Les « Jeux sont faits » : Kiev 3 – Moscou 0

 

Dr Bénédicte HALBA

Présidente fondatrice de l’Institut de recherche et d’information sur le volontariat

Membre du comité scientifique de Sport et Citoyenneté

https://www.iriv.net/

 

 

Le président russe Vladimir Poutine va-t-il à nouveau s’afficher à la tribune officielle avec le président chinois Xi Jinping lors des Jeux paralympiques de Pékin qui débutent le 4 mars 2022 , alors qu’il a attaqué l’Ukraine le  24 février ? On a souvent comparé le sport à la guerre pour la stratégie et pour les performances des belligérants/adversaires. Prenons ce cadre d’analyse pour avancer un premier « score » pour les « équipes » en présence dans la guerre qui se joue en Europe depuis le 24 février 2022. Retenons trois critères sportifs : le respect des règles, la stratégie, et la beauté du jeu. Dans le sport, on joue dans sa catégorie. On ne verrait jamais un poids lourd se battre avec un poids plume. L’armée russe forte de 900 000 hommes avec des armes de pointe et un entraînement intensif a attaqué une armée ukrainienne de 200 000 hommes beaucoup moins armés et entraînés. Pour la note « respect des règles » : Moscou 0 – Kiev 1. En stratégie sportive, il est fortement conseillé de ne pas sous-estimer son adversaire. L’armée russe s’est crue invincible et tel un rouleau compresseur pensait avoir pris Kiev et destitué le président ukrainien en trois jours. Contre toute attente la population ukrainienne a opposé une résistance exceptionnelle – 800 000 réservistes ukrainiens s’apprêtent à se mobiliser vaillamment contre l’envahisseur russe. Pour la note « stratégie » : Moscou 0 – Kiev 1. Les images diffusées par les médias sont sans appel pour la Russie –  une pluie de missiles qui s’abattent sans relâche sur les principales villes ukrainiennes , des immeubles éventrés ou écroulés, des populations civiles  sur les routes ou cherchant à se protéger dans le métro ou les caves. La guerre est meurtrière – les victimes civiles sont déjà importantes (200 morts ukrainiennes le 27 février et plus d’un millier de blessés). La Russie est redoutable pour les cyberattaques mais ne peut pas empêcher la diffusion d’images désastreuses pour son « image ». Côté ukrainien, on observe une solidarité nationale et un courage qui force l’admiration. L’émotion et la mobilisation de la communauté internationale sont en faveur de l’Ukraine – pas d’intervention militaire de ses alliés mais du matériel militaire venu des Etats-Unis, de l’Union européenne (pour la première fois de son histoire) et de chacun des pays européens –  Allemagne, France, Pays Bas,  Portugal, Tchéquie…. Mais surtout l’arme économique est utilisée contre la Russie par les Etats-Unis avec le Canada avec des alliés de  l’Union européenne. Pour la « beauté du jeu » : Moscou 0 – Kiev 1. Plus implacable encore, le « score » des « capitaines d’équipe ». Le président russe Vladimir Poutine apparaît vieillissant, hargneux, et monomaniaque ; il agit sans émotion, sans sentiment, mettant en œuvre une logique implacable, comme un robot. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, humain, sensible, fait au contraire preuve d’un grand sang froid et d’un courage impressionnant alors qu’il n’était pas censé être un « chef de guerre ». Il a démontré dans cette épreuve terrible pour son pays et ses compatriotes qu’il était doté de cette qualité indispensable pour tout leader digne de ce nom : l’intelligence émotionnelle, que l’on appelle plus simplement l’intelligence du cœur. Quelle que soit les performances des sportifs russes aux Jeux paralympiques de Pékin, les « jeux sont faits » sur la scène internationale : l’Ukraine est en passe de remporter une victoire éclatante contre la Russie. Les Ukrainiens ont gagné la bataille des cœurs, les Russes ont perdu – vae victis.





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