“Notre trisomie est notre force” 

Par Amandine De Rivoyre, chargé de mission MDIS, Think tank Sport et Citoyenneté

Le 5 octobre 2020, Vichy Communauté et le CREPS Auvergne-Rhône-Alpes ont été labellisés centres de préparation aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Si cet événement est évidemment l’un des plus attendu de l’année prochaine, cette année ce sont les Virtus Global Games qui suscitent l’attention dans la région. En effet, la 6e édition de ce qui est désormais le plus grand événement multisports au monde pour les athlètes ayant une déficience intellectuelle s’est tenu du 4 au 10 juin 2023 à Vichy.  

 

Les Virtus Global Games  

Au programme : 10 disciplines, 80 nations représentées et plus de 1000 athlètes qui entreront en compétition sur cet événement. C’est l’équivalent de 15 championnats du monde en une semaine ! 

À un an des Jeux paralympiques de Paris, cette compétition de renommée mondiale est l’occasion pour les participants déficients intellectuels, porteurs de Trisomie 21 ou autistes de montrer leur talent. Elle offre également au territoire Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi qu’à l’ensemble des acteurs engagés pour l’accès au sport des personnes en situation de handicap mental et psychique, l’occasion de rayonner et de mettre en lumière des enjeux, qui restent souvent en retrait des préoccupations nationales, aussi bien d’un point de vue politique, qu’économique, sociétal ou médiatique.   

Les Virtus Global Games offrent une occasion unique d’échanger et réfléchir à l’héritage de cet évènement en matière d’accès à la performance sportive, d’inclusion sociale, professionnelle ou d’évolution des représentations sur le handicap. 

 

Le sport : un levier d’inclusion  

Si les personnes porteuses d’un handicap ont les mêmes besoins, disposent des mêmes droits et devoirs qu’une personne non porteuse de handicap, elles s’affirment également par leur singularité et les difficultés qui jalonnent leur parcours de vie. Le sport peut alors s’affirmer comme un moyen précieux de construire un esprit de solidarité et de soutien entre elles mais il est également important de dépasser l’entre-soi et lutter contre la marginalisation de ces publics. Le sport peut être un levier d’inclusion sociale,  en créant les conditions d’une pratique sportive accessible pour tous (matériel sportif adapté et accessibilité en transports, création de sections spécifiques au sein des clubs et de catégories dédiées au sein des compétitions).

Le sport est une échappatoire pour eux, mais est aussi un symbole d’espoir et d’ambition pour l’entourage qui accompagne au quotidien la personne porteuse de trisomie 21. 

 

Les athlètes porteurs de trisomie 21 absents aux Jeux Paralympiques  

Un problème persiste aujourd’hui : la non-participation des athlètes porteurs de trisomie 21 aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. « Sur le papier, les athlètes atteints de trisomie 21 peuvent participer aux épreuves réservées aux porteurs de handicap mental. Mais en réalité, leur handicap physique et leur manque d’autonomie créent une trop grande différence de niveau avec les autres sportifs », déclare Marie-Paule Fernez, directrice technique nationale à la Fédération Française du Sport Adapté.  

 

Au regard des 4 axes du plan héritage de Paris 2024 :  

  • Les Jeux au service du développement de la pratique et de l’ambition sportive   
  • Les Jeux, facteur de cohésion sociale et d’inclusion   
  • Les Jeux, une vitrine du savoir-faire français   
  • Les Jeux, leviers de transparence, d’intégrité et de responsabilité des acteurs  

 

Nous pouvons constater que l’absence des athlètes porteurs de trisomie 21 met en péril la volonté de faire des Jeux un facteur de cohésion sociale et d’inclusion ainsi qu’un levier de transparence, d’intégrité et de responsabilité des acteurs. Il semble dès lors crucial de poser la question de l’accès des porteurs de trisomie 21 aux Jeux et grandes compétitions sportives.  

Si le Comité International Paralympique souligne la difficulté d’inclure davantage d’athlètes, cet horizon ne semble pas indépassable. En effet, les athlètes paralympiques participant aux Jeux demeurent deux fois  moins nombreux que ceux participant aux Jeux Olympiques. Parvenir à une égalité de nombre entre athlètes olympiques et paralympiques, pourrait ainsi offrir une chance de participer aux athlètes porteurs de trisomie 21. ? L’objectif est de créer un élan de motivation et d’ambition pour les jeunes porteurs de trisomie et non de les freiner à nouveau à cause de leur handicap.  

Dans cet élan d’espoir et de détermination, des porteurs de trisomie 21 ont réalisé le film “ La Flamme dans les yeux » (vidéo ci-dessous)

 

 

Par ce film ils rappellent leur volonté de participer aux Jeux et de porter la flamme.  Ils insistent sur leur esprit d’équipe, avec des regards remplis d’émotions et de motivation. Les porteurs de trisomie 21 mettent en avant leur quotidien avec des entrainements intenses et un dépassement de soi. Accorder à ces athlètes la participation aux Jeux et leur droit de défendre leur nation c’est reconnaître leur  combat quotidien ainsi que le droit pour tous à la pratique et la performance sportive.    


Pour aller plus loin :

Réussir l’héritage des Jeux Paralympiques, Par Sylvain LANDA, Directeur éditorial, Think tank Sport et Citoyenneté

Sport empowers disabled youth : Dossier Spécial sur le projet Européen SEDY





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