Présidentielles, comment penser autrement l’éducation ? Par le sport…

26 avril 2012

Jappert_Julian

Julian Jappert

Directeur, Sport et Citoyenneté

Gautier_Pierre-Hervé

Pierre-Hervé Gautier

Président du CAPES – Comité d’Associations Philanthropiques pour l’Education par le Sport

Une élection présidentielle est l’occasion de traiter des sujets sur le devenir de notre société, notamment sur celui de notre jeunesse et de sa formation. Malheureusement la réalité reprend le dessus et les thèmes abordés par les candidats ne sont pas toujours en phase avec les attentes des citoyens.

Une élection présidentielle est l’occasion de traiter des sujets sur le devenir de notre société, notamment sur celui de notre jeunesse et de sa formation. Malheureusement la réalité reprend le dessus et les thèmes abordés par les candidats ne sont pas toujours en phase avec les attentes des citoyens.

Une élection présidentielle est l’occasion de traiter des sujets sur le devenir de notre société, notamment sur celui de notre jeunesse et de sa formation. Nicolas Sarkozy l’avait affirmé dès sa campagne en mars 2007, par un message vidéo adressé au CNOSF: « Le sport porte les valeurs dont nous avons besoin : le travail, le mérite, l’effort, l’esprit d’équipe ». Malheureusement la réalité reprend le dessus et les thèmes abordés par les candidats ne sont pas toujours en phase avec les attentes des citoyens. Le récent sondage Ipsos du 2 au 3 mars 2012, publié par Le Monde daté du 7 mars 2012, illustre cette insatisfaction, en particulier sur l’école et le système éducatif : 62 % des français pensent qu’on ne parle pas assez de ce thème. Il en est de même sur la place du sport dans la société et sur son rôle dans l’éducation des jeunes. Le rapport parlementaire (Robert Lecou – député de l’Hérault) sorti en février 2012, qui n’est autre qu’une « mission d’évaluation et de propositions sur le sport à l’école” met à plat les problématiques liées au sport scolaire, et tente d’y remédier.
« Ériger l’éducation physique et le sport scolaire, comme une priorité de l’éducation nationale au même titre que la maîtrise de la langue. Reconnaître les apports du sport scolaire dans le cadre du diplôme national du brevet et du baccalauréat » sont les deux premières préconisations du rapport.
Pourtant au niveau européen, le Parlement vient d’adopter, le 2 février 2012, une résolution sur la dimension européenne du sport. Dans son premier attendu nous pouvons lire que « le sport met en exergue des valeurs pédagogiques et culturelles fondamentales, et qui est vecteur d’intégration, dans la mesure où il s’adresse à tous citoyen, indépendamment de leur sexe, origine ethnique, religion, âge, nationalité, condition sociale ou orientation sexuelle». Voilà bien un sujet consensuel pour une société française qui cherche son « vivre ensemble ». Pourquoi la France ne sait pas intégrer la dimension pédagogique du sport dans le système scolaire ? Il nous semble paradoxal que le sport, qui est reconnu par tous comme contribuant au développement de la personnalité, soit si peu considéré pour contribuer à la construction de notre jeunesse et faciliter son intégration dans la société. N’est-il pas tout aussi primordial pour la réussite des jeunes aujourd’hui que d’avoir le goût de l’effort ou du dépassement de soi ; d’intégrer le respect des règles, la considération pour l’autre ; de posséder le sens de l’humilité, de la responsabilité et d’être plus expérimenté pour mieux se connaître, mieux se concentrer sur un objectif ? Telles sont les principales valeurs, souvent citées par les enseignants et formateurs de l’éducation par le sport. Alors que les entreprises utilisent de plus en plus de sportifs de haut niveau pour véhiculer une image positive de leurs marques, pourquoi en France minimisons-nous le rôle du sport dans la pédagogie générale ? Si nous ne pouvons pas remettre en cause l’importance de la transmission du savoir, des connaissances fondamentales pour réussir l’apprentissage de la vie active, nous ne pouvons accepter dans le monde d’aujourd’hui que seuls les acquis scolaires soient suffisants pour réussir une bonne intégration dans la société. Notre système éducatif ne remplit plus sa finalité principale, qui est l’intégration des jeunes dans le monde du travail.

Les trois objectifs de l’école définis par le Ministère de l’éducation nationale – transmettre connaissances et savoir-faire ; former l’homme et le citoyen ; préparer l’insertion sociale et professionnelle – ne sont pas atteints.

La formation par le sport ne remplit-elle pas une partie de ces missions ?
Nous ne sommes ni dupes, ni innocents, ni naïfs, le sport ne permettra pas à lui tout seul la sortie du climat d’échec et de méfiance dans lequel nous vivons ; néanmoins le sport peut contribuer à éclaircir l’horizon des jeunes. Il devient urgent d’ouvrir les yeux sur ce qui se fait dans d’autres pays, notamment aux Etats-Unis, et d’accepter d’intégrer une autre approche, une autre culture pour réussir ce défi. Alors que faire ? C’est en partie la raison d’être de la publication « 100 idées pour l’Education par le Sport », initiée par le CAPES*, regroupant plus de vingt associations spécialisées dans ce domaine.
Dix axes de progrès ont été identifiés pour 100 propositions, qui constituent des leviers pour faciliter la mise en oeuvre de ce que nous considérons comme un contrat sportif au service de la société.
– Renforcer la place du sport dans la société
– Intégrer davantage le sport à la scolarité
– Soutenir le rôle des associations impliquées dans le sport
– Communiquer sur les valeurs du sport
– Proposer des nouveaux modes de gestion pour les associations
– Valoriser le statut du bénévole et du sportif
– Favoriser la diversité sportive
– Encourager les échanges grâce au sport
– Redonner du sens à la pratique sportive
– Réorganiser les instances sportives

Penser autrement l’éducation des jeunes par le sport, c’est une opportunité à saisir, à condition d’avoir une volonté politique pour transformer notre modèle de société. Le rapport Lecou en fait d’ailleurs une de ses préconisations générales en souhaitant « Eriger l’éducation physique et sportive comme une priorité de l’éducation nationale au même titre que la maîtrise de la langue ».

 





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