« 4% seulement de nos déplacements quotidiens s’effectuent à vélo »

Propos recueillis par Lucas Gicquel et Amandine de Rivoyre

Petit garçon roulant à vélo lors des ateliers L'avenir à vélo organisés pendant le Tour de France

07/09/2020 – Tour de France 2020 – Journée de repos – Fan Park à Châtelaillon-Plage – Atelier « l’avenir à vélo » A.S.O./Hervé Tarrieu

 

La 110e édition du Tour de France s’achève ce dimanche à Paris. Au-delà des exploits de Jonas Vingegaard et Tadej Pogačar, le Tour déploie depuis plusieurs années une politique RSE engagée sur le plan social et environnemental, rappelle Karine Bozzacchi, Responsable RSE du Tour de France

 

Le Tour de France est un événement sportif à part, en raison de sa popularité, de son histoire, de son ancrage territorial. Cet aspect culturel de l’événement influence-t-il votre politique de responsabilité sociétale et environnementale (RSE) ?

Le Tour de France jouit d’une popularité énorme, et nous nous appuyons en effet sur cette image pour déployer nos actions. Nous communiquons beaucoup sur les liens avec les collectivités et les territoires une fois le Tour lancé, tandis que les sujets écoresponsables sont travaillés en amont avec nos partenaires.

Toutes les marques cherchent à mettre en avant leur politique de RSE. Nous présentons la nôtre, qui vise un impact positif que nous avons appelé « l’Avenir à vélo ». Notre but est d’inspirer le maximum de personnes à mettre du vélo dans leur quotidien ; les plus jeunes évidemment, mais aussi celles et ceux qui sont éloignées de la pratique du vélo ainsi que les collectivités territoriales.

Il s’agit aussi de travailler notre écoresponsabilité. Depuis plus de dix ans, le Tour de France s’est engagé à tendre vers une organisation plus écoresponsable. La mobilité, la gestion des déchets et l’alimentation responsable sont des enjeux importants pour l’organisation. Avec notre programme « C’est mon Tour, J’agis », nous essayons d’éviter les impacts sur l’environnement, de les réduire ou de les compenser. A titre d’exemple, en 2019, les premiers véhicules électriques et hybrides ont vu le jour sur le Tour de France. Aujourd’hui, 100% de la flotte de véhicules légers de l’organisation roule en hybride.

Avec la caravane solidaire et responsable, nous essayons d’embarquer nos partenaires autour d’objectifs communs. Chacun a sa propre politique, ses propres objectifs mais nous essayons de faire converger ces initiatives vers les engagements sociaux et environnementaux que nous portons et sur lesquels nous nous retrouvons.

« Développer la cyclabilité des territoires »

Les enjeux environnementaux n’ont jamais été aussi prégnants. Est-ce une opportunité pour le Tour d’intensifier la promotion de l’usage du vélo ?

Notre programme « L’avenir à vélo » a pour but de relayer des messages. Utiliser son vélo n’a que des bienfaits, pour la santé, pour le portefeuille et pour la planète. Malgré cela, 4% seulement de nos déplacements quotidiens s’effectuent à vélo, alors que 35% d’entre eux font moins de 2 kilomètres, et 60% moins de 5 kilomètres. Notre marge de progression est importante ! C’est pourquoi nous incitons à utiliser davantage le vélo, et ce dès le plus jeune âge. L’opération « Les Ptits Vélos » permet d’initier des enfants à la pratique du vélo dans les écoles, grâce à des kits pédagogiques et le financement de draisiennes. Le Tour participe aussi au dispositif « Savoir Rouler à Vélo » impulsé par l’Etat.

Nos partenaires s’engagent à nos côtés sur ce volet. Avec son opération « Un Enfant, Un Vélo », Century 21 a déjà permis de collecter plus de 800 vélos pour les offrir à des enfants défavorisés. Le programme « Les Oubliés du Sport » soutenu par la Fondation d’Entreprise FDJ et le Secours Populaire permet quant à lui d’accueillir sur le Tour des enfants de quartiers défavorisés qui ne partent pas en vacances. Un autre public est ciblé par l’opération « Les 10 bornes Domitys », qui propose aux seniors des ateliers d’entraînement et de remise en selle pour ensuite parcourir 10 kilomètres des étapes du Tour de France. Ces quelques exemples nous confirment une chose : une politique RSE ne peut pas avoir un impact durable que si elle associe l’ensemble de ses partenaires et les territoires sur lesquels se déploie l’événement.

Quelle est votre action auprès des collectivités avec le Label « Ville à Vélo » ?

Notre objectif est ici de mettre en lumière les efforts et les politiques menées au niveau local en faveur de la mobilité et de la cyclabilité. Il est légitime que le Tour de France, plus grande course cycliste au monde, pousse le grand public à mettre plus de vélo dans son quotidien. Ce label permet donc de valoriser les collectivités qui s’engagent sur ces sujets et de les accompagner, à travers l’organisation de conférences ou la venue d’experts comme Copenhagenize ou la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB). On s’aperçoit que ce label permet aussi de rapprocher des services dans les collectivités qui n’ont pas forcément l’habitude de travailler ensemble. On parle d’urbanisme, de sport, de tourisme, d’aménagement du territoire… Cela crée une dynamique positive. Depuis 2021, 133 collectivités ont reçu ce label, de Rotterdam à Bilbao, en passant par Loudenvielle, dans le département des Hautes-Pyrénées.


Pour aller plus loin

« Un Sponsor a des droits mais aussi le devoir d’être responsable », Interview d’Amel Bouzoura, Directrice du sponsoring et des partenariats sportifs FDJ

« L’écologie est l’objectif commun à atteindre dans le monde du sport », Interview d’Yves Pellicier, président de la MAIF

Formule 1: la lente progression des sujets sociaux et environnementaux, par Jeanne Lehéricey





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