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La journée olympique symbole de l’héritage de la pédagogie sportive coubertinienne

Par Benjamin Wild, chargé de mission, Think tank Sport et Citoyenneté

Lancer de disque, jeux olympique, sculpture

Ce 23 juin 2023, est l’occasion de la journée mondiale olympique et paralympique. En France, à près d’un an de l’accueil des Jeux et alors que le trajet de la mythique flamme olympique vient d’être dévoilé, nous revenons sur l’héritage de Pierre de Coubertin concernant les enjeux d’éducation par le sport. À cette occasion le CIO a lancé la campagne Let’s Move en partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour lutter contre la sédentarité. 

 

La journée olympique a été créée en janvier 1948, lors de la 42e Session du Comité International Olympique (CIO) à Saint-Moritz. Ses membres ont adopté le projet d’une Journée olympique mondiale pour promouvoir les idéaux olympiques et commémorer la fondation du Mouvement lors du congrès de la Sorbonne de 1894. La première Journée olympique fut ainsi célébrée le 23 juin 1948 par neuf comités nationaux olympiques.

 

Historiquement, la création de cette journée s’inscrit dans la conception de la pédagogie sportive développée par le Baron Pierre de Coubertin. En effet, son projet s’attachait initialement à donner une éducation sportive aux jeunes élites selon le modèle d’inspiration anglo-saxon. Son appel de 1910[1] à ouvrir « les portes du temple » visait ainsi à élargir la pratique sportive des jeunes garçons issus de la classe ouvrière pour les éduquer à la culture sportive. Son souhait était de créer non pas uniquement des sportifs, mais de véritables sportsmen[2]. Il s’agit, à travers divers instruments, de valoriser un ethos du sportif, refusant le professionnalisme et la quête éternelle de la victoire ainsi que les paris sportifs, au profit d’une véritable éducation sportive. D’autres de ses écrits valorisent la transmission des valeurs olympiques à l’école, témoignant de son engagement à promouvoir l’éducation par le sport et rassembler le corps et l’esprit. Tout un processus d’institutionnalisation de la pensée olympique a été développé depuis avec la création de différents outils : la revue olympique, la journée olympique ou encore l’académie olympique. Le CIO propose ainsi une globalisation des enjeux de l’olympisme, une invitation à s’émanciper par la pratique sportive. La journée du 23 juin répond à cette volonté d’universalisation du sport et de promotion des valeurs olympiques.

 

Cette édition 2023 est spéciale, car elle se situe près d’un an avant le lancement des prochains Jeux de Paris 2024. Cette année, le mouvement olympique a opté pour une réorientation de la journée, qui reposait auparavant principalement sur la mise en valeurs des symboles olympiques accompagnée d’initiations sportives, pour une action globale en faveur des bénéfices du sport sur la santé des personnes. En effet, la campagne Let’s Move[3] (Bougeons), dirigée par des athlètes et créée en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), encourage la pratique sportive de tus, à tous les âges de la vie. Cette campagne diffuse ainsi les préconisations de ce qu’on appelle la « littératie physique », c’est-à-dire l’intériorisation dès le plus jeune âge des bienfaits d’une pratique sportive régulière et le développement de la confiance et de la capacité de chacun à s’inscrire dans un mode de vie plus sain et actif.

 

Let’s Move s’inscrit dans cette démarche. Elle souhaite contribuer à la lutte contre la sédentarité, conformément à la stratégie globale « Olympism365[4] » du CIO, dont les principaux objectifs sont de permettre l’accès à la pratique sportive et de faire profiter la population mondiale des bienfaits de l’activité physique pour la santé et la société. Concrètement, le CIO invite chacun à prendre 30 minutes de son temps pour bouger avec les athlètes partenaires lors d’une séance d’entraînement en ligne et ce où que vous soyez dans le monde, avec l’ambition d’en faire une habitude quotidienne.

 

Sport et Citoyenneté est engagé dans de nombreux projets partageant la même philosophie. Avec PACTE+[5], nous accompagnons des municipalités européennes désireuses de devenir des « villes actives ». L’objectif est de pouvoir s’inspirer de différentes initiatives en Europe pour développer des stratégies transversales de promotion de l’activité physique, en lien avec les établissements éducatifs et l’aménagement des espaces publics. Pour que les citoyens puissent développer « un esprit sain, dans un corps sain » et un espace de vie qui le soit tout autant.


[1] Clastres, P. (2013). Culture de paix et culture de guerre. Pierre de Coubertin et le Comité International olympique de 1910 à 1920. Guerres mondiales et conflits contemporains, 251, 95-114. https://doi.org/10.3917/gmcc.251.0095

[2] Clastres, P. (2005). Inventer une élite : Pierre de Coubertin et la « chevalerie sportive ». Revue Française d’Histoire des Idées Politiques, 22, 51-71. https://doi.org/10.3917/rfhip.022.0051

[3] https://www.who.int/fr/news/item/13-06-2023-ioc-and-who-launch-let-s-move-campaign-on-olympic-day-to-inspire-and-enable-the-world-to-move-for-better-health

[4] https://olympics.com/cio/olympisme365

[5] https://www.pacteproject.com/


Pour aller plus loin

Quel avenir pour la gouvernance du mouvement olympique et sportif international face à une crise de légitimité ? – Sport et citoyenneté (sportetcitoyennete.com) Par Emmanuel Bayle, Professeur en gestion du sport à l’Université de Lausanne, Membre du Comité Scientifique du Think tank Sport et Citoyenneté.

Questionner l’héritage des Jeux à l’occasion de la journée Olympique ? – Sport et citoyenneté (sportetcitoyennete.com) par Alice Buensoz



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