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Revue 39 : Interview d’Irina Bokova

« L’approfondissement du dialogue permet aux sociétés de prospérer et de se développer »

Directrice générale de l’UNESCO depuis le 15 novembre 2009 et réélue en 2013, l’ancienne Ministre des Affaires Etrangères puis ambassadrice de la Bulgarie Irina Bokova est la première femme élue à la tête de cette organisation. Sport et Citoyenneté s’était entretenu avec cette femme d’exception, pour qui le sport doit être un catalyseur pour atteindre des objectifs élevés dans le domaine de l’éducation.

 

De quelle manière votre organisation travaille-t-elle à faire évoluer positivement la société ?

IB : L’UNESCO a été créée juste après la Seconde Guerre Mondiale sur un postulat simple et innovant : la paix, afin qu’elle dure, devait aller plus loin que les accords économiques et politiques entre les États. Elle devait être ancrée dans les sociétés, les écoles, et mise en avant à travers une éducation de haute qualité, une compréhension mutuelle et un partage d’expériences. L’UNESCO offre un soutien capital à ses États membres dans le développement des politiques publiques dans ces domaines. Nous cherchons à construire des systèmes d’éducation plus inclusifs et aussi à protéger notre héritage comme instrument de dialogue. L’approfondissement du dialogue permet aux sociétés de prospérer et de se développer, et cela renforce également les fondations pour une paix et un développement durables. La durabilité est au cœur du travail de l’UNESCO.

 

Vous êtes la première femme élue à la tête de cette organisation. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

IB : Je sais que mon élection est une inspiration pour quelques femmes, dans la mesure où elle montre de nouvelles possibilités en termes d’égalité des genres. Je suis très heureuse de partager ce privilège avec d’autres personnalités, parmi lesquelles Michelle Bachelet, Margaret Chan et Helen Clark. Je porte la responsabilité d’assurer le développement des femmes et d’approfondir l’égalité des sexes dans notre organisation, et également dans toutes les actions de l’UNESCO.

 

Le sport a-t-il sa place dans votre vision de l’évolution de la société ?

IB : Je crois que le sport, en tant que célébration et culture des formes positives de l’expression humaine, est au cœur même du mandat de l’UNESCO pour construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes. Reconnaissant ce potentiel général, l’UNESCO a une approche holistique du sport – c’est à dire un levier, un outil et un catalyseur pour atteindre nos objectifs dans le domaine de l’éducation, vers le dialogue interculturel, l’engagement civique de la jeunesse, la cohésion sociale et le développement.

Une importante contribution de l’UNESCO à cet égard a été l’adoption de la Charte Internationale de l’Education Physique et du Sport, en 1978, qui a établi les lignes directrices pour développer une politique publique dans ce domaine. Cette charte, garantissant, une fois pour toutes le droit d’accéder au sport et à l’éducation physique, est toujours citée aujourd’hui comme une référence pour les actions dans le domaine du sport.

La participation sportive développe des styles de vie sains, améliore les capacités de communication d’un enfant ainsi que sa capacité à apprendre et absorber d’autres sujets. L’éducation sportive non-formelle est un canal de valeurs, elle construit la cohésion sociale et est un conducteur pour un développement holistique de la jeunesse et de la participation à la vie publique, politique et communautaire.

Dans un effort de s’adresser aux styles de vie inactifs, l’UNESCO développe des Indicateurs Internationaux sur la Qualité de l’Éducation Physique, avec le but d’améliorer les politiques d’éducation physique et leur exécution.

La 5e Conférence Internationale des Ministres et des Hauts Fonctionnaires pour l’Education et le Sport – MINEPS V), qui se tiendra à Berlin en mai 2013, offrira une opportunité pour les décideurs du monde entier de discuter davantage de ces thématiques.

 

« Le sport est au cœur même du mandat de l’UNESCO pour construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes ».

 

Les prochains Jeux Olympiques et Paralympiques se dérouleront à Londres cet été. Auront-ils selon vous un rôle à jouer dans la poursuite de vos objectifs ?

IB : L’UNESCO travaille étroitement avec le CIO pour promouvoir les valeurs du sport à tous les niveaux de la société. L’UNESCO travaille aussi sur les questions de développement des capacités et d’initiatives pédagogiques comme le Programme d’Education des Valeurs Olympiques (PEVO). De la même manière, l’UNESCO compte le Comité International Paralympique comme un acteur-clé dans la promotion du potentiel inclusif du sport. Les Jeux Olympiques et Paralympiques offrent tous deux des plateformes incomparables pour présenter ces messages au grand public.

 

A vos yeux, les Jeux sont-ils porteurs de valeurs ?

IB : L’UNESCO travaille étroitement avec des partenaires pour promouvoir le potentiel positif de l’engagement par le sport au niveau local et pour atténuer les potentiels aspects négatifs d’un événement de grande ampleur comme les Jeux Olympiques et Paralympiques, au cours desquels – dans l’environnement sportif actuel hautement compétitif – les athlètes subissent une pression croissante pour faire tout ce qu’il faut pour gagner.

Le dopage met en péril les bases éthiques et morales du sport et la santé de ceux impliqués ; c’est pour cela que l’UNESCO travaille activement à combattre le dopage à travers la Convention contre le Dopage dans le Sport de 2005. Afin de soutenir les pays pour développer et mettre en place des projets d’éducation contre le dopage, l’UNESCO a établi en 2008 un Fond pour l’Elimination du Dopage dans le Sport, qui a depuis financé plus de 73 projets à travers le monde.



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