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Entretien exclusif

Tibor Navracsics, Commissaire européen chargé de l’Education, de la Culture, de la Jeunesse et du Sport

 

Fondée en 2007 avec l’adoption du Livre blanc sur le sport, la politique européenne du sport se matérialise aujourd’hui par bon nombre de programmes et actions concrètes. Le Commissaire européen en charge des questions de sport Tibor Navracsics dresse un bilan de ses deux années et demi de mandat et évoque les perspectives d’action à venir pour l’Union européenne.

 

Deux ans et demi après votre nomination comme Commissaire européen en charge des questions de sport, comment évaluez-vous le travail accompli ? De quoi êtes-vous particulièrement fier ?

TN : Avant tout, je suis fier d’être le tout premier Commissaire européen à compter le sport dans le titre de son portefeuille. Au-delà de cette reconnaissance symbolique, nous avons accompli beaucoup de travail depuis deux ans et demi. C’est une base sur laquelle nous pouvons bâtir nos actions à venir. La promotion du sport pour tous est l’une de mes priorités, et nous avons fait de bons progrès en la matière. La Semaine européenne du sport lancée en 2015 est une réussite. Nous devons nous attaquer au fléau de l’inactivité physique, et la Semaine européenne du Sport nous aide à faire exactement cela. Nous lancerons la 3e édition à Tartu (Estonie) le 23 septembre prochain, en présence du vice-président Andrus Ansip et du Commissaire européen Vytenis Andriukaitis, avec tous les États membres à nos côtés.

Nous avons aussi avancé sur la façon de mieux utiliser le potentiel du sport pour tous comme vecteur d’inclusion sociale. J’ai mis en place un groupe de travail de haut niveau sur ce sujet, et ses conclusions nous ont permis de faire des progrès en la matière : un soutien supplémentaire aux porteurs de projets est désormais possible via le programme Erasmus+, et une simplification des procédures a été réalisée pour garantir aux petites structures les mêmes chances de bénéficier du programme.

En outre, dans le champ de la diplomatie sportive, nous avons ouvert des domaines d’action totalement nouveaux, qui offrent des perspectives aux États membres et aux organisations sportives.

Les problèmes de gouvernance dans le sport ont été mis en lumière durant cette période, et nous voulons aider les organisations et fédérations sportives européennes à relever ces défis. Les promesses des organisations sportives de mettre en place des normes solides de bonne gouvernance que je reçois depuis septembre 2016 constituent une première étape importante en la matière.

 

Le Conseil de l’UE vient d’adopter le 3e Plan de travail de l’UE en faveur du sport. Comment voyez-vous la coopération de la Commission avec les États membres en ce qui concerne sa mise en œuvre ?

TN : La coopération avec les États membres est excellente dans ce domaine. Le 3e Plan de travail en faveur du sport s’inspire du précédent, en mettant l’accent sur l’intégrité sportive, la dimension économique du sport et son impact sur la société. Sur la base de l’évaluation du Plan de travail précédent, nous nous sommes mis d’accord sur certains aménagements afin de rendre plus efficace notre collaboration avec les États membres. Il y aura moins de groupes d’experts et nous utiliserons davantage les données existantes, par exemple celles issues des projets Erasmus +.

 

Justement, ce programme fera l’objet d’une renégociation au cours des deux prochaines années. Pensez-vous qu’Erasmus+ pourra faire davantage pour le sport pour tous à l’avenir ?

TN : Le programme de financement Erasmus+ Sport est un outil important pour mettre en œuvre les priorités politiques de l’UE en matière sportive, en particulier au niveau du sport pour tous. Nous avons vu d’excellents projets se mettre en œuvre, afin de promouvoir un mode de vie sain, l’inclusion sociale, le bénévolat et la protection de l’intégrité du sport, par exemple en luttant contre le dopage et la manipulation des compétitions sportives. Nous avons adapté le programme pour le rendre plus accessible aux organisations sportives locales : les petits projets collaboratifs nécessitent moins de partenaires, moins de surface financière de la part des candidats et les subventions accordées sont davantage en phase avec les projets présentés. Nous avons également simplifié les procédures pour réduire le fardeau administratif des candidatures. En ce qui concerne l’avenir du programme, nous devons attendre de connaître les contours du futur cadre budgétaire de l’UE. Cela s’inscrit donc dans un contexte plus large, relatif à l’avenir même de l’UE. Mais le programme Erasmus+ est sans doute l’un des programmes les plus réussis au niveau européen, et je suis convaincu que le sport restera une part importante de ce programme.

 

Vous avez été le premier Commissaire européen à développer le concept de « diplomatie sportive ». Quelles sont vos ambitions dans ce domaine ?

TN: Le sport ouvre les portes, il relie les communautés et les nations. Dans le monde où nous vivons, la diplomatie sportive peut aider à surmonter les différences culturelles et rassembler les gens. Il a un réel potentiel en tant qu’outil de coopération au développement – et divers pays et gouvernements ont montré l’efficacité du sport dans l’amélioration de leur politique étrangère et leurs relations internationales. Je crois que le sport peut également aider l’UE à atteindre plusieurs de ses ambitions politiques extérieures, en raison de son soft power pouvant être utile dans la diplomatie publique et la promotion des valeurs de l’UE. Le rapport rendu en juin dernier par le Groupe de travail de haut niveau établi sur ce sujet a énoncé un certain nombre de recommandations en la matière. Ce sujet a également été l’une des priorités de la présidence slovaque au cours du 2e semestre 2016. Les fondations sont là, nous devons désormais construire notre action. Nous nous sommes engagés à le faire dans le Plan de travail pour le sport récemment adopté. Nous mènerons ainsi une étude et organiserons un séminaire ces prochains mois sur ce sujet.

À plus long terme, j’aimerai qu’Erasmus+ et le programme qui prendra sa suite soient beaucoup plus ouverts à la coopération extérieure dans le domaine du sport, comme l’ont déjà fait l’éducation et la jeunesse dans ce même programme.



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