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La diplomatie sportive en pratique :

quelques exemples nationaux

États-Unis, Chine, Australie, France, Croatie… Nombreux sont les États à avoir formalisé une stratégie de diplomatie sportive. Si les approches divergent, toutes contribuent à renforcer les intérêts de chacun des pays.

 

 

Vanja SMOKVINA

 

Maître de conferences en droit,

Université de Rijeka (Croatie)

 

Depuis des temps immémoriaux, le sport et la politique ont été mêlés, comme l’atteste la trêve olympique dans la Grèce antique. Plus près de nous, les illustrations de l’utilisation du sport comme outil diplomatique sont nombreuses : la diplomatie du ping-pong entre la Chine et les États-Unis et la diplomatie du hockey entre le Canada et l’ancienne Union soviétique ont été suivies par la diplomatie de la lutte entre la Russie, l’Iran et les États-Unis, la diplomatie du cricket entre l’Inde et le Pakistan, ou encore les épisodes de diplomatie du baseball entre Cuba et les États-Unis.

Dans chacun de ces cas, le sport a été choisi pour servir des intérêts nationaux. Le meilleur exemple d’aujourd’hui est celui de l’Australie, décrite par Stuart Murray dans sa contribution à ce dossier. Un autre modèle important est le programme SportsUnited mis en oeuvre par le ministère des affaires étrangères des États-Unis, dont deux activités méritent d’être mentionnées particulièrement : le programme Sports Visitors qui permet à des sportifs étrangers de voyager aux États-Unis pour des formations spécialisées, et Sports Envoy qui recrute notamment d’anciens athlètes et des entraîneurs pour un rôle de « diplomates en survêtement ».

Un troisième exemple révélateur est celui du Japon et de son utilisation du sport pour briser les stéréotypes impérialistes et refléter ses réussites économiques. L’accueil de méga-événements sportifs (MSE) comme les Coupes du monde de football et de rugby et, bien sûr, les Jeux Olympiques et Paralympiques, mais aussi le programme Sport for Tomorrow, qui visait à promouvoir le sport auprès de plus de 10 millions de personnes dans 100 nations différentes avant les JOP 2020 participent à cette ambition. On peut aussi nommer l’Afrique du Sud, le Brésil et la Chine, qui eux aussi ont perçu les MSE comme des opportunités de présenter un visage « nouveau » ou « meilleur » dans l’arène internationale. La Chine est aussi un exemple intéressant en raison de ses investissements colossaux dans le football, outil diplomatique et économique à rayonnement mondial, en plus de sa « diplomatie des stades » qui fournit des infrastructures sportives à des pays en voie de développement.

« DANS LES BALKANS, LE SPORT À DES FINS DE RÉCONCILIATION »

En Europe, la France fait figure de leader, avec l’institutionnalisation d’un « Ambassadeur pour le sport » et son succès persistant à attirer les plus grands MSE. La diplomatie sportive du Royaume-Uni se base surtout sur des partenariats entre le British Council et des fédérations majeures comme la Premier League et le Premiership Rugby dans le but de promouvoir les valeurs britanniques et la langue anglaise. D’autres pays comme l’Espagne ou la Croatie ont aussi compris l’importance de la diplomatie sportive dans leurs agendas politiques et économiques. La Croatie, notamment, vient de reconnaître officiellement l’importance de la diplomatie sportive par le biais de sa toute première stratégie nationale pour le sport et dans son soutien fort aux Jeux Sportifs de la Jeunesse (Sportske igre mladih), un programme organisé conjointement avec la Bosnie-Herzégovine et la Serbie, qui utilise le sport à des fins de réconciliation et de compréhension mutuelle, de solidarité et de fair-play entre les jeunes de ces pays.

L’Union européenne n’est certes pas un État-nation, mais elle n’en a pas moins des objectifs de politique étrangère et serait bien avisée de prendre inspiration de ces exemples à travers le monde.



Sport et citoyenneté