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L’impact social des événements sportifs

La mesure de l’impact des événements sportifs redevient d’actualité, avec la nécessité toujours plus forte de justifier leur organisation. Cela est d’autant plus vrai pour les plus grands événements, qui nécessitent une forte contribution des pouvoirs publics et sont donc en concurrence avec d’autres secteurs d’activité.

 

Jean-Loup CHAPPELET

 

Professeur émérite à l’Université de Lausanne

Membre du Comité scientifique du Think tank Sport et Citoyenneté

C’est d’abord l’impact économique qui préoccupe beaucoup, au moins depuis les Jeux Olympiques de Los Angeles 1984. Les économistes ont démontré depuis la difficulté et l’insuffisance de sa mesure. Il n’en demeure pas moins que cet impact existe et est proportionnel au montant des fonds exogènes acquis par l’événement (droits de diffusion et de commercialisation, billets de non-résidents, etc.) qui n’auraient pas été dépensés dans le territoire hôte si l’événement n’avait pas eu lieu.

La première étude d’impact environnemental date des Jeux Olympiques d’hiver de Lake Placid 1980. Un tel impact peut être important mais il est limité dans le temps. Il existe aujourd’hui des labels (ISO 14001, 20121, etc.) qui aident les organisateurs à le limiter.

La méthode OGI (Olympic Games Impact), proposée par quelques chercheurs lausannois mandatés par le CIO en 2000, est une des premières qui considère l’impact d’un événement du point de vue économique et environnemental, mais aussi social. Cette méthode à base d’indicateurs dans ces trois sphères classiques du développement durable a été pleinement appliquée pour Vancouver 2010 et partiellement pour Londres 2012.

La méthode souligne trois soucis inhérents au périmètre de ces études : le territoire de calcul de l’impact ; l’étendue temporelle de l’impact ; le lien avec l’événement des projets pris en compte.

Pour ce qui est du territoire, il est recommandé de considérer toute la région hôte, voire son pays pour les plus grands événements, avec la difficulté de disposer de statistiques régionalisées. Pour la temporalité, il s’agit de distinguer trois phases : avant, pendant et après l’événement. Pour les JO, une étude sur une dizaine d’années est nécessaire : 8-9 ans de préparation, un mois de Jeux (avec les Paralympiques) et 1-2 ans de clôture. Pour ce qui est des projets pertinents, il convient de ne retenir que ceux directement liés à l’événement, comme une aréna construite pour l’occasion, en éliminant ceux accélérés par l’événement mais qui se seraient de toute façon réalisés, comme une infrastructure de transport.

« Comment définir la sphère sociale d’un événement et la mesurer ? »

Une fois le périmètre de l’événement délimité, comment définir sa sphère sociale et la mesurer ? Une façon concrète est de déterminer un nombre limité d’indicateurs qui seront mesurés précisément pour l’événement. Par exemple le niveau de pratique sportive, le nombre et le type de personnes collaborant à l’événement et les compétences acquises, le ressenti des résidents, la notoriété et l’image du territoire, le nombre d’articles sur l’événement, de secondes télévisées, de visiteurs uniques du site internet, de posts et suiveurs sur les réseaux sociaux… Bien que certains de ces indicateurs aient un impact transversal sur les sphères économiques et environnementales, on peut les rattacher à la sphère sociale ou alors faire une étude particulière sur l’impact médiatique (comme par exemple l’étude sur la Ryder Cup Paris 2018).

Pour l’impact à très long terme (au-delà des dix ans des JO), on parlera d’héritage. Il doit faire l’objet d’études par les collectivités territoriales concernées qui sont pérennes, contrairement aux organisateurs d’événements éphémères.

www.unil.ch

 



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