Cet article est protégé par un mot de passe. Pour le lire, veuillez vous connecter.




Égalité femmes-hommes :

quand le sport s’appuiera-t-il sur la recherche universitaire ?

Le sport se dit vertueux et se prévaut de valeurs universelles de méritocratie et de respect. Il doit plus que jamais en faire la démonstration sur le court et le long terme. Pour cela, l’appui de la recherche universitaire en sciences humaines et sociales est incontournable.

 

Marie-Cécile NAVES

Politiste

Membre du Comité Scientifique

Think tank Sport et Citoyenneté

Les grands événements sportifs clament haut et fort qu’ils font de l’égalité femmes-hommes l’un de leurs mots d’ordre. Qu’en est-il en réalité, au-delà des slogans, des (quelques) prises de position contre le sexisme et de l’autosatisfaction renouvelée ? Rares sont les indicateurs tangibles et les suivis des politiques menées dans le cadre de l’« héritage » (en amont et en aval) des compétitions. Car de quoi parle-t-on ? Sur les primes et les salaires, les conditions d’entraînement, l’accès aux infrastructures, la couverture médiatique (quantitative et qualitative), pour les professionnelles comme pour les amateures, la gouvernance, l’accroissement de l’activité physique et sportive régulière, où est le progrès tant vanté depuis, en particulier, la Coupe du monde féminine de football de 2019 ? Quels dispositifs ont-ils été mis en place, pour quels résultats ? Où est l’accélérateur, tant promis, des évolutions sociales ?

Partout sur la planète, les inégalités de genre se sont accrues avec la crise sanitaire. Le champ sportif n’y a pas échappé : jugé « non essentiel », le sport amateur a été sacrifié, dans la pratique routinière comme dans les compétitions. Le sport féminin étant bien plus affecté que le sport masculin, les conséquences, pour les compétitrices, sont désastreuses. L’image renvoyée à l’ensemble de la société ne l’est pas moins : les femmes continuent de passer après.

Le but, pour les filles et les femmes, demeure celui de quitter la marge pour le centre, pour paraphraser la chercheuse et militante féministe bell hooks. Aboutir à l’égalité de genre est un projet de transformation radicale de nos sociétés. La prise en compte systématique des enjeux de genre permettra au sport, dans son ensemble, de s’améliorer. Réciproquement, alors que la Covid-19 nous enjoint à plus de solidarité, à être plus soucieux des vulnérabilités de chacune et de chacun, le sport dispose d’outils essentiels pour apporter sa pierre à la consolidation du monde commun. Cependant, seul l’effondrement de modèles économiques, ultra-coûteux, sans doute dépassés, propres à certains sports masculins, inquiète.

« Une prise en compte systématique des enjeux de genre »

Le sport n’est pas une formule magique pour changer la société et les rapports sociaux de sexe, mais il se dit, se pense vertueux, et continue de se prévaloir de valeurs universelles de méritocratie et de respect. Il doit plus que jamais en faire la démonstration sur le court et le long terme. L’évaluation de l’impact des politiques publiques et fédérales est essentielle. L’appel aux méthodologies de la recherche universitaire en sciences humaines et sociales est incontournable. Il faut donc faire le choix de la rigueur et le pari du temps long. C’est un enjeu politique autant qu’épistémologique. Pour que la promesse des instances nationales et internationales de contribuer à l’égalité femmes-hommes soit tenue, pour que les attentes sociales, fortes, dans ce domaine, soient satisfaites, le sport doit monter en expertise et, pour ce faire, s’ouvrir aux chercheuses et aux chercheurs. Les travaux mis en place par le Think tank Sport et Citoyenneté vont dans ce sens.



Sport et citoyenneté