Financement durable et gouvernance du sport, des pistes à exploiter

25 Juillet 2015

Landa_Sylvain

 

Sylvain Landa

Directeur adjoint de Sport et Citoyenneté

Rédacteur en chef de la revue Sport et Citoyenneté

 

Nous vivons un été particulièrement sportif. Entre l’annonce de la candidature française aux Jeux Olympiques 2024, le Tour de France ou encore le Mercato d’été (cette foire aux footballeurs qui alimente les gazettes sportives chaque année), les actualités sportives ne manquent pas. Elles sont souvent associées à des sommes vertigineuses : 6 milliards d’euros pour le coût estimé des Jeux à Paris ; 100 millions d’euros pour le chiffre d’affaire du Tour de France selon les Echos, ou encore 80 millions d’euros, la somme que le FC Barcelone serait prête à débourser pour acquérir le milieu de terrain français Paul Pogba. Trois exemples certes différents mais qui illustrent l’écosystème économique du sport-spectacle, ce sport que l’on regarde, le plus souvent à la télévision.

Le sport que l’on pratique, le « sport pour tous », connaît lui une réalité économique plus difficile. Les collectivités territoriales, qui contribuent majoritairement à son financement par le biais de la construction, de l’entretien et de la gestion des équipements sportifs ou le soutien aux clubs, voient leurs investissements limités par les contraintes pesant sur les financements publics. Les ménages subissent toujours, de leur côté, les effets de la crise économique et la réduction de leur pouvoir d’achat. Enfin, les clubs, qui s’appuient en grande partie sur le bénévolat, éprouvent des difficultés à recruter et fidéliser de nouvelles « richesses humaines ».

Cette situation, si contrainte soit-elle, peut néanmoins être considérée comme une chance. La France souhaite « accueillir le monde » en 2024, un slogan qui raisonne à nos oreilles. Nous partageons les mots de Bernard Lapasset, porteur du projet de la candidature parisienne, qui rappelle que « le défi est de faire en sorte que ces projets correspondent aux vrais besoins du pays ». Les Jeux de 2024, s’ils ont lieu à Paris, doivent s’inscrire dans un vrai projet de société afin de mobiliser les Français, qui restent dubitatifs face à leur intérêt économique. Un effort de pédagogie sera donc nécessaire pour justifier les coûts d’organisation et démontrer l’héritage, matériel et immatériel, laissé par l’accueil d’un tel événement. Sur ce point, nous sommes tous acteurs de la réussite du projet. Derrière la personnalité qui devra incarner cette candidature, et représenter les évolutions attendues de la filière sportive française (dynamique, organisée, unie), nous devrons réfléchir à la façon d’associer le plus de citoyens possibles, afin qu’ils puissent bénéficier des retombées des Jeux. Si le sport peut constituer un vecteur de citoyenneté, c’est notamment par ce type d’évènement, qui intègre la population dans son entièreté et l’enrichit. A l’instar de la récente proposition de loi relative à la représentation des supporters, déposée à l’Assemblée nationale et au Sénat, l’intégration du facteur citoyen est plus que jamais l’une des pistes de solution que nous devons étudier.

Nous devons aussi nous appuyer sur l’élan que les Jeux pourraient donner au sport français pour réfléchir à la façon de repenser notre modèle sportif. Le sport n’échappe pas aux débats liés au projet de réforme territoriale en cours. La répartition des compétences entre les différents échelons territoriaux fait l’objet de vifs échanges. Si l’on se fie aux dernières moutures du projet, le sport devrait rester une compétence partagée. Il n’empêche que pour agir plus efficacement, il faudra établir des priorités, et surtout mieux coordonner l’action des différents acteurs, publics et privés, pour tâcher de gagner en cohérence et en efficacité.

Ces questions, et bien d’autres, font l’objet d’éclairages, de témoignages et de propositions dans le dernier numéro de notre revue Sport et Citoyenneté consacrée au financement durable du sport. De nombreux et prestigieux intervenants, issus du monde politique, économique ou de la société civile, répondent à cette question simple, mais pourtant nécessaire : comment sécuriser de manière durable le financement du sport pour les années à venir ?

 

Réflexion parue dans le cadre de la revue 31 de Sport et Citoyenneté, Financement durable du sport





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