Protection de l’environnement : le sport peut mieux faire

19 avril 2016

Hamdi Benslama, Chargé de mission du Think tank Sport et Citoyenneté

 

L’enjeu de la protection de l’environnement à travers le sport et dans le sport se joue à plusieurs niveaux. Notre précédent article soulignait l’importance de tirer profit des événements sportifs majeurs comme les Jeux Olympiques ou encore la Coupe du Monde pour repenser les infrastructures sportives et plus largement l’aménagement urbain de façon éco-responsable. L’autre défi concerne les manifestations sportives nationales et locales. Moins médiatisées, ces manifestations n’en sont pas moins des sources de pollution majeures mais aussi des vecteurs permettant de sensibiliser un public large à la cause environnementale. En terme de protection de l’environnement, le sport peut mieux faire.

En France, ce sont 2,5 millions de manifestations sportives qui sont organisées chaque année. On compte environ 270 000 infrastructures sportives sur le territoire national. En 2011, la France comptait 17,5 millions d’adhérents à des fédérations sportives (licenciés et autres formes d’adhésions). Rien qu’entre la Fédération Française de Football et la Fédération Française de Tennis, on compte plus de 3 millions de licenciés. Or chacune des manifestations organisées chaque semaine en France engendre des déplacements, des consommations de biens et de services et par conséquent produit une empreinte écologique non négligeable. Intégrer la protection de l’environnement dans leur conception et leur organisation permet des économies d’échelles importantes.

 

Intégrer le respect de l’environnement dans la conception des manifestations sportives

L’essentiel de notre empreinte écologique, que ce soit dans le sport ou plus généralement en société, provient des transports. Ainsi, 90% des émissions de gaz à effet de serre du Tournoi international de tennis de Roland-Garros proviennent des déplacements des spectateurs. Le Tour de France génère à lui-seul le déplacement de 15 millions de spectateurs. Réduire l’impact environnemental de ces déplacements constitue un défi majeur pour que le sport puisse se pratiquer dans le respect de l’environnement. A ce titre, la Fédération Française de Tennis (FFT) montre déjà l’exemple avec notamment la mise en place et la généralisation du covoiturage auprès des spectateurs.

La Fédération Française de Basketball est particulièrement sensibles à ces questions. Elle a développé, en partenariat avec le Ministère des Sports, un outil informatique particulièrement innovant, « Optimouv ». Il permet d’organiser les poules régionales et d’en déterminer les lieux de rencontres avec l’objectif d’optimiser les déplacements des participants. Par exemple, grâce à cet outil, elle a mis en place des « plateaux » qui permettent de convoquer plusieurs équipes le même jour et au même endroit pour multiplier les rencontres et minimiser les besoins de déplacements futurs.

Cet outil est innovant à double titre. Tout d’abord il se présente sous la forme d’un logiciel et permet ainsi d’être aisément adapté et utilisé par d’autres fédérations (17 fédérations seront concernées à la rentrée 2016). L’atout majeur de cet outil est de permettre aux organisateurs d’intégrer le respect de l’environnement dans la conception même des manifestations sportives. La préservation de l’environnement n’est ainsi plus une considération secondaire mais un critère d’organisation à part entière. Le sport n’échappe plus à son environnement mais participe pleinement à sa préservation.

 

« Changer de logiciel »

Le sport n’a pas seulement une responsabilité à assumer en matière environnementale, il a aussi le devoir de porter le message écologique auprès de son public. Sensibiliser et responsabiliser, voilà une mission que peut remplir le sport de façon ludique et accessible. La mise en place de mesures concrètes, comme Optimouv, participe à cette mission mais ne se suffit pas à elle seule.

Prenons comme exemple les Eco-Games, concept d’événement sportif alternatif, génétiquement dédié à l’environnement et au développement durable. Organisés pour la 1ère fois au Brésil en 2004 sous le nom de Jeux Mondiaux de l’Environnement, ces manifestations sportives sont organisées depuis en France et de part le monde. Conçus en harmonie avec l’environnement qui les accueille, ils « scénarisent » le sport pour sensibiliser et responsabiliser les participants au respect de l’environnement. Ils permettent ainsi d’allier parfaitement la pratique d’une activité physique et sportive avec le respect et la mise en valeur d’un environnement naturel préservé. Le sport participe ici au « changement de logiciel » nécessaire à l’intégration de la problématique environnementale de tous les acteurs : autorités publiques, organisateurs, participants, spectateurs…

Changer de logiciel permet une meilleure préservation de notre environnement mais permet aussi de minimiser les coûts. En période de réduction budgétaire, touchant particulièrement les collectivités locales qui pourtant jouent un rôle essentiel dans le financement du sport, l’écologie apparaît comme une nécessité. De ce point de vue, l’organisation des Eco-Games n’engendre aucun coût direct pour ses organisateurs : des partenariats et des mécénats plutôt que de recourir à des prestataires de service… Cette manifestation est écologique précisément parce qu’elle ne coûte « rien ». Les Eco-Games ne sont ainsi possibles que grâce à « un logiciel » nouveau et innovant de ses concepteurs.

Tous ces exemples montrent que le sport peut et doit participer à un combat qui nous concerne tous : la préservation de notre environnement. Ce sera le thème des prochaines « causeries » organisées à l’initiative de Madame la Sénatrice, Corinne Bouchoux, et du think tank Sport et Citoyenneté qui auront lieu à l’IFEPSA (Ponts-de-Cé) le lundi 25 avril de 19h à 21h. Quelle responsabilité pour le sport en matière de protection de l’environnement ?  Comment le sport peut aider à mobiliser son public à la cause écologique ? Ce seront autant de questions auxquelles répondront notre grand témoin Catherine Chabaud, navigatrice et journaliste, Pascal Boucherit, kayakiste français et médaillé olympique, Mineke Faure Eon, Vice-Présidente d’Angers Course Natation et Julian Jappert, directeur du Think tank Sport et Citoyenneté.





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