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Diplomatie sportive post-confinement : quelle masse critique ? 

 

La diplomatie sportive n’est-elle faisable que si le retour sur investissement représente un niveau assez élevé pour attirer les investisseurs privés ? Dépend-elle d’une masse critique répondant à la logique marchande, où bien a-t-elle également un avenir là où le rendement n’est que faible ?

 

Jacob KORNBECK

 

Membre du Comité Scientifique

Think tank Sport et Citoyenneté

 

La diplomatie sportive a-t-elle du sens si le rendement économique est faible ? La question mérite d’être posée dès lors que la reprise des compétitions post-confinement (Covid-19) implique, dans l’immédiat, une réduction de la présence des spectateurs. Nous ignorons en effet si les voyages transcontinentaux liés au sport vont reprendre comme avant. Là où les acteurs pertinents ont reconnu l’utilité du sport comme outil de soft power, leur engagement survivra-t-il à une chute de ce poste de recettes ?

Rappelons d’abord que l’importance de la billetterie a diminué par rapport au volume financier que représentent désormais les droits dérivés dont, surtout, les droits de retransmission. Il y a 12 ans déjà, Wladimir Andreff avait souligné que le modèle commercial traditionnel SSSL (Spectators, Subsidies, Sponsors, Local) avait été remplacé par un modèle MCMMG (Media, Corporations, Merchandising, Markets, Global). Et pourtant, la valeur de chaque marque sportive dépend, aussi, de la présence de spectateurs installés de manière visible dans les tribunes. Si une chute de l’assistance entraînait une chute des recettes, la diplomatie sportive aurait-elle toujours autant la côte ?

« Comment le public peut-il être impliqué ? « 

Quoiqu’efficace, la place du sport dans la diplomatie n’a été reconnue que récemment, peut-être à cause du rôle primordial joué par les organisations sportives internationales (OSI). La diplomatie sportive demeure un champ d’action contesté, vulnérable, sujet à des accusations génériques de connivences diplomatiques ; risques que garderont à l’esprit les investisseurs privés. Or, c’est peut-être précisément quand les acteurs marchands deviennent frileux que les pouvoirs publics ont un rôle à jouer. Là où le rendement financier (c’est-à-dire le retour sur investissement) ne promet pas grand-chose, une forte implication du secteur marchand ne saurait être visée comme une constante, voire comme un élément-clé de la stratégie. Les autorités publiques pourraient alors y avoir un rôle plus important à jouer, à condition que les OSI le souhaitent. Car les partenariats avec les entreprises sont importants, alors que la composante « diplomatie sportive » est moins évidente. Ce n’est peut-être pas par coïncidence si un ouvrage de référence consacré à la gouvernance des OSI n’inclut aucun chapitre sur la « diplomatie sportive » et si ce terme est absent dans l’index du même ouvrage, alors que les partenariats commerciaux y trouvent bien leur place. Or, le contexte post-confinement pourrait être une opportunité pour faire autrement – d’autant plus que la pandémie a déjà incité les autorités publiques à s’impliquer beaucoup plus, dans la plupart des domaines politiques, que dans les dernières décennies.



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