Sport, Activités physiques et qualité de vie au travail

Antoine Lanoë, Florian Voyer, Virginie Lamotte et Quentin Clair,
Mastère Spécialisé en Management des Organisations de Sport, Audencia Business School

Dans le cadre d’un projet pédagogique, le Think tank Sport et Citoyenneté et quatre étudiants du Mastère Spécialisé en Management des Organisations de Sport d’Audencia Business School se sont associés pour travailler sur l’impact des activités physiques et sportives dans l’amélioration de la qualité de vie au travail. Ce projet a pris la forme d’une étude terrain au cours de laquelle les étudiants ont réalisé une enquête sur l’impact des activités physiques et sportives en entreprise.

Huit entreprises et organismes ont accepté de participer à cette étude terrain, en répondant favorablement aux demandes d’entretiens : Dynaform, le Groupe AFG, le Groupe Avril, La Poste, le ministère des affaires sociales et de la santé, Pepsico, Safran Nacelles et We Sport You. Ces organisations, distinctes de par leur structure, leur taille et leur secteur d’activité, ont été identifiées pour leurs bonnes pratiques et ont permis aux étudiants d’identifier des facteurs-clés de réussite dans chacune de ces initiatives.

 

Quels sont les facteurs à l’origine de la mise en place d’un projet autour des activités physiques et sportives en entreprise ?

Un constat récurrent sur l’origine du projet est l’implication directe du haut de la hiérarchie. Anciens sportifs ou convaincus des valeurs véhiculées par le sport, ces responsables ont insufflé une démarche en interne auprès de leurs collaborateurs. Les courses à pied entre collègues, souvent à dimension caritative, ont naturellement constitué les premières activités proposées, en raison d’une forte accessibilité et praticité. L’engouement suscité a permis de constater un réel potentiel sportif existant.

Les salariés peuvent également être sollicités pour proposer des activités, sur site ou hors site, de manière ponctuelle ou régulière, telles que l’organisation d’entraînements collectifs ou la création de sections et associations sportives. Par la suite, les organisations ont entrepris de structurer ces pratiques et de confier la gestion quotidienne des activités physiques ou sportives soit à un collaborateur ou un département identifié (communication, ressources humaines), soit au comité d’entreprise et aux associations sportives.

Les motivations des organisations quant aux enjeux de la pratique des activités physiques et sportives sur le lieu de l’entreprise divergent entre bien-être (remise en forme, détente), objectifs stratégiques (réduction des accidents de travail et de l’absentéisme) et leviers de développement (compétences managériales). Une volonté commune d’initier des pratiques physiques et sportives à proximité du lieu de travail pour favoriser les interactions entre collaborateurs a été relevée chez les entreprises et organismes interrogés. Il s’avère que les objectifs déclarés n’étaient pas destinés à être mesurés via des indicateurs de performance.

 

Les activités physiques et sportives, des pratiques en constante évolution ?

Parmi les structures interrogées, le sport est désormais intégré et reconnu. Il est notamment utilisé dans l’industrie pour lutter contre les troubles musculo-squelettiques et les accidents du travail. D’autres préconisent ces activités pour améliorer le bien-être des salariés. Les initiatives personnelles sont fortement encouragées pour enrichir l’offre existante en termes d’activités proposées.

Contrairement à d’autres avantages réservés à certaines catégories d’employés, le sport a cette faculté de favoriser l’insertion et de briser les barrières hiérarchiques existantes, car les pratiques sportives sont accessibles à tous les salariés, y compris les contrats temporaires. Le sport est généralement porté par des collaborateurs investis mais certaines entreprises responsabilisent les employés par la création de sections dédiées aux activités physiques et sportives.

La communication autour de l’offre sportive en interne s’opère par des campagnes de mails et d’affichage, l’intranet ainsi que lors de présentations regroupant les collaborateurs. Cependant, le bouche à oreille demeure le moyen de diffusion le plus efficace. Par ailleurs, les entreprises n’hésitent pas à communiquer sur le plan externe pour démontrer leur dynamisme par l’intermédiaire de leur portefeuille d’activités physiques et sportives.

 

L’évaluation, une mesure pertinente ?

Bien que louée et encouragée par des instances comme le CNOSF ou le Comité Sport du Medef, il est actuellement complexe pour ces entreprises et organismes de mesurer le retour sur investissement de ces pratiques. L’absence d’indicateurs simples couplée à un manque de moyens (temps, financement) ne permettent pas pour le moment une analyse très détaillée des vertus des activités physiques et sportives pour les collaborateurs (santé, performance…).

En outre, les entreprises ne semblent pas réellement vouloir piloter cette activité, contrairement aux autres fonctions traditionnelles. Toutefois, certaines veulent aller plus loin dans la démarche en réalisant un projet d’évaluation, mené conjointement par un comité de pilotage et un comité stratégique. Finalement, les bénéfices constatés sont plus du ressort de l’immatériel, et font l’objet de retours informels par les collaborateurs qui n’hésitent pas à exprimer leur satisfaction.

Pour conclure, les activités physiques et sportives, qui se pratiquent habituellement sur le temps de loisirs privé, font désormais partie intégrante de la vie des entreprises sondées.





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