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Des jouets par milliers et… réutilisés !

Sylvain LANDA, Directeur éditorial, Think tank Sport et Citoyenneté

 

Le monde du sport n’échappe pas au boom de l’économie circulaire et du réemploi. De nouvelles initiatives se créent chaque jour, tant au niveau des grands distributeurs que des acteurs de l’économie sociale et solidaire. À quelques heures de Noël, cette tendance devrait se prolonger au pied du sapin.

 

l'économie circulaire des articles de sport s'organise de plus en plus

 

Ils s’appellent Décathlon Seconde vie, Barooders, SupporTerre ou encore L’Equipière. Ce sont des enseignes de la grande distribution, des plateformes ou des structures associatives ancrées dans leur territoire. « Ils », ce sont des acteurs ou des dispositifs mis en place pour encourager le développement d’une économie circulaire dans le champ des articles de sport. Et force et de constater que le jeu en vaut la chandelle. D’après une étude de Xerfi, les achats de biens sportifs ont généré en 2021 un chiffre d’affaires de 12,4 milliards d’euros, un chiffre en constante augmentation depuis 2010. Le marché des articles de sport et de loisirs serait ainsi le 3e marché de biens de consommation en France, illustrant ainsi le phénomène de massification de la pratique sportive observée en France ces dernières décennies.

« Pour une consommation alternative, locale et durable »

La seconde main est une tendance de société qui s’affermit chaque année et qui répond à plusieurs enjeux. « La recyclerie du sport que nous avons créée est un lieu de collecte, de valorisation d’articles de sport inutilisés ou invendus et de revente de matériel à prix solidaire. C’est aussi un lieu de sensibilisation des habitants du territoire aux sujets du développement durable. Elle permet ainsi de répondre de manière concrète à des enjeux-clés pour une consommation alternative, locale et durable », précise ainsi Aurélien Toncelli, Directeur et Fondateur de l’association Supporterre, qui œuvre au sein de la métropole nantaise pour un sport plus responsable depuis des années. Si l’enjeu environnemental est évident (réduire les déchets et favoriser le réemploi), les aspects sociaux et locaux ne sont pas à négliger. « Il s’agit de faciliter l’accès aux pratiques sportives et aux équipements nécessaires pour tous. Quand on sait que les articles de sport représentent environ 30% du budget pour la rentrée scolaire d’un élève de 6e en France, on s’aperçoit des économies que l’on peut effectuer. Les articles que nous proposons sont vendus à 40% du prix du neuf » éclaire ainsi Aurélien Toncelli.

Cette tendance à la seconde vie des articles de sport et de loisirs est désormais imposée par la loi. Depuis le 1er janvier 2022, la filière des articles de sports et de loisirs (ASL) est rentrée dans le périmètre des « REP », c’est-à-dire des filières à responsabilité élargie du producteur. Cela signifie que les producteurs de produits manufacturés sont responsables de la gestion des déchets finaux ou intermédiaires générés par les produits qu’ils ont fabriqués ou mis sur le marché. Il s’agit d’un principe « pollueur-payeur » destiné à organiser et financer la collecte, le tri et le traitement des déchets produits.

Il existe une vingtaine de filières REP en France et plusieurs d’entre elles s’appliquent déjà aux articles de sport, comme la filière « textile » ou la filière « chaussures ». La filière REP ASL concerne tous les autres articles de sport : des ballons de football, des raquettes de tennis, des planches à voile, des boules de pétanques, des paires de skis… Des produits très différents, ce qui n’est pas sans représenter autant de défis pour les structures engagées dans leur collecte et leur traitement.

Si le marché de la seconde main et du réemploi s’organise dans le champ du sport, il doit nécessairement s’articuler avec une démarche de sensibilisation et de formation des acteurs et des pratiquants de sport. Les événements sportifs, associatifs, scolaires, ou en lien avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire constituent autant d’espaces pour éduquer les pratiquants aux bons gestes et les sensibiliser aux enjeux du développement durable. Pour les structures sportives, qu’elles soient amateures ou professionnelles, il s’agit d’aller plus loin et d’intégrer les enjeux du développement durable dans leurs activités quotidiennes. Un accompagnement personnalisé et local semble ainsi essentiel pour lever les freins et rendre les acteurs locaux autonomes et proactifs sur ces enjeux. En Belgique, Be Sport Circular a développé une « ToolBox », un outil de diagnostic et d’accompagnement visant à intégrer l’économie circulaire au sein des infrastructures et des clubs sportifs bruxellois. Cette structure d’accompagnement propose aux responsables de centres sportifs privés, associatifs ou publics d’innover dans la durabilité de leur projet, de dégager une vision, d’élaborer un plan d’action ainsi qu’une mise en relation de ressources. L’accompagnement se déroule à travers des rendez-vous individuels, mais aussi des workshops collectifs rassemblant toutes les parties prenantes du projet. Parmi les thématiques abordées : la gestion des infrastructures, leur rénovation et expansion, la gestion de l’énergie et de l’eau, l’alimentation saine, la mobilité des sportifs, les équipements et la réduction de déchets. Une démarche similaire est proposée par SupporTerre aux acteurs nantais. « Nous proposons des accompagnements personnalisés auprès des clubs sportifs professionnels et des collectivités territoriales de la région Pays de la Loire. Des modules de formation « Sport et Développement Durable » sont dispensés, par exemple dans les établissements d’enseignement supérieur, auprès des étudiants ou auprès de collectivités et de comités sportifs » souligne ainsi Aurélien Toncelli. Des actions concrètes pour mettre en œuvre le triptyque « réduire-réutiliser-recycler » dans le champ du sport et des loirs. À Noël comme tout au long de l’année.


Pour aller plus loin:

Revue Sport et Citoyenneté 53 Sport et Objectifs de développement durable
Dérèglement climatique: comment partiquer du sport dans un monde à +4°C ? Par Sylvain LANDA, Directeur éditorial, Think tank Sport et Citoyenneté



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