Un rapport européen sur la diplomatie sportive

En automne 2015, le Commissaire Tibor Navracsics a mis en place deux groupes de travail de haut niveau : le premier sur la diplomatie sportive et le deuxième sur le sport de masse. Le travail de ces deux groupes est désormais fini : ils ont présenté leurs recommandations au Commissaire en charge des sports le 29 juin dernier.

Les 15 personnalités réunies dans le groupe de haut niveau sur la diplomatie sportive provenaient d’horizons différents. Qu’ils soient d’anciens athlètes ou des sportifs toujours en activité, des universitaires, des représentants de Think tanks et de médias, des personnalités ayant occupé d’importantes fonctions dans le domaine du sport, ou encore des représentants des plus grandes organisations sportives, tous ont réuni leurs forces pour évaluer la valeur du sport au sein de la diplomatie publique européenne.

Le président de ce groupe de haut niveau, le Hongrois Pál Schmitt, ainsi que les deux rapporteurs Valérie Fourneyron (France) et Thierry Zintz (Belgique) ont conduit les travaux. Le rapport, dont un résumé vous est présenté ici, comprend 15 recommandations et identifie les moyens qui permettraient à l’UE de donner un plus grand rôle au sport dans la poursuite de ses objectifs en matière de politique étrangère et de promotion des valeurs européennes.

Ces 15 recommandations concernent :

Les relations extérieures de l’UE

1. S’assurer que le sport, et sa contribution possible à la réalisation des ambitions de l’Union européenne (UE) en matière de politique étrangère, est pleinement pris en compte dans les accords conclus avec les pays tiers, notamment dans le cadre des accords d’adhésion, d’association, de coopération et des accords européens de voisinage. Quand le sport est mentionné dans les textes, des mesures devraient être prises pour mettre en œuvre les dispositions relatives au sport, à travers des mesures et des accords de suivi, incluant notamment l’adoption de nouveaux instruments comme des protocoles d’accord bilatéraux entre l’UE et les pays tiers, spécialement dédiés au sport.

2. Intégrer plus systématiquement le sport dans les programmes de financement de l’UE dans le domaine des relations extérieures (tels que prévus dans les mesures de soutien) : reconsidérer les critères d’éligibilité aux programmes de financement de l’UE, afin de garantir que le potentiel du sport, dans le contexte de projets impliquant des candidats issus à la fois de l’UE et de pays tiers, soit pleinement exploité. En particulier, il est nécessaire d’envisager l’extension du programme Erasmus+ aux pays non membres de l’UE mais qui bénéficient d’un accord d’adhésion, d’association, de coopération ou d’un accord européen de voisinage.

3. Tirer profit de l’importante expérience développée en Europe en matière sportive pour accompagner techniquement et politiquement les autorités publiques et les organisations sportives de pays tiers dans la mise en œuvre de projets sociaux et de développement, avec pour objectifs de développer le sport dans ces pays et de promouvoir les meilleures pratiques en phase avec les valeurs de l’UE.

4. Organiser une conférence de haut niveau sur la diplomatie sportive et maintenir les bonnes relations existantes avec les organisations sportives, les différentes parties prenantes et le Conseil de l’Europe à travers le dialogue structuré sur le sport de l’UE.

5. Promouvoir la migration légale/circulaire à travers le sport. Les programmes de migration temporaire et circulaire et les partenariats de mobilité devraient être améliorés pour faciliter l’entrée et le séjour temporaire des sportives et sportifs.

6. Récompenser les projets et initiatives de la société civile qui font la promotion du développement et de la coopération à travers le sport, et qui mobilisent les objectifs de l’UE de développement de la démocratie, de l’état de droit, du respect des droits de l’homme et de cohésion sociale (éducation, santé, inclusion sociale, l’égalité des sexes…)

7. Développer les outils de communication, notamment les sites internet et les réseaux sociaux, pour présenter des exemples de bonnes pratiques, comme ceux inclus dans le recueil d’exemples de « projets sportifs pour le développement financés par l’UE ». Inclure une session spécifique sur le sport et le développement à l’occasion de la Journée annuelle de l’UE pour le Développement.

La promotion des valeurs de l’UE dans le cadre des évènements sportifs majeurs et le plaidoyer

8. Soutenir les projets et les recherches relatifs à l’accueil des évènements sportifs majeurs dans le cadre des programmes européens de financements existants, notamment la préparation de l’évènement, les activités parallèles et celles liées à l’héritage de l’évènement sportif et qui sont en accord avec les valeurs fondamentales de l’UE.

9. Mettre en œuvre les recommandations des différents groupes d’experts établis dans le cadre du 2e Plan de Travail de l’UE sur le sport ainsi que les Conclusions adoptées par le Conseil « Éducation, Jeunesse, Culture et Sport » sur les grandes manifestations sportives.

10. Reconnaître le potentiel du sport, et plus particulièrement l’accueil des événements sportifs majeurs, comme un aspect important de la diplomatie économique de l’UE, de façon à ce que le sport puisse contribuer aux objectifs économiques de croissance, d’emploi et de compétitivité de l’UE.

11. Créer un réseau d’ambassadeurs du sport composé d’anciens athlètes, de sportifs en activité et d’entraîneurs, afin de promouvoir les valeurs de l’UE à travers le sport.

Développer une culture organisationnelle de la diplomatie sportive

12. Développer la dimension européenne du sport en intégrant systématiquement le sport dans les politiques et les programmes de financements pertinents de l’UE. Intégrer le terme « Sport » dans la dénomination même de la Direction Générale « Éducation et Culture », afin de renforcer son statut. Donner à la diplomatie sportive un statut prioritaire dans le prochain Plan de travail de l’UE pour le sport (à compter de 2017). Faire référence au potentiel de la diplomatie sportive dans la Stratégie de l’UE en matière d’Affaires Étrangères et dans le Plan d’Action de l’UE en matière de droits de l’Homme lors de leur amendement futur. Dans ce cadre, la coopération au sein d’une même institution et entre institutions de l’UE devrait être encouragée pour assurer une approche plus systématique de la diplomatie sportive européenne.

13. Etablir un groupe d’expert sur la diplomatie sportive comme plateforme qui permettrait de générer des idées et des échanges de bonnes pratiques.

14. Inclure le sport dans le portefeuille des officiers de délégation responsables des relations culturelles, et leur assigner la responsabilité de prendre en compte le sport lorsqu’ils évaluent la situation sociale, économique et politique d’un pays donné.

15. Sensibiliser les ministères des Affaires Étrangères des États Membres quand au potentiel du sport comme outil de soft power et de diplomatie publique.

Ce rapport du groupe de haut niveau sur la diplomatie sportive est disponible dans son intégralité sur le site internet de l’Unité Sport de la Commission européenne.
www.ec.europa.eu/sport

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