Le CIO peut combler le manque de transversalité entre politiques éducatives, de santé et de sport

17 juin 2015

 

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Thierry Zintz

Professeur de management du sport

Vice-Président du Comité Olympique et Interfédéral Belge

Membre du Conseil d’administration de Sport et Citoyenneté

 

 

Vous venez de rejoindre la « Commission Éducation » du Comité International Olympique (CIO). Pouvez-vous nous présenter l’historique, le travail et les objectifs de cette commission ?

TZ : Il faut savoir que, dans le cadre de l’Agenda 2020 mis en place par le CIO en décembre 2014, la Commission de l’éducation olympique est née de la scission de la Commission Education et Culture en deux commissions distinctes. Ceci indique clairement la valorisation que le CIO entend donner à la dimension éducative. Plusieurs recommandations de l’Agenda attestent de cette importance. C’est la raison pour laquelle les objectifs sont en cours de redéfinition. Il ne fait cependant aucun doute que cette nouvelle commission est à la croisée de la réflexion de plusieurs autres commissions, de par le caractère transversal du concept d’éducation, qu’il s’agisse d’une approche sociétale, que l’on s’adresse aux athlètes ou aux cadres des organisations sportives olympiques. La composition de la Commission de l’éducation olympique en rend compte puisque elle est parfaitement équilibrée entre membres du CIO, représentants du monde académique et acteurs des organisations sportives.

Quelle sera votre contribution à cette Commission ? Quelles sont les recommandations que vous souhaitez apporter ?

TZ : Lorsque l’on est invité à faire partie d’une des commissions du CIO, on se met clairement au service des besoins que celui-ci exprime, puisque le rôle des commissions est de réfléchir et de formuler des recommandations à la Commission Exécutive et à la Session. Il est évidemment des sujets qui me tiennent à cœur et auxquels je contribue déjà en tant qu’acteur externe. En tant que directeur du MEMOS (Master Exécutif en Management des Organisations Sportives), organisé par Solidarité Olympique et 12 universités dans le monde, je suis attentif à la formation des cadres des comités nationaux olympiques et des fédérations internationales. Impliqué dans le développement de l’IOC Athletes Learning Gateway, je porte une attention particulière à tous les éléments éducatifs qui peuvent aider les athlètes à se construire une carrière professionnelle valorisante après leur carrière sportive. Enfin, comme vice-président du Comité Olympique et Interfédéral Belge, en charge de la Belgian Olympic Academy, je souhaite soutenir toute initiative positive, au niveau des comités nationaux olympiques, en faveur de l’éducation olympique au sens large du terme.

Plus largement, quel regard portez-vous sur « l’Agenda Olympique 2020 » ? Comment définiriez-vous les lignes directrices de ce nouvel outil du mouvement sportif ?

TZ : Il faut placer l’Agenda Olympique 2020 dans la vision large d’une évolution entamée après le scandale de Salt Lake City, au seuil des années 2000. Le renforcement du cadre éthique et de gouvernance du CIO est un processus de longue haleine et l’Agenda en fait partie. Il a vocation de poursuivre mais aussi de donner de nouvelles impulsions qui prennent en compte l’évolution du sport et de sa perception par la société, qui assurent la qualité de l’action du CIO et de son offre sportive.

Considérez-vous le sport comme un outil d’éducation encore sous-évalué et sous-exploité ? Quel impact une institution comme le CIO peut-elle avoir pour tirer pleinement parti du potentiel éducatif qu’offrent les activités sportives ? Comment un Think tank tel que Sport et Citoyenneté peut-il vous soutenir dans la diffusion de ces messages ?

TZ : Le sport est incontestablement un outil d’éducation, ou plus exactement au service de l’éducation. Seul, il ne peut rien, mais intégré dans un processus global, il est d’un apport exceptionnel. Si sous-évaluation il y a actuellement, elle résulte du manque de transversalité entre politiques éducatives, de santé et de sport. C’est là que le CIO a un rôle à jouer. Il a la capacité de favoriser la transversalité en son sein et dans les institutions internationales auxquelles il est associé. Un Think tank tel que Sport et Citoyenneté a, dans ce contexte, un rôle d’interpellation : certes il peut relayer les messages, et c’est essentiel, mais il doit aussi y réagir et suggérer des évolutions.





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