Euro et Citoyenneté  : Les footballeurs sont-ils des modèles d’éducation ?

Cette semaine, pour sa troisième édition,  « Euro & Citoyenneté » s’intéressait plus particulièrement au lien entre l’éducation et le sport. Pour ce faire, notre Think tank avait convié Aya Cissoko, Membre de Sport et Citoyenneté, Championne du monde de boxe, Auteur de N’Ba en 2016 et Danbé en 2011 ( coécrit avec Marie Desplechin), et Jimmy Adjovi Boco, Membre du Think tank Sport et Citoyenneté, Directeur Général de l’association Dambars. Leurs échanges, orientés par Marianne Kottenhoff, ont permis d’apporter des éléments de réflexion mêlant éducation et sport.

En ce mois de juin 2016 l’EURO et les footballeurs sont au centre de l’actualité. Au-delà des rencontres footballistiques d’autres sujets tels que le comportement des sportifs ainsi que leurs écarts s’invitent aux débats médiatiques. Ces éléments suscitent de nombreuses réactions et doivent nous amener à nous questionner, notamment sur l’offre éducative destinée à nos sportifs. Comme le soulignait Jimmy Adjovi Boco « les joueurs sont pris à l’âge de 13, 14, 15 ans, ils ont eu une éducation et une instruction auparavant et c’est sur ces éléments qu’il est important de mettre l’accent. Est-ce que tout est fait pour que les jeunes qui arrivent à cet âge-là puissent continuer à se développer dans de bonnes conditions ? ». Dans une société où ces sportifs sont devenus des modèles pour de nombreuses générations cette question paraît essentielle. Ce n’est certes pas au football de régler les maux de notre société, mais il ne doit pas non plus permettre de former des individus inciviques.

L’éloignement géographique, le déracinement, les changements de vie, sont autant de facteurs qui amènent une perte de repères chez les jeunes footballeurs. « Notre rôle est alors d’éduquer et de former des citoyens avant de former des footballeurs. Les jeunes lorsqu’ils sortent de nos structures doivent pouvoir représenter leur pays, leur continent et surtout se comporter en bons citoyens » poursuivait Jimmy Adjovi Boco. Le centre de formation doit tout autant permettre à un jeune joueur de devenir un bon footballeur que de lui donner l’opportunité d’acquérir un niveau scolaire satisfaisant. Pour être un citoyen capable de comprendre l’environnement dans lequel il gravite notre système éducatif doit permettre de les responsabiliser dès la base de la formation ou de l’apprentissage. Ainsi il est nécessaire de leur donner le bagage éducatif adéquat pour pouvoir faire face aux changements radicaux dont ils font l’objet.

Le sport et l’éducation sont des sujets liés dans de nombreux domaines. Le sport, au-delà de la performance physique, est un outil identifié par les institutions européennes comme permettant de favoriser l’inclusion sociale. Il traduit une véritable démarche culturelle. A la fois bénéfique pour la santé et l’éducation, il prône avant tout des principes nécessaires à nos sociétés. Le fair-play, l’esprit d’équipe, la discipline, le goût de l’effort, le respect des autres, la tolérance et la solidarité sont toutes des valeurs acquises par l’éducation dans les écoles et collèges. On met en avant les idées d’un contrôle de soi et de la primauté de la raison. Le sport scolaire permet dans cet optique de lier l’apprentissage du corps et de l’esprit en y inculquant les valeurs et le comportement civique. En plus d’être un moteur du développement de la citoyenneté, le sport contribue à donner confiance aux enfants. Tous ces éléments vertueux doivent se retrouver dans les centres de formation. Peut-être faut-il alors davantage sensibiliser nos joueurs à l’importance de la citoyenneté, des valeurs et de l’éthique.

Aujourd’hui, la question de l’exemplarité des sportifs de haut niveau revient fréquemment, et principalement quand ces derniers sont responsables de dérives. Dopage, corruption, affaires judiciaires, il y a autant d’exemples que de sportifs. Leur multiplication doit peut-être tirer une sonnette d’alarme, impulser un changement mais surtout amener une réflexion sur le rôle que l’on souhaite donner à nos sportifs français. Comme Aya Cissoko le signifiait à l’occasion d’Euro et Citoyenneté « il faut absolument rompre avec l’adage de Pierre de Coubertin selon lequel « le sport n’est ni politique ni religion. Le sport et les sportifs, avec l’aura médiatique qu’ils ont, se doivent d’être aux faits des problématiques de société ».

 

Revoir l’émission http://www.dailymotion.com/video/x4i5m7l_euro-et-citoyennete-l-education-et-la-formation-par-le-sport-23-06-2016_sport





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