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Vers un terrain plus vert :
transformer les intentions en actions

Cycliste sur route bitumé au centre d'une plaine

 

Le mois prochain, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera présentera un « plan d’adaptation de la pratique sportive au changement climatique »[1], véritable feuille de route nationale pour préserver la pratique du sport dans un environnement à +2°/+4°. Si les mentalités évoluent, il demeure toutefois impératif de continuer à mobiliser l’écosystème sportif, à tous les niveaux, pour transformer l’essai et passer des discours aux actes.

20/10/2020

Septembre 2023 a été le mois de septembre le plus chaud jamais enregistré au niveau mondial, battant le précédent record de 2020 avec une marge « extraordinaire » selon l’observatoire européen Copernicus. Quelques jours seulement après cette annonce, la FIFA annonçait que la Coupe du monde masculine de football se déroulerait dans six pays (Maroc, Espagne, Portugal, Uruguay, Paraguay, Argentine) et, donc, sur trois continents (Afrique, Europe, Amérique). Une manifestation de plus des effets du dérèglement climatique et d’une certaine « bulle » dans laquelle vivent les grandes organisations sportives, appelées pourtant à s’adapter au changement climatique.

Des volontés politiques à traduire sur le terrain

Les ODDDe nombreux cadres d’action ont été définis pour lutter contre les effets du dérèglement climatique, que ce soit par exemple les Nations Unies (17 Objectifs de développement durable) ou l’Union européenne (Pacte Vert pour le climat). Ces derniers invitent les Etats à décliner des politiques publiques en faveur de la transition environnementale, qui tiendraient compte de leurs propres spécificités. Depuis, des politiques publiques sportives en faveur de la protection de l’environnement se développent. En Europe par exemple, la Slovénie a intégré la responsabilité sociale et environnementale dans le sport comme l’un des axes majeurs de son programme national pour le sport 2014-2023. L’Allemagne, déjà pionnière sur le sujet lors de l’accueil de la Coupe du monde masculine de football 2006, investit quant à elle largement le champ de l’éco-organisation des événements sportifs, et s’est dotée d’une stratégie nationale en la matière, alignée sur les objectifs de protection de l’environnement définis par le gouvernement fédéral.

Sur le terrain, au niveau du sport de tous les jours, des initiatives se mettent en place et des mouvements se structurent. En France, le mouvement Sport Planète fédéré par MAIF associe des fédérations, des ONGs, des éco-aventuriers qui proposent de nouvelles formes de pratiques et d’événements, ainsi que de nouveaux récits sur un sport plus respectueux de la planète et du vivant. Des ressources ont été produites pour accompagner les acteurs afin de préserver la ressource en eau ou la biodiversité mais aussi réduire leur consommation d’énergie, leurs déchets ainsi que les transports. L’objectif commun de toutes ces démarches ? Engager plus d’acteurs dans le mouvement. Toutefois, tous ne peuvent agir sur l’ensemble des leviers d’actions. Il existe aussi des inégalités de ressources entre les structures (fédérations, clubs, etc.), des besoins et des possibilités d’actions différents. Pour accompagner au mieux les acteurs dans leur transition environnementale, il semble nécessaire de comprendre les problématiques de chaque structure et de proposer des approches multiples, à tous les niveaux.

L’importance de mettre en place des approches diversifiées

L’un des premiers leviers d’action est de multiplier les approches conçues avec les acteurs du sport eux-mêmes, dans le but de lever les freins, d’agir sur les représentations et de passer à l’action. Notre Think thank participe ainsi à trois projets collaboratifs au niveau européen, dont l’ambition est de créer les conditions d’un passage à l’acte, en s’appuyant sur le potentiel éducatif et collaboratif du sport.

  • Le projet OSES se donne pour mission d’élaborer une méthode pédagogique de sensibilisation aux enjeux et bonnes pratiques environnementales par la pratique des sports nautiques. Ce projet s’adresse tout particulièrement aux clubs nautiques qui cherchent à disposer de solutions pour sensibiliser et éduquer leur public au respect de l’environnement durant la pratique sportive.
  • Le projet GREEN TEAM propose quant à lui aux organisateurs d’événements sportifs qui cherchent à développer une politique environnementale et inclusive de découvrir des bonnes pratiques menées en Europe, qui ont fait leurs preuves et qui sont déclinables à d’autres événements.
  • Le projet City, Green, Go! s’adresse, enfin, aux acteurs locaux du sport (municipalités et clubs amateurs) situés en milieu urbain. Il présentera en fin d’année 2024 un livret permettant de concevoir et de mettre en place une stratégie de sensibilisation aux enjeux environnementaux propres à ces acteurs, en mettant en scène des exemples qui ont porté leurs fruits dans des configurations similaires.

De façon tout aussi ciblé, le ministère français des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques a créé un module de formation aux enjeux du développement durable à destination des bénévoles. En deux parties, ce module permet de mieux appréhender les défis et les bonnes pratiques à favoriser. Il donne également des directives pragmatiques qui parlent à l’ensemble des bénévoles.

Le point commun de ces solutions réside dans leur conception au plus proche des utilisateurs finaux. D’une part, ces approches sont bâties à la mesure des moyens dont dispose l’organisation. D’autre part, elles tiennent compte des spécificités, des freins et des bénéfices attendus inhérents à chacun. Enfin, ce type de démarche cible volontairement, à la demande des acteurs, un champ d’action limité, permettant ainsi d’être pragmatique et opérationnel.

 

Des dispositifs qui existent, mais qui peine à être remarqués

Varier les approches en ciblant davantage les enjeux poursuivis permettra, à l’avenir, de fournir des outils de plus en plus adaptés à chaque acteur sportif, permettant ainsi que chacun, à son niveau, se mette en mouvement. Une difficulté demeure cependant, celle de l’accès à des outils de plus en plus nombreux mais fragmentés dans les centaines d’organisations qui les proposent. A l’image de l’espace dédié à la Responsabilité sociétale des organisations (RSO) conçu par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) en 2019, une plateforme de référence ne pourrait-elle pas permettre de rassembler l’ensemble des ressources créées à ce jour en matière de développement durable dans le sport ?

 

[1] https://www.sports.gouv.fr/adapter-les-pratiques-sportives-au-changement-climatique-1186


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« Nous devons fournir des outils réglementaires afin de rendre les choses réalisables.»

 



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