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Acceptabilité sociale : le principal défi des GESI

La raréfaction des candidatures pour l’accueil des Jeux ces dernières années est une tendance qui mérite une attention soutenue : dès que la population est consultée par référendum, le « non » l’emporte.

 

Hugo BOURBILLERES

 

Maître de conférences, laboratoire VIPS2,

Université Rennes 2

 

Les contestations dénoncent une gabegie de deniers publics pour des projets qui n’auraient pas suffisamment d’utilité sociale. Pour contrer cela, le choix de candidater à un grand événement sportif international (GESI) se justifie de plus en plus par la promesse d’un héritage économique et social qui profitera à tous. Or, la littérature académique reste plutôt mitigée sur cet aspect.

Bien que sous certaines conditions favorables il semble possible d’obtenir un boost dans l’économie locale, les travaux sur l’impact économique des GESI illustrent surtout la manière presque endémique avec laquelle les coûts dépassent les retombées. D’un point de vue social, le GESI peut être source de fierté ou de bien-être, tout autant que de nuisances selon les contextes et les populations étudiées. Quant à l’impact environnemental, il est toujours possible de se rassurer en évoquant un engagement responsable mais le meilleur moyen de ne pas avoir d’empreinte carbone négative reste de ne rien organiser.

« Quelle participation pour les citoyens ? »

Il apparaît ainsi qu’un GESI n’a pas d’effet intrinsèque positif sur son territoire hôte. Il convient de s’en saisir comme d’une « opportunité événementielle » afin de développer sur le long terme et en lien avec les spécificités des territoires des projets qui auront du sens. La volonté politique des décideurs locaux est déterminante pour dessiner les contours d’une stratégie d’héritage dépassant les déclarations d’intention. Toutefois, même avec de la volonté la tâche reste ardue puisqu’en plaçant les Jeux sous l’angle d’un projet de société devant profiter à l’ensemble de la population, les organisateurs suscitent des attentes très élevées, alors même que le grand nombre d’inconnues liées à la candidature, puis à l’organisation, justifierait la prudence.

Pour ne pas décevoir, il conviendrait par exemple d’imaginer des dispositifs favorisant la participation des citoyens, tout en étant prêt à assumer le fait que ces derniers puissent conduire à l’abandon ou à la réorientation du projet – ce qui, dans le processus d’enchères n’est pas possible. Prenons en exemple la requête du CIO qui demande aux villes candidates d’indiquer s’il y a un « risque que la candidature soit poussée jusqu’au référendum par les opposants » et de « fournir des preuves du soutien du grand public ». Tant que l’acceptabilité sociale sera abordée comme une simple donnée (voir comme une menace) qui doit être mesurée et maitrisée, il sera difficile pour les villes-hôtes d’engager une démarche témoignant d’une réelle volonté d’inclure les citoyens. Malheureusement, ce constat n’est pas de nature à infléchir la tendance contestataire qui se construit sur l’idée que la population locale n’aurait, dans sa grande majorité, que peu à gagner dans les événements sportifs d’ampleur par rapport aux élites politiques et économiques.



Sport et citoyenneté