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Sédentarité : de quoi parle-t-on et où en est-on ?

 

Longtemps considérée comme l’inverse de l’activité physique, la sédentarité correspond en réalité au temps passé assis au cours d’une journée. Ses conséquences sur la santé sont nombreuses et constituent un cocktail morbide lorsqu’elles se cumulent au manque d’activité physique.

 

 

Par Benjamin Larras, chargé d’études, Observatoire National de l’Activité Physique et de la Sédentarité (ONAPS)

 

 

 

On peut être physiquement actif… mais sédentaire ! Alors que le terme d’inactivité physique caractérise un niveau d’activité physique inférieur au seuil recommandé [1], la sédentarité se définit comme une situation d’éveil caractérisée par une dépense énergétique inférieure ou égale à la dépense de repos en position assise ou allongée. En d’autres termes, elle correspond principalement au temps passé assis au cours de la journée : sur le lieu de travail ou à l’école, lors des déplacements en transports motorisés, ou lors des loisirs (télévision, jeux vidéo, ordinateur, smartphone, lecture, dessin…). La sédentarité n’est donc pas l’inverse de l’activité physique. C’est sans doute en raison de cette idée reçue que la prise de conscience de ses ravages a été si longue à émerger.

 

« Une augmentation du temps passé devant un écran »

Les effets délétères de la sédentarité sur la santé sont observés indépendamment du niveau d’activité physique [2]. Et les conséquences sont nombreuses. Le risque de mortalité chez les adultes augmente avec un temps passé assis supérieur à trois heures par jour et de façon plus marquée lorsqu’il dépasse sept heures par jour. Être assis plus de 3 heures par jour est responsable à lui seul de 3,8% des décès, toutes causes confondues [3]. La littérature scientifique montre également que la sédentarité augmente les risques de développer de nombreuses pathologies [4] : maladies cardiovasculaires, liées au métabolisme (obésité, diabète de type 2), cancéreuses (côlon, endomètre), mais aussi troubles musculo-squelettiques, dépression, perte de concentration, échec scolaire…

 

En France, chez les adultes, le temps moyen passé en position assise est estimé à environ 12 heures lors d’une journée de travail et à 9 heures lors d’une journée non travaillée [5]. D’après des études basées sur des questionnaires, environ 40% des adultes passent plus de 7 heures par jour en position assise ou allongée (hors temps de sommeil), et 50% entre 3 et 7 heures par jour, tant chez les hommes que chez les femmes [6]. Ces résultats rejoignent les données rapportées dans les autres pays européens [7]. Chez les enfants et les adolescents, la durée moyenne passée devant un écran, utilisée comme un indicateur des comportements sédentaires, se situe entre 3 et 4 heures par jour [8], en augmentation d’environ 20 minutes entre 2007 et 2015 [9]. Cette durée est presque doublée les jours sans école par rapport aux jours avec école, et augmente progressivement avec l’âge entre 3 et 17 ans quel que soit le sexe, au détriment des activités physiques. Seuls 23% des jeunes passent moins de 2 heures par jour devant un écran et suivent ainsi les recommandations nationales en vigueur, ce pourcentage étant décroissant avec l’avancée en âge et plus important les week-ends [10]. Des inégalités sociales sont observées pour les jeunes comme pour les adultes.

 

« Rompre les périodes prolongées passées en position assise »

Cette sédentarité croissante, conséquence notamment de l’avènement des écrans, est liée à une mauvaise utilisation des progrès technologiques réalisés, tant en milieu professionnel qu’au domicile. Télévision, jeux vidéo, ordinateurs, smartphones…, toutes ces activités sont au cœur des préoccupations actuelles. Il faudrait réaliser au moins 1h30 à 2 heures d’activité physique quotidienne pour compenser les méfaits de la position assise, ce qui parait inatteignable pour très grande majorité de la population [11].

 

Des recommandations concernant la sédentarité sont donc venues s’ajouter à celles sur l’activité physique et reposent sur deux objectifs complémentaires : réduire le temps total quotidien passé en position assise ou allongée, et rompre les périodes prolongées passées en position assise par quelques minutes de marche et d’étirements a minima toutes les 2 heures. Des recommandations concernant les temps d’écran ont par ailleurs été formulées par l’Anses [12] pour les enfants et les adolescents (éviter l’exposition jusqu’à l’âge de 2 ans, limiter à 1 heure par jour entre 2 et 6 ans, puis à 2 heure par jour au-delà).

 

Désormais, la communauté scientifique s’accorde à dire que lutter contre la sédentarité est au moins aussi indispensable qu’encourager l’activité physique. Alors si vous étiez confortablement installé sur votre chaise à la lecture de ces quelques lignes, il est désormais temps de se lever et de marcher quelques minutes !

 

http://www.onaps.fr/

[1] Une heure d’activités physiques dynamiques par jour pour les enfants et les adolescents et 30 minutes par jour pour les adultes

[2] Ekelund et al (2016)

[3] Biswas et al (2015)

[4] Wilmot et al (2012) ; Schmid et Leitzmann (2014) ; Hu et al. (2003) ; ADSP n° 78 (2012) ; Diaz et al. (2019)

[5] Saidj M et al. (2015)

[6] Étude INCA3 (2015) ; Esteban (2014-2016)

[7] Eurobaromètre Sport et Activité physique, 2014

[8] Étude INCA3 (2015) ; Esteban (2014-2016)

[9] Étude INCA3 (2015)

[10] Esteban (2014-2016) et Enquête nationale sur la santé des élèves de troisième. Drees (2019)

[11] Ekelund et al. 2019

[12] Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.



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