« Une attention particulière aux spécificités du mouvement paralympique »

 

Présidente du Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF), Marie-Amélie Le Fur a rejoint le Conseil d’administration de notre Think tank. Elle nous apportera son regard d’athlète et de responsable sportif sur les enjeux sociétaux du sport.

 

Propos recueillis par Sylvain LANDA et Emma GARNIER

 

Pourquoi avoir accepté de rejoindre notre Think tank ?

MALF : J’ai présenté ma candidature en raison des thèmes traités par le Think tank, et qui selon moi répondent à un besoin du mouvement paralympique : celui de s’interroger sur la façon dont le sport peut, dans différents pans de la vie sociale, servir des causes. Il faut reconnaître aussi la place prise par Sport et Citoyenneté depuis plusieurs années. Que ce soit en tant qu’athlète ou comme présidente du CPSF, j’ai eu l’occasion de participer à différentes actions menées. Cela m’a permis de constater que les questions d’inclusion et d’accès au sport sont des causes sur lesquelles le Think tank s’engage. En tant que membre du Conseil d’administration, mon souhait est de faire en sorte que dans les différentes thématiques traitées, une attention particulière soit portée aux spécificités du mouvement paralympique.

 

La crise sanitaire impacte fortement le monde du sport. Quel serait le message que vous souhaiteriez passer dans le cadre des réflexions actuelles sur le sport d’après ?

MALF : On a pu voir pendant le confinement que le lien entre les Français et le sport s’est renforcé. Alors que nous étions privés de liens sociaux, de libertés, nombre d’entre nous ont repris contact avec le sport. L’enjeu désormais pour les acteurs associatifs, et notamment les fédérations sportives, est de comprendre comment s’appuyer sur cet élan pour bâtir/renforcer la relation au club sportif. Nous devons partir des besoins et des envies exprimés par les pratiquants, notamment en ce qui concerne le CPSF, ceux en situation de handicap. Il faut se concentrer sur la rentrée sportive, qui sera un moment très fort.

 

Vous aviez annoncé que les Jeux Paralympiques de Tokyo seraient votre dernière compétition en tant qu’athlète. Comment avez-vous vécu leur report ?

MALF : J’ai vécu cette situation avec deux casquettes : celle d’athlète et celle de présidente du CPSF. Dans les deux cas, je soutiens évidemment la décision qui a été prise par le comité international olympique (CIO) et le Comité international paralympique (IPC). L’objectif est désormais de gérer les difficultés qui se posent concernant la qualification des athlètes, la reprise des compétitions et des entraînements. Nous travaillons de concert avec l’IPC, les fédérations internationales et les fédérations nationales pour donner le plus rapidement possible une vision claire aux athlètes. En tant qu’athlète, ce report a été plus compliqué à vivre parce que je suis en fin de carrière et que j’avais prévu d’arrêter à l’été 2020. J’ai pris le temps de réfléchir et d’étudier la faisabilité sportive, professionnelle et personnelle de ce report, tout en discutant avec mes entraîneurs pour savoir s’ils se sentaient de repartir sur une année supplémentaire. Tous les voyants étant au vert, nous avons décidé de continuer un an de plus. Mais la question restant en suspens, comme pour beaucoup d’autres athlètes, concerne la pérennité financière de mon projet. Cela implique un engagement des sponsors une année de plus, ce qui n’est pas évident dans la situation actuelle.





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