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L’implication communautaire dans la diplomatie du sport

 

La crise sanitaire a été décrite par beaucoup comme une opportunité pour un « nouveau récit », ou pour développer des solutions radicalement nouvelles aux problèmes de la société.

 

 

Jacob SCHOUENBORG

 

Secrétaire général de l’Association Internationale Sport et Culture (ISCA)

 

En réalité, les recherches menées sur les catastrophes montrent qu’il existe un très grand degré d’inertie dans les systèmes sociaux. En tant qu’espèce, nous avons tendance à revenir dès que possible vers ce nous connaissons. Bien sûr, ce conservatisme a ses avantages. Il permet de mettre en place des systèmes stables de coopération et de compréhension. L’un des meilleurs exemples est peut-être le domaine de la diplomatie. Les relations entre les pays sont régies par un ensemble stable de codes, avec des canaux de communication, des rôles et des approches spécifiques.

La diplomatie publique a (lentement) évolué à partir de ce système, et a inclus les domaines spécifiques de la diplomatie culturelle et sportive. Ces concepts ne transforment pas radicalement la diplomatie, mais en constituent des éléments supplémentaires.

Soutenus par le programme Erasmus+ Sport de l’UE, l’ISCA et ses partenaires ont initié une démarche pour inventer, développer et faire progresser le concept de « Diplomatie par le sport pour tous » (GSD).

Ce concept pourrait être considéré comme un sous-ensemble spécifique de la diplomatie sportive. Ce serait réducteur, parce que la diplomatie par le sport pour tous remet en question les notions même de diplomatie sportive (et de diplomatie en général), pour au moins trois raisons :

  • Elle se concentre sur le rôle de la société civile dans la diplomatie.
  • Elle permet le dialogue et l’échange, dans un environnement ouvert et transparent.
  • Elle favorise l’intérêt mutuel et le progrès sociétal.

C’est pourquoi je considère la diplomatie sportive par la « base » comme un facteur de changement et une façon totalement nouvelle de penser les relations internationales.

Dans le cadre du projet GSD, 7 projets-pilotes ont été menés par des organisations partenaires (création d’un réseau sud-américain pour l’égalité des sexes dans le football, organisation de courses à pied et de marche solidaire au Liban, etc.). Nous en avons tiré de nombreux enseignements. Parmi eux, je voudrais insister sur le fait que ces actions s’appuient sur une culture de la générosité. Il s’agit de partager ce que vous avez avec les autres et de développer des solutions ensemble. Ces projets sont véritablement axés sur les citoyens et partent de la base. Enfin ils s’attaquent à certains des défis les plus difficiles de notre époque.

« Une façon nouvelle de penser les relations internationales »

Permettez-moi une question rhétorique : combien cela coûterait-il si quelqu’un voulait s’attaquer à ces problèmes ? Je crois que la diplomatie par le sport pour tous est un outil puissant et très rentable pour aborder les problèmes de notre temps.

Si nous revenons à la situation actuelle, il est évident que cette période peut être une plateforme de changement social. Mais il faut se battre pour conquérir l’espace et gagner la narration des solutions de demain, pour ne pas retomber dans des schémas trop connus. J’espère que la diplomatie sportive par le sport pour tous, avec ses principes de générosité, d’ouverture et de coopération, aura un rôle-clé à jouer. Mais cela n’arrivera pas si nous ne faisons pas pression en ce sens.



Sport et citoyenneté