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Promotion d’un « active workplace » : une solution pour lutter contre la sédentarité des Européens

Par Sophie Lopez, chargée de projets affaires européennes, Think tank Sport et Citoyenneté

 

Malgré les nombreuses actions de sensibilisation et les effets positifs de l’activité physique sur la santé, les Européens demeurent encore trop physiquement inactifs et la sédentarité au travail est une des principales causes. Des entreprises pionnières se sont d’ores et déjà lancées. Leur certification, à travers notre projet européen partenaire « Work Active Certification » permet aujourd’hui de mettre en avant leur exemplarité. Pour permettre à un plus grand nombre de travailleurs européens de « bouger plus », un accompagnement des employeurs dans la promotion de l’activité physique sur le lieu de travail est nécessaire. Cela constitue l’ambition de notre nouveau projet partenaire européen « Move at Work ».

 

Photo de travail dans un bureau et d'une personne sur un vélo

 

Une baisse préoccupante des niveaux d’activité physique

 

45% : c’est le pourcentage d’Européens qui affirmaient en 2022 ne jamais faire d’exercice ou de sport selon le récent eurobaromètre sur le sport et l’activité physique[1]. En France, des études récentes ont souligné qu’environ 39% des personnes âgées de 18 à 79 ans avaient un niveau d’activité physique considéré comme « faible »[2]. Le manque de temps et le manque d’intérêt sont des causes fréquemment évoquées. D’une part, la pandémie de Covid-19, couplée à de nouvelles méthodes de travail favorisant la sédentarité, a engendré des influences négatives sur le niveau d’activité physique global de la population. D’autre part, les effets positifs de la pratique d’une activité physique sur le lieu de travail ne sont plus à prouver. En parallèle, un salarié européen à temps plein travaillait en moyenne 40,3 heures par semaine au cours d’une semaine de travail habituelle en 2018.

Dans ce contexte, l’Académie nationale de médecine française rappelait en avril dernier l’importance de prendre en considération le niveau d’activité physique et de sédentarité au travail comme déterminants de santé[3]. Avec le passage à l’ère numérique et la tertiarisation de l’économie, le temps de travail en position assise a été majoré, entraînant des conséquences médicales devenues un enjeu de première importance. De plus, pour certaines professions, les conditions de travail ont évolué avec la pandémie de Covid-19, avec notamment un recours plus systématique au télétravail. Ces nouvelles formes de travail ont contribué à une hausse de l’inactivité physique et des temps sédentaires durant la journée.

 

Développer l’activité physique et le sport pour améliorer la qualité de vie au travail

La pratique d’une activité physique sur le lieu de travail et pendant le temps de travail est devenue nécessaire et un moyen de lutter contre les effets néfastes de la sédentarité. En plus de participer à une amélioration de la santé des employés, elle contribue également à renforcer la cohésion d’équipe et à améliorer les relations interpersonnelles. Les performances économiques de l’entreprise peuvent par ricochet être positivement améliorées grâce à une augmentation du sentiment de bien-être au travail et de la productivité des employés.

Dans cette optique, les bénéfices de l’activité physique au travail ne sont plus à prouver. Comme nous le rappelions lors de notre colloque « Développer les activités physiques ou sportives en milieu professionnel » en octobre 2020, le développement de l’activité physique en milieu professionnel doit s’inscrire dans une réflexion plus globale sur l’amélioration des conditions de travail. La qualité de vie au travail ne se décrète pas. Il est nécessaire de penser une nouvelle approche au sein même des organisations pour permettre l’intégration de programme d’activités physiques ou sportives. Afin de réussir la mise en place de ces programmes, une impulsion des dirigeants est nécessaire. Néanmoins, la co-construction de ces programmes avec les salariés, les partenaires sociaux et les différents services de l’entreprise est, elle, primordiale[4].

 

Une certification européenne pour les pionniers en la matière

sécance de sport en interieurEn Europe, certains acteurs demeurent des pionniers dans la promotion et l’organisation d’activités physiques et sportives sur le lieu de travail. Reconnaître et mettre en avant les initiatives de ces pionniers a été l’objectif poursuivi par le projet européen Work Active Certification – WAC auquel Sport et Citoyenneté a contribué. WAC a construit, testé et mis en œuvre un processus de certification afin de valoriser et de récompenser les organisations professionnelles mettant en œuvre et promouvant le développement de l’activité physique pour leurs employés. Usant d’une d’approche innovante et intersectorielle durant ses deux années de mise en œuvre, WAC a associé 28 entreprises et 45 experts à travers l’Europe pour coconstruire cette certification unique, basée sur les meilleures pratiques existantes, les normes et les méthodes d’experts reconnues. 40 critères uniques pour obtenir la certification WAC ont été retenus.

Ladite certification se déroule en trois étapes. Dans un premier temps, les prétendants remplissent un questionnaire d’introduction. Sur la base de ces informations, les entreprises seront ensuite soumises à une phase d’audit réalisée par un panel d’experts WAC. L’équipe d’audit évalue chacun des 40 critères (réussi – partiellement réussi – non réussi) avant d’adresser son rapport final. Pour être certifiée, l’entreprise doit avoir au moins partiellement réussi tous les critères.

L’ambitieux projet WAC a permis de mettre en place une certification solide, accessible à toutes les organisations (publiques ou privées, petites ou grandes), avec un large réseau d’ambassadeurs dans toute l’Europe pour soutenir la promotion de l’activité physique sur le lieu de travail. 13 organisations se sont vu décerner la certification WAC lors de la cérémonie organisée à Bruxelles le 22 octobre dernier.

 

Un nouvel accompagnement innovant pour promouvoir l’activité physique au travail

À la suite de la mise en œuvre du projet WAC, plusieurs conclusions ont été émises. Alors que de nombreuses entreprises manifestent un intérêt à développer l’activité physique pendant les heures de travail, beaucoup affirment ne pas savoir comment s’y prendre concrètement.

À cet effet, le nouveau projet européen « Move at Work », auquel Sport et Citoyenneté s’associe en tant que partenaire, visera à sensibiliser, former et démocratiser la mise en œuvre du sport au travail. Des formations mises en ligne sous la forme d’un MOOC seront diffusées auprès des entreprises enclines à développer les activités physiques et sportives pour leurs employés. « Move at Work » aura aussi l’ambition de poursuivre le processus de certification débuté durant le projet WAC. Dans cette perceptive, des séminaires de formation seront proposés à de futurs auditeurs désireux de devenir eux-mêmes des évaluateurs capables d’attribuer la certification WAC aux candidats.

 

[1] Eurobaromètre sur le sport et l’activité physique, avril – mai 2022.
[2] Académie nationale de médecine. (Avril 2022). Rapport « Activités physiques et sportives au travail, une opportunité pour améliorer l’état de santé des employés ».
[3] Académie nationale de médecine, op-cit.
[4] Voir à ce sujet l’ouvrage « Sport, Activité physique et qualité de vie au travail », Think tank Sport et Citoyenneté, déc. 2016. Disponible sur www.sportetcitoyennete.com


Pour aller plus loin:

Notre tribune : Jeux de Paris 2024, pour un tremplin dans l’accélération de l’accessibilité pour les citoyens.

Notre page dédiée au projet WAC.



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