’ISO 20121 a permis à Roland-Garros de renforcer son engagement dans le développement durable »

20 juin 2016

Fraisse_Viviane

 

Viviane FRAISSE

Responsable du développement durable à la Fédération Française de Tennis

 

 

Propos recueillis par Alexandre Guillaud et Edouard Prudent, Mastère en Management des Organisations de Sport, Audencia Business School

En mai 2014, Roland-Garros est devenu le premier événement sportif français de dimension internationale à être certifié ISO 20121. Un véritable succès pour la Fédération Française de Tennis (FFT), engagée depuis de nombreuses années dans une stratégie de responsabilité sociétale, comme le rappelle Viviane Fraisse, responsable du développement durable à la FFT.

 

 

Pourquoi la FFT s’est-elle lancée dans le processus de certification ISO 20121 pour son principal tournoi, Roland-Garros ?

VF: Cette démarche est en lien avec la nouvelle stratégie de responsabilité sociétale de la FFT adoptée en janvier 2014. Cette stratégie s’appuie sur trois enjeux, déclinés en neuf objectifs. Le premier est d’intégrer la responsabilité sociétale et le développement durable à tous les niveaux de la fédération. Et donc aussi d’organiser des évènements sportifs responsables. Sur ce plan, les Jeux de Londres avaient été les premiers à recevoir la certification ISO 20121 « Événements durables » et l’obtention de cette certification était à nos yeux le meilleur moyen de commencer l’intégration souhaitée dans notre stratégie.

Cette certification qualifie en effet un système de management. C’est une démarche lourde qui impose de travailler de manière responsable en impliquant l’ensemble des salariés.

Nous avons donc travaillé à la mise en place de procédures et avons reprécisé nos objectifs et nos cibles. Nous nous sommes ensuite lancés dans une phase d’audit réalisée par un organisme indépendant, et Roland-Garros est devenu en 2014 le premier événement sportif français de dimension internationale à être certifié ISO 20121.

 

Un an et demi après l’obtention de cette certification, quelles sont les retombées constatées ?

VF : Elles sont multiples. En interne, elles se mesurent par exemple dans l’évolution des procédures de management, dans l’intégration des critères RSE dans nos appels d’offres ou encore par la traçabilité mise en place dans des secteurs comme le rejet des eaux. Tout cela a participé à améliorer notre processus de fonctionnement interne.

Une autre retombée indirecte que je n’avais pas forcément envisagée fut la reconnaissance des institutions, comme celle du Ministère des Sports, des collectivités territoriales, des ONG (WWF par exemple) ou encore des organisations internationales. Nous avons été beaucoup sollicités lors de la COP21 par exemple, pour intervenir sur ces sujets et montrer comment notre politique de développement durable s’est mise en place. On échange et on partage aussi énormément avec de nouveaux acteurs comme la Mairie de Paris ou l’UEFA Euro 2016 qui souhaite certifier ses événements et nous a contactés dans ce cadre-là.

Enfin, l’obtention du label ISO 20121 nous a également permis d’intéresser de nouveaux partenaires comme ENGIE. Les effets de cette certification sont donc très positifs pour le moment. Certes, les procédures sont assez lourdes à mettre en œuvre, mais nous avons la chance d’être parfaitement accompagnés en interne par nos différents services.

 

En ce qui concerne le tournoi proprement dit, les riverains se sont parfois plaints des nuisances sonores. Comment prenez-vous en compte ce problème ?

VF: Bien que le tennis ne soit pas un sport extrêmement bruyant, cela fait bien sûr partie de notre réflexion. Je pense surtout au projet du nouveau Roland-Garros pour lequel la FFT vise la certification BREEAM, option « Very Good ». Développé au Royaume-Uni en 1990, il s’agit du premier système d’évaluation et de certification de la performance environnementale des bâtiments. Plusieurs critères sont évalués : la gestion de l’eau, des déchets, l’énergie, les transports… Le suivi est rigoureux et nous permettra d’aller encore plus loin que certaines autres normes connues en France, comme la norme Haute Qualité Environnementale (HQE), qui se concentre surtout sur le cadre bâti.

Qu’en est-il de la promotion des énergies renouvelables ?

VF: C’est un axe de promotion assez récent, que nous suivons avec notre nouveau partenaire ENGIE. Dans le cadre de notre démarche de développement durable, nous travaillions davantage sur la réduction de notre consommation d’énergie et moins sur les énergies renouvelables. Mais c’est un secteur qui intéresse beaucoup la FFT, et nous souhaitons accompagner ENGIE dans ses initiatives sur ce plan-là.

 

Enfin, toujours dans cette démarche de développement durable, vous avez introduit les gobelets réutilisables sur votre tournoi. Comment cela s’est-il passé ?

VF: Les gobelets réutilisables sont intéressants dans leur dimension responsable. Ces gobelets en plastique réutilisables sont aujourd’hui très connus. Ils permettent d’éviter les déchets cartons car le spectateur peut le garder ou le rendre aux restaurateurs en récupérant une caution. Nous avons fait en sorte de rendre ces produits attirants afin que les gens veuillent les conserver et garder un souvenir de leur passage à Roland-Garros. Cette année, tous nos partenaires (Lavazza, Perrier…) les ont utilisés. Nous avons aussi mené une réflexion avec Häagen-Dazs pour globaliser sa production dans ce sens-là, pour tous ces points de ventes. Nous essayons aussi de sensibiliser le public avec nos « Équipes vertes », qui sillonnent les allées du tournoi. Elles présentent le tri des déchets de manière ludique, par exemple en proposant des quiz sur tablettes tactiles, permettant de gagner des places pour la prochaine édition de Roland-Garros. Nous mettons aussi l’accent sur ce point via une importante campagne d’affichage partout dans le stade. Depuis 2012, nous mettons en place un registre du tri, qui nous permet de quantifier et de vérifier que nous sommes « dans les clous ». Si le taux de déchets est anormalement important sur une journée, nous pouvons ainsi analyser plus facilement ce qui n’a pas fonctionné. En tant qu’organisateur, c’est à nous de prendre nos responsabilités sur ce plan-là.

 

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